Première partie de la note (Cliquez pour suivre le lien)
Sarkozy et Copé. Des relations complexes dominées par l'hostilité.
Et il semble plus fiable. Il lui restera non pas à perdre la très haute opinion qu'il a de lui même (en partie à juste titre), mais à la dissimuler pour effacer cette image d'arrogance et de mépris qui lui colle encore à la peau (il a déjà su se débarrasser de son côté pathologiquement techno)
A chacun ensuite, de se faire une idée sur le personnage, son idéologie, ses méthodes, ce qu'il porte comme projet.
Copé fait partie de ceux, à l'UMP, qui estiment que la droite se doit d'être totalement décomplexée. On cherchera en vain un contenu social dans ses propositions, dans ses interventions. Son éviction brutale du gouvernement lors de la prise de pouvoir de Sarkozy et alors qu'il avait fait une campagne loyale et sans état d'âme l'a marqué (en plus, cela a brisé son couple, son ex épouse ne supportant pas l'idée d'une nouvelle plongée dans le néant).
Il fallait quand même que Sarkozy case Copé quelque part: il a cru s'en débarrasser en le plaçant à la tête du groupe des députés UMP. Grosse erreur! L'homme a ainsi trouvé une tribune, un moyen d'expression bien supérieur à un poste ministériel depuis que Sarkozy a détruit la fonction gouvernementale en s'arrogeant l'essentiel du pouvoir. Inventeur de la formule "coproduction législative", Copé est devenu le poil à gratter de l'exécutif. Il a d'ailleurs fait le serment que "jamais au grand jamais, au cours de ce quinquennat, il n'accepterait une fonction ministérielle". Gageons que si Sarkozy lui propose Matignon, il se fera une douce violence, mais on imagine sans peine qu'il serait beaucoup moins commode que Fillon, surtout face à un Sarkozy affaibli.
Copé et les cumuls, Copé et l'argent.
C'est dans ce domaine que les auteurs ont fait le plus d'investigations, et on ne peut s'empêcher de montrer quelque ahurissement devant les pratiques de JFC - toutes légales on le signale; il n'empêche... Quand il recevait au ministère plusieurs dizaines de convives du Banquet Républicain (auquel il appartient) pour des agapes somptueuses et réputées, portant un toast ironique "à la santé du contribuable!", il choquait même les moins prévenus contre lui.
Lorsque Chirac interdit à ses ministres de conserver leur poste de maire, il fit comme d'autres en se faisant désigner premier adjoint avec l'essentiel des délégations, le maire étant plus ou moins cantonné dans un rôle de représentation; Copé s'est aussi fait voter une indemnité identique à celle du maire en titre... (Ange Anziani, maire de substitution, a eu vite assez de cette position humiliante pour lui et s'est insurgé. Copé a aussitôt obtenu une dérogation de Villepin pour reprendre son poste de maire, après avoir fait déchoir Anziani par un conseil municipal à sa botte).
Le financement d'une voiture avec chauffeur, attachés au service exclusif du maire d'une ville de 50.000 habitants (dans laquelle il n'habite pas) fait aussi jaser - les plus fervents partisans de Copé gardant sur cette question un silence gêné.
Autres éléments... surprenants, on va dire. Quand Copé fut ministre, de 2002 à 2007, son suppléant à l'Assemblée, bonne pâte, fut mis sous tutelle financière, privé de ses frais de mandat et contraint d'accepter les collaborateurs désignés par Copé et rétribués sur le budget de l'Assemblée (dont Mme Copé, la mieux payée). C'est sur sa bourse qu'il devait avancer de quoi offrir une babiole aux gamins de la circonscription venus visiter l'Assemblée nationale, étant remboursé a posteriori par Copé!
Le mélange des genres.
On touche aussi à des questions de déontologie essentielles lorsque Copé a entrepris, en plus de ses fonctions de maire, de député, de conseiller régional, de président de communauté urbaine, de chef du groupe UMP à l'Assemblée, de collaborateur - bénévole - à slate.fr, de fondateur de generationfrance.fr, de membre du banquet républicain, etc. ... d'exercer des fonctions d'avocat.
Certes, il n'est pas le seul dans cette situation: Montebourg et Mamère - entre autres - plaident de temps à autre. Seulement Copé ne plaide pas. Il occupe des fonctions de conseil au sein d'un très gros cabinet d'avocats d'affaires, qui a des ramifications dans le monde entier, qui gère des affaires de fusion-acquisition complexes, qui conseille de grandes firmes sur les moyens légaux de contourner les législation - à commencer par les lois françaises.
Maintes fois interrogé sur ce fâcheux mélange des genres (de mauvaises langues pourraient insinuer que c'est surtout son carnet d'adresse, de même que sa grande influence sur le travail législatif qui intéressent Gide, Loyrette et Nouel, d'autant plus que sa formation d'énarque spécialisé dans les finances publiques ne l'a pas prédisposé à traiter des questions de droit), Copé ne voit pas où se situe le problème. Postulat intangible qui a suffi jusqu'à maintenant. Mais jusqu'à quand?
Enfin, cet épisode révélateur survenu après la parution de la biographie dont il est question.
Une petite phrase de Copé, à propos du déferlement médiatique consécutif à l'affaire Woerth - Bettencourt: "Il règne une ambiance malsaine de nuit du 4 août". Référence singulière, la nuit du 4 août 1789 ayant été l'élément fondateur de la Révolution française dans sa phase pacifique et généreuse, puisque l'Assemblée nationale vota alors l'abolition des privilèges - nobles, membres du clergé et du tiers-état devenant égaux en droits et en devoirs.
Rien à voir avec les sombres journées de la Terreur, ni même avec l'assaut des Tuileries. Erreur due au manque de culture historique, à une distraction passagère? Il serait permis de le supposer. Mais Copé a réitéré ces propos dans les mêmes termes, et on ne peut douter que son entourage dans lequel un certain nombre de gens sont experts en communication n'a pas manqué de lui signaler ce qui pouvait être une simple "gaffe". Nous pouvons donc en déduire sans outrecuidance que le maintien, voire le rétablissement de privilèges accordés selon la naissance ou la caste ne le gêneraient en rien. A méditer, s'il se présente aux suffrages du pays.
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