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Note publiée chez le Chat le 30 mars 2010, sous forme de commentaire.
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Eh oui, ce que je veux, c'est un front de gauche préoccupé essentiellement par les questions sociales et économiques (une autre économie) avant de se ratafougner sur les questions sociétales dans le style des délires béhachéliens ou dans celui des khmers verts
qui veulent nous imposer les sacrifices liés à leur “décroissance”…
sacrifice dont je prends le pari que leurs cadres trouveront des tas de
raisons “normales” pour s’en affranchir.
Le hic, c’est que le FG dragouille déjà vaguement Europe-écologie, ce repère de bobos déconnectés des réalités (grosse satisfaction de voir que ça commence déjà à coincer chez eux, les Verts qui ne sont qu’une composante d’Europe-écologie freinant déjà des quatre fers à la pérennisation de la structure: parce que sous leurs grands airs de donneurs de leçons de morale, plus magouilleurs, plus accrochés à leur petit pouvoir de nuisance et à leurs picrocholines querelle de sous-chapelles, y’a pas mieux que la bande à Mamère, Voynet, Cochet, Lipietz et surtout à cette “étoile montante”, Jean-Vincent Placé que Cohn-Bendit a traité de "Richelieu" et qui mérite nettement mieux la comparaison avec le Mazarin de la pire époque du mazarinisme)
Je veux un front de gauche pas “plus insurrectionnel que moi tu meurs” mais
vraiment à gauche.
Raisonnablement productiviste (une autre forme de
production),
intelligemment redistributeur,
volontariste en économie… ce qui présuppose de revenir sur tous les renoncements veules et successifs commis par les “socialistes” et par la droite,
bref un front de gauche qui fera le jeu de ceux qui créent vraiment la richesse dans ce pays, à savoir les salariés et les travailleurs indépendants au lieu de privilégier les rentiers et pire, les spéculateurs.
Certes, peut-être que ce Front de Gauche ne parviendra jamais, à lui seul, à obtenir la possibilité de gouverner (encore que… quand on connaît un peu l’histoire, le nombre de choses considérées comme impossibles et qui sont survenues quelques années, voire quelques mois après et encore, là où on ne les attendait pas du tout!)…
Mais s’il est comme un caillou dans la godasse des “socialistes”,
il les obligera par sa seule présence à infléchir leur comportement.
Et peut être même (là je suis singulièrement optimiste, mais on peut rêver) que sans faire de ces “socialistes” des gens de gauche (n’allons pas trop loin dans l’utopie) on pourra passer un CONTRAT de gouvernance qui permettrait d’obtenir des avancées. “Un pas à la fois, camarade” comme dirait l’éminent Makhno citant l’illustre ancêtre.
Ça
ne sera jamais un mariage d’amour, pas plus qu’on s’aime d’amour dans
la droite dure, qui sait simplement mieux cacher les haines viscérales
qui opposent factions et individus de son camp, mais je me satisferais d'un mariage de raison qui, parfois, sont ceux qui "tiennent" le mieux.
Et après tout, bien rares sont les pays démocratiques qui ne sont pas gouvernés par des coalitions apparemment hétéroclites: il vaut mieux un contrat de programme, même à durée déterminée, chacun restant sur son quant à soit sur le fond, qu’un perpétuel débat idéologique pour tenter d’amener l’autre à penser comme soi et qui n'aboutit à rien.
Mais pour ça, pour peser, il faut que le Front de Gauche se renforce et surtout affirme sans aucune ambiguïté sa vocation sociale. Et pour se renforcer: clarté dans un discours ferme sans être provocateur (comme celui des sectaires trotskystes), savoir renoncer à quelques strapontins plutôt que de recueillir uniquement mépris et condescendance de la part de l’allié puissant qui s’abstiendra de dire “merci”.
Au moment des dernières élections locales, les “socialistes” auraient perdu une ou deux
régions pour cause de refus d’alignement sur la base de la soumission de
la part du Front de gauche,
que la face de la France n’en aurait pas
été changée;
que ça leur aurait servi de leçon de recevoir ce genre de
fessée;
qu’en plus, laisser l’UMP en situation de démontrer qu’avec les transferts de compétence non compensés par les dotations correspondantes de la part de l’état, elle ne ferait pas mieux et même plus mal que les autres: bref, cela aurait été pédagogique.
Quand je lis ça
: … et que je constate que l’actuel Front de gauche a soutenu ce gonze
[ndlr : Huchon] (qui a tout à fait le droit de penser ce qu’il pense…
mais pas en se disant “de gauche”),… je me dis qu’il y a du boulot!
A propos du voile de la candidate NPA (à noter que je n’ai rien à faire et de ce voile, et de ce parti…) qui a soulevé tant de controverses,
Je note que ceux, à droite, qui sautent comme
des cabris en criant “laïcité!” laïcité!” laïcité!” et se “scandalisent”
de ce tchador (ça me choque aussi, mais
moi je suis vraiment un laïque pur et dur) n’ont pas réagi :
quand leur Chef a expliqué, dans le pays de la séparation de l’église et de l’état, que “le curé serait toujours supérieur à l’instituteur pour transmettre des valeurs morales” ;
qu’ils ne réagissent pas davantage
contre la présence à l’UMP d’une grenouille de bénitier qui s’assume
comme telle, présidant le “forum des républicains sociaux”, lequel appelle à
se recentrer sur des “valeurs chrétiennes” ;
que dans ce domaine, le
Vicomte de Villiers, annexé par l’UMP, c’est pas mal non plus;
et enfin, que je ne doute pas que si un quelconque chanoine Kir ressurgissait, avec la popularité suffisante pour leur donner quelque avantage, la présence d’un vêtement sacerdotal dans les lieux de pouvoir ne les offenserait nullement.
