Gardez moi de mes "amis", mes ennemis, je m'en charge.
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Les socialistes n'ont pas fini de payer la vacherie qu'Aubry fit à Hollande, en lui mettant EELV et Duflot dans les pattes avec un accord improbable globalement respecté malgré une mémorable gamelle électorale.
Une fois de plus, Duflot vient de donner des Verts une caricature de bobos allumés, faisant en outre preuve d'un singulier manquement à la solidarité gouvernementale: car la question de la dépénalisation du cannabis a été évoquée dans les termes les plus nets par le Président élu - pour la réfuter -, et elle a en principe signé un contrat l'engageant dans une majorité commune.
L'UMP n'avait rien à dire. Ses premières banderilles sur fond à la fois de myysoginie et de racisme contre l'autre maillon faible, Taubira, n'avaient que peu porté. Et la ministre du Logement a réussi à la réanimer, semant des germes de division sur une question à la fois sensible et finalement très accessoire: autant l'UMP se couvrit de ridicule en expliquant que le halal était ce qui proccupait le plus les Français (sans nul doute, davantage que le chômage et la perte de pouvoir d'achat), autant soulever ce "débat" dans le contexte de crise du moment est tout aussi absurde. Duflot, quand le Titanic commencerait à s'incliner, s'inquiéterait parce que sa coupe de champagne est vide (le ministère du logement n'est-il pas, en 2012 et compte tenu de la situation, un travail à temps plein?)
Gouvernement Ayrault, s'il ne se détourne pas de l'iceberg Duflot
Oui, il y a une culture de gouvernement et si on ne peut pas le supporter, on ne gouverne pas. Il est vrai que les propres "camarades" de Duflot ont dit qu'elle vendrait père et mère pour être ministre...
En une déclaration, la ministre du Logement, secrétaire nationale d'EELV**, se prononçant pour la dépénalisation de la consommation du cannabis, a réussi l'exploit d'armer l'UMP, de manquer à la solidarité gouvernementale, de placer le premier ministre et son ministre de l'intérieur en porte-à-faux, et de diviser la gauche : bref, de créer des problèmes inutiles à Hollande... à moins d'une semaine d'élections législatives qui, si elles étaient perdues, feraient de cette irresponsable une potiche inutile.
** (qu'Ayrault ait toléré ce cumul en dit long sur sa naïveté: c'est ce qui permet à sa "collègue" de se raccrocher aux branches en expliquant qu'elle ne parlait pas comme ministre... comme si on était ministre à temps partiel!)
Le problème, c'est l'appartenance au gouvernement de la principale responsable d'une formation politique qui accumule tous les handicaps possibles. EELV n'est pas pas un parti de gouvernement, mais un parti d'oppositions permanentes (BRP). Lorsqu'ils sont membres de majorités locales, les élus de ce parti n'ont qu'une vocation: prendre à contre-pied leurs partenaires. Delanoë en a suffisamment souffert et quand les Verts décidèrent de se présenter seuls en 2008, qu'ils se prirent une gamelle mémorable à Paris, il s'en réjouit. On ne s'étonne guère de la virulence de Collomb (à Lyon) contre le candidat vert à la députation, Meirieu: ce dernier, après s'être positionné contre tous les projets municipaux et de l'agglomération, revendique une circonscription imperdable sur place et geint de se voir opposer un dissident. Gageons qu'avec Duflot, ce comportement deviendra chronique, mais cette fois, sur le plan national.
Il n'aurait pourtant pas été difficile d'imposer une règle simple (en notant que si l'UMP se l'était appliquée sous le mandat de Sarkozy, elle s'en serait mieux portée elle aussi): tant qu'un arbitrage n'a pas été rendu, les ministres ne peuvent s'exprimer que sur les sujets relevant de leur compétence ou, à défaut, avec l'accord de Matignon... cela afin d'éviter les divergences, la cacophonie et la perte de crédibilité qui en résulte. On a vu en 2007 que nombre de duels législatifs sont conclus par des scores voisins de 51% pour le vainqueur: de ce fait, une perte infime de suffrages fait basculer 40 ou 50 sièges. Si c'est ce qui manque à Hollande pour avoir une majorité, il saura à qui s'en tenir.
Une telle règle aurait sans nul doute été plus cohérente que cette annonce prématurée indiquant que tout ministre battu aux législatives se verrait écarté: véritable prime à la lâcheté, qui pousse à ne se présenter que là où c'est bétonné - ce que fait Duflot entre autres sinon je gage qu'elle aurait tenu sa langue - ou... à ne pas se présenter (option retenue par Taubira).
Avec ce cafouillage, ne risquent leur peau que des courageux partis à la baston dans des circonscriptions (bien) tenues par la droite. Rien n'empêchait Ayrault de procéder à un remaniement post-élections, en cas de défaite par trop cinglante de telle ou telle personnalité: il était inutile de désigner les cibles faciles à l'UMP.
A propos de la dépénalisation de la consommation du cannabis... Sujet "sociétal" auquel je m'intéresse de façon marginale sauf si on le traitait de manière globale, en déclarant une vraie guerre à l'économie souterraine.
Mais pour cela, il faudrait un courage dont Hollande manquera autant que ses prédécesseurs.
On commet un abus de langage (voire, comme les aboyeurs de l'UMP, un mensonge) en déclarant que dépénaliser la consommation, c'est la légaliser automatiquement.
Parce que dans la pratique c'est de nos jours qu'elle est de facto légale, puisque tout petit fumeur pris avec une ou deux doses sur lui se voit presque systématiquement élargi: pour le moment c'est un délit, traité en correctionnelle (audience programmée ou comparution immédiate). Or les tribunaux sont suffisamment encombrés pour que 99 fois sur 100, quand il n'y a pas de délit annexe (rébellion, outrage, etc.) le procureur classe sans suite.
Faire de cette infraction (je parle bien de consommation, pas de trafic) une contravention traitée de façon simplifiée par des tribunaux de police permettrait finalement de mieux la réprimer... surtout si l'amende est conséquente, qu'elle s'accompagne de mesures complémentaires comme la suspension ou l'annulation du permis de conduire, de confiscations diverses en cas de non paiement immédiat, de TIG en cas d'insolvabilité, etc. La police pourrait boucler le dossier d'infraction en une heure chrono, et le temps ainsi dégagé permettrait de lutter contre les vrais trafics.
Le point de vue de Georges Moréas.
benjamin borghésio.
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