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J'ai rédigé ce billet en forme de commentaire, que le Chat a cru bon d'éditer le 13 juin 2008. A la veille ou peu s'en faut d'une rentrée qui sera faite par de jeunes enseignants totalement dépourvus de formation et cela par la volonté de Sarkozy qui a exécuté les IUFM en prenant prétexte de leur inefficacité - mais pour les remplacer par une année de fac supplémentaire dont on se demande ce qu'elle pourra bien apporter, je pense qu'on peut le relire avec profit.
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Allez faire un tour sur le blog de Meirieu , ce sinistre cuistre qui fut le valet appointé de ceux qui justement, en détruisant les écoles normales, ont fait péter le lien entre classes populaires et recrutement d’enseignants.
De celui qui estima que pour les élèves des classes populaires, les modes d’emploi d’appareils d’usage courant suffisaient bien pour développer le goût de lire (de cela il s’est excusé d’une pirouette en reconnaissant s’être trompé, mais en se donnant lui même “imprimatur” pour continuer de débiter ses sornettes).
De celui qui, lors de l’arrivée de Luc Ferry au ministère de l’éducation, a publié une tribune dans le Monde qui est un hymne à la veulerie, à la platitude, suppliant qu’on lui laissât la direction de son IUFM où il a pu continuer de sévir tout en crachant d’ailleurs sur la main indulgente qui l’avait épargnée… pas folle, la main, ce sbire cassait un peu plus l’école publique - alors pourquoi en faire un martyr?
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Bravissimo à Chambolle pour le portrait de nos “hussards noirs” dont les semaines de travail étaient vertigineuses entre la classe (et pas avec 25 élèves - mais certes ils étaient moins remuants), la cantine, l’étude, les préparations tatillonnes (les inspecteurs, c’était autre chose à l’époque que maintenant), les centres aérés du jeudi (on appelait souvent ça “patronage laïque” parce que pour lutter contre les curés on ne se contentait pas de gueuler des anathèmes et de bouffer une choucroute le vendredi saint: on se lançait dans une “saine concurrence” dont au final les enfants étaient seuls gagnants)
La journée de travail de “ l’instit’ ”, c’était aussi la préparation méticuleuse des tableaux AVANT que les élèves n’entrassent; c’était le temps infini passé à manipuler la duplicatrice à alcool, après avoir fait les stencils à la main: la photocopieuse, c’est tout récent. Rien que cette tâche répétitive et fastidieuse représentait facilement huit à dix heures de travail hebdomadaires qui ont disparu (et c’est tant mieux pour les nouveaux qui ont comme chaque salarié le droit à des loisirs)
L’instit’, la “psychologie cognitive”, il ne connaissait pas.
Mais le robuste gros bon sens, le flair qui lui permettait de détecter le môme “à problèmes” à cause d’un père soûlard, d’une mère absente, il avait. Et très souvent, avec le mot juste, la phrase adéquate prononcée au bon moment, il en faisait autant que bien des spkykologues.
Et quand il fallait relever un peu le niveau de gosses un peu “limite” pour le certif’, il ne comptait pas son temps, et il n’y avait pas d’heures supp’ pour le rétribuer (combien de fils de maçons illettrés ont pu devenir facteurs, préposés administratifs, gardiens de la paix, “maîtres d’école” voire intégrer l’élite de la République grâce à ces “gueules de vache” ringardes en blouse grise?)
Détail sur la blouse: l’instituteur d’il y a quarante ans sans costume et cravate, ou l’institutrice sans robe de bonne facture, ça ne se concevait pas. (Geismar, drôlement, l’a dit à propos de 1968: ses collègues voulaient bien qu’il “fasse la révolution”, comme délégué syndical, qu’il lance des pavés aux côtés des étudiants… mais PAS SANS CRAVATE!)
Et comme le traitement de l’instituteur ne lui permettait pas d’avoir une garde robe extensible à l’infini, comme la craie, “y’a pas plus salissant” (et je ne parle pas des encriers à remplir de même que les terribles farces que les loupiots faisaient à partir de cette encre et des boulettes envoyées par diverses sarbacanes), la blouse était une protection indispensable (tout comme les chaussures avec une pointure au dessus l’hiver, pour y glisser l’épaisseur d’un journal découpé, parce que la surveillance de l’interminable récréation de l’inter-classe pendant la cantine congelait les membres inférieurs: les gosses cavalaient pour se réchauffer; eux ne le pouvaient pas).
Autre détail: ce respect manifesté pour les élèves et leur famille par une tenue irréprochable n’était à mon avis pas pour rien dans le respect réciproque que la plupart inspiraient (moins évidemment quelques guignols, quelques psycho- pathes et quelques inaptes).
Et les jeunots, conditionnés par quelques crétins et qui croient que c’est en faisant “d’jeun’” qu’on se fait apprécier des jeunes se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude: la simple modification de leur apparence vestimentaire, à mon humble avis, changerait notablement la toute première impression faite sur les élèves - et on sait fort bien que celle-ci compte pour beaucoup.
Nous ne les oublierons pas, ces vieux maîtres, surtout quand nous avons dans notre ascendance des gens qui se sont dévoués sans compter pour pas grand chose, des années durant, au profit des fils et des filles de la République.
Je commentais la note de Chambolle “Tout fiérots qu’ils étaient “
benjamin
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