26 octobre 1916 - 8 janvier 1996
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Parce que la personnalité de François Mitterrand, son charisme, ses parts d'ombre et de lumière, ses ambiguïtés, son parcours, ses immenses qualités intellectuelles, ses convictions même si elles ont évolué (qui ne peut en dire autant?), même si je les désapprouvais (sa foi en la construction européenne coûte que coûte, la décentralisation, etc.) m'ont toujours fasciné... mais la fascination n'est en aucune manière la vénération, je consacrerai une succession de notes à ce personnage d'exception. Le trentième anniversaire de la victoire du 10 mai 1981 est une opportunité pour entreprendre ce à quoi je pensais depuis longtemps
Pas d'apologie, pas de "sado-masochisme". La jeunesse de François Mitterrand, son provincialisme, son milieu social et son éducation le prédestinaient à rejoindre les rangs de la droite la plus dure, la plus obtuse, la plus conservatrice. Il a évolué dans l'autre direction, commettant des erreurs ponctuelles, mais sans jamais renoncer. C'était d'autant plus méritoire qu'il était autrement visionnaire que Mendès-France qui ne donnait que quelques mois au pouvoir gaulliste en 1957-1958, et que malgré sa certitude que le Général était là pour longtemps, il n'est pas allé à la soupe comme tant de ses collègues de la IVe République. Et il a fini par gagner, puis gouverner. Bilan contestable évidemment, sujet à critiques, mais qui aura marqué une époque, sur les plans social et sociétal, comme la marche du monde à laquelle il a participé.
Et si la droite l'a poursuivi et le poursuit toujours de sa vindicte - elle est capable de haïr jusqu'à l'obsession, elle qui se croit seule légitime propriétaire du pouvoir (une partie de la gauche se croyant propriétaire de la morale), c'est qu'elle ne lui pardonne pas ce qui constituait une trahison à ses yeux: un homme issu de la bourgeoisie provinciale et catholique ne saurait que la servir (de Gaulle en a pâti aussi, congédié comme un laquais par les Orléanistes: pas assez dans le moule). Dès lors, tous les coups étaient permis. Mais l'adversaire était coriace, et son cuir tanné.
Fédérateur hors pair, il a su faire renouer la Gauche avec la victoire au moment où elle commençait à intégrer l'idée que l'accès au pouvoir lui serait à jamais interdit. Mais il a su (hélas, dirais-je pour ma part) convertir l'essentiel de la Gauche à la construction européenne ce qui n'aurait pas été un malheur en soi si cette construction telle qu'elle se préparait n'impliquait des concessions excessives qui ont rangé - sauf accident de l'histoire toujours possible et souhaité - le socialisme au rang des utopies
Mais je ne crois pas à la fin de l'histoire: la démocratie fut aussi une utopie il y a peu de temps, à l'échelle historique; elle se répand néanmoins dans le monde, même s'il y a des périodes de rémission. Il reste à savoir si un fédérateur de cette trempe sera disponible.
Ces notes seront regroupées dans une catégorie à part: 20 - François Mitterrand.
Je pense à une programmation mensuelle (peu ou prou) pour les notes ayant trait au sujet.
Aucune chronologie, aucun plan thématique: je construirai par "petites touches" avant de regrouper (si la paresse ne m'en empêche pas) l'ensemble dans un site dédié au sujet.
Les critiques argumentées (au sens vrai de critique), même incisives, sont bienvenues.
Merci de m'épargner les invectives dénuées de toute argumentation - de même que les "hors-sujets" vindicatifs - que François Mitterrand secrète toujours chez certains individus animés par la seule haine, dans les rangs de quelques factions de la vraie droite qui n'a jamais pardonné que l'on contestât sa légitimité, comme de la pseudo gauche.
On pourra se lamenter, en pure perte, que la censure existe sur ce blog. Il n'y a pas de censure sur la Toile dès lors que de nos jours chacun est libre de publier ce qu'il veut pour peu qu'il demeure "dans les clous de la loi" (et encore...) Charbonnier est maître chez soi, et j'entends conserver une certaine tenue à cette rubrique. Suffisamment d'auteurs ont vomi ou vomissent sur François Mitterrand, suffisamment de contempteurs se défoulent encore sur l'Internet, 15 ans après son décès, pour qu'on aille baver ailleurs.
Argumenter, même de manière robuste, c'est autre chose. Et pour cela, vous êtes les bienvenus.
Tout document, toute photographie, tout éclairage un peu original m'obligeraient beaucoup. Le lien "écrivez moi" en haut de la colonne de gauche permet de me contacter. Cordialement.
Benjamin
** au sens philosophique du terme, pas au sens politicien. Des Mollet, des Rocard, des Hollande, des Royal, des Strauss Kahn, la caste politique nous en secrétera à toutes époques
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