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SUPPRESSION DES NICHES FISCALES - Les impôts vont augmenter de 10 milliards
Publié le 20/08/2010 à 19:43 - Le Point.fr (cliquez pour suivre le lien)
Il y a deux manières d'augmenter les impôts: jouer sur les taux (le pourcentage de calcul) ou jouer sur l'assiette (le montant des revenus sur lesquels vont s'appliquer les taux).
Sarkozy, coincé autant par ses promesses inconsidérées que par son idéologie néo-libérale avait juré de ne jamais augmenter les impôts ("Si y'en a qu'ça les démange d'augmenter les impôts, qu'ils comptent pas sur moi, j'ai pas été élu pour ça" [sic - on notera la classe dans l'expression, tout à fait digne de la fonction présidentielle])
Décidément, jouer sur les taux, c'est tellement visible qu'on y renonce (pour le moment: ma main à couper que ça va venir sous une forme ou sous une autre)
Donc, le gouvernement va jouer sur l'assiette, en supprimant ou en rabotant des niches fiscales. ce faisant, il a beau jouer les Tartufe...
il augmente bel et bien les impôts au contraire de ce qu'il a promis.
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Il est bon de noter que l'auteur de ce blog est un ami de l'impôt, dès lors qu'il est justement réparti et que les sommes ainsi collectées sont employées à bon escient, et au profit de ceux qui en ont véritablement besoin. En outre, il considère que nombre de niches fiscales ou sociales sont à la fois injustes et de surcroît inefficaces (quand par exemple elles ne constituent que des "effets d'aubaine" au lieu d'être véritablement incitatives pour soutenir tel ou tel pan de la vie économique et sociale. A priori il devrait donc être satisfait.
Seulement il y a un hic. Les niches qu'on va supprimer ou raboter sont très loin de toucher les plus favorisés, bien au contraire. Quid, à titre d'exemple, de toutes celles qui ont liées soi-disant aux investissements productifs ou pour le logement dans les DOM quand on connaît la réalité sur le terrain? Pas plus de logements à des prix décents, pas davantage d'emplois pérennes! Seule fut favorisée une bourgeoisie compradore déjà fort aisée et en situation de monopole, ainsi que pas mal d'aigrefins qui en ont profité - et bien profité (sans compter les nouveaux riches qui ont basé fictivement leurs yachts dans un mouillage antillais)
Quid de la suppression déjà actée du cumul entre la demi part pour le calcul de l'IRPP et l'allocation logement, quand une famille a un étudiant contraint de vivre hors du toit familial? Les exemples abondent, de ces foyers fiscaux non assujettis à l'IRPP et qui, à cause de cela, vont bientôt payer 500 à 700 euros de plus à ce titre! On voit là le scandaleux privilège qu'il fallait abattre de toute urgence... Ça ne représentera qu'une onction sur leur pouvoir d'achat global de 5% environ... une paille!
Mais le plus beau de l'histoire, c'est le maintien envers et contre toute logique du bouclier fiscal cher à Sarkozy, encore et toujours davantage pour des raisons idéolo- giques que pour satisfaire quelques milliardaires amis (quoique...).
Parce que ces derniers qui parviennent à toucher un chèque de "remboursement" parfois considérable du Trésor Public, bien conseillés et connaissant parfaitement les rouages du système, ont un taux d'imposition plus proche de celui d'un cadre moyen ou supérieur que des soi-disant 50% visés par le bouclier, barrière à ne pas dépasser pour ne pas démotiver ceux qui entreprennent si on en croit la geste libérale (et qui sont en réalité neuf fois sur dix des héritiers, des rentiers qui n'ont rien produit, rien entrepris, se contentant de vivre du privilège de leur naissance)
Parce que le maintien de ce bouclier associé à l'élargissement de l'assiette des impôts n'aura aucune conséquence sur le sort des contribuables les plus à même de participer à l'effort collectif actuellement demandé.
Ces dix milliards seront payés exclusivement par les classes moyennes, voire par les classes relativement défavorisées (les rabots sur l'aide à l'accès à la propriété ou sur les travaux d'isolation des logements les concernent directement)
On notera avec intérêt qu'ils ne sont pas "qu'à gauche" (cette gauche qui est si peu à gauche, d'ailleurs), les partisans de l'abolition du bouclier fiscal - même si c'est avec des modalités différentes.
Carrez et Méhaignerie (députés UMP spécialistes des finances et des affaires sociales) défendent par exemple son abolition couplée à la
suppression de l'impôt sur l'ISF, ce qui rapporterait des milliards à mettre en relation avec ce que rapporte l'ISF (des centaines de millions). ces deux mesures couplées résoudraient le problème de ces gens à faible revenu mais, par le hasard des successions, à gros patrimoine pas toujours "rentable" et qui de ce fait constitue une charge (le fameux petit paysan retraité de l'île de Ré, aussi rare qu'une émeraude dans une décharge publique mais qui existe néanmoins: s'il n'avait pas existé, les ennemis de l'impôt l'auraient inventé)
Pour ma part, je suis en faveur de cette double mesure - à condition qu'elle soit associée à une augmentation substantielle des taxes de succession dès lors que le montant de cette succession dépasse nettement celui qu'on rencontre dans les familles de Français "normaux": que des parents lèguent une demeure familiale "raisonnable" à leurs enfants ainsi que le contenu d'un livret de caisse d'épargne, sans que ces derniers soient spoliés, ne paraît pas être scandaleux.
Et je ne vois pas comment ceux qui ont soutenu un candidat qui a clamé à tous les vents qu'il voulait "réhabiliter le travail" peuvent s'opposer à cette mesure de bon sens. Faut-il ponctionner celui qui bosse, qui crée de la valeur au profit (en partie) de la collectivité, qui donne du travail à d'autres, ou encourager quelqu'un qui ne s'est donné la peine que de naître?
Benjamin.
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