Alors certaines critiques, oui. Mais pas quand elles sont formulées par certains. La laïcité est un tout qui ne se divise pas, même s’il peut s’interpréter de manières diverses.
La descente - pas forcément inéluctable - du NPA s’explique par plusieurs facteurs (désolé, je ne pouvais pas la rater, celle-là )
Quand on marie des carpes et des lapins, en général, ça ne produit pas des carpillons ni des lapereaux, et encore moins des redoutables révolutionnaires.
Au début, il y avait la LCR, appareil petit, certes, mais très structuré autour d’une “pensée trotskyste” fouillée, argumentée, travaillée depuis des décennies par de redoutables dialecticiens animés par le “purisme”.
Ceux qui en sortent, en général, sont comme les gosses qui se
sont enfermés un après-midi durant dans le placard des confitures: il ne faut
plus leur parler de sucré, et ils émargent ensuite par réaction dans le patronat de
choc ou dans la droite dure (j'ai les noms...)
Ceux qui y demeurent à jamais prémunis contre le diabète gardent le nid…à défaut d’en faire un nid d’autruche. Ça va, ça vient, mais la maison se maintient à un étiage modeste.
Le “petit facteur ” qui m’a l’air d’être un mec sacrément autoritaire et auquel il ne vaut pas mieux confier de pouvoir réel (m’est avis que l’industrie du barbelé connaîtrait de beaux jours devant elle) a imposé “l’élargissement aux masses”.
Tout a été dragué, depuis le front de libération des trans, des gays, des lesbiennes, des “jeunes de banlieue” version révoltée, des autres version ayatollahs, des “travailleurs en lutte”, des sans papiers, des sans logis, etc. pour constituer ce que serait “promis, juré”, une “mouvance démocratique fondée sur l’anti-capitalisme radical”
Premiers départs: des vieux de la vieille qui estiment qu’on ne fait pas la révolution avec des types pas capables de citer Léon dans le texte (traduit, à la rigueur) et in extenso; couillon, parce que c’étaient les plus motivés.
Seconds départs, parmi les entrants à qui on a promis la démocratie directe et qui ont vite compris ce qu’était la FAUSSE DÉMOCRATIE.
L’assemblée générale est souveraine, évidemment, mais cornaquée par des militants rompus aux questions de procédure, de pinaillage, de rhétorique, etc. En matière de boxe, faire combattre un poids lourd contre un poids coq, c’est déloyal; mais en politique, opposer un dialecticien avec 20 ans d’expérience à un lascar qui a sa révolte (sincère) mais 800 mots pour l’exprimer, c’est “le jeu”. Sauf que le lascar, de ce jeu là, il sort vite écœuré.
En plus, quand malgré ces artifices, des décisions d’AG “souveraines” sont cassées par la direction “qui sait”, alors là ça ne va plus du tout. D’où les lascars en question, fatigués de ne pas être considérés et qui sont partis aussi.
La démocratie directe, c’est le pouvoir dictatorial du fort en gueule et de celui qui a le temps de causer, sur les autres. Mais quand en plus et malgré cela, les forts en gueule ne l’appliquent pas lorsque (fort rarement) ils sont mis en minorité, alors c’est le répulsif idéal.Désolé pour les puristes, mais il n’est de vraie démocratie que représentative,
et encore quand elle ne se résume pas à la dictature de la majorité sur
la minorité.
Il est des bases essentielles sur lesquelles le consensus
DOIT être trouvé (exemple concret pour me faire comprendre: si 60% de la
population décide “à la majorité” une mesure inique qui ne frappera que
les 40% restants… est-ce bien démocratique?
Remarquez, que ça se fait souvent! Par exemple, les retraités de nos jours sont massivement prêts à imposer aux salariés de maintenant de bosser dix ans de plus qu’eux pour toucher des clopinettes ensuite, et cela pour protéger leurs propres pensions; Sarkozy sait fort bien jouer sur ce genre de clivage)
Ajoutez, pour en revenir au NPA , des soutiens irréfléchis à des luttes perdues d’avance mais présentées comme des certitudes de victoire (comme celle des facteurs des Hauts de seine: 50 jours de grève pour obtenir quasiment des clopinettes… donc six mois à tirer la langue à cause des retenues de salaire et des vacances d’été annulées faute d’artiche - et cela pour rien… ça vaccine surtout quand le leader présente ça comme “une victoire”)
D’autres soutiens à des prolos révoltés quand on annonce la fin des emplois pérennes dans des régions déjà sinistrées, mais qui entendent avant tout défendre leur emploi ou une indemnité conséquente à la place… Ces salariés n'entendent pas nous la rejouer façon Léon contre Joseph: une fois quart de satisfaction obtenue, ils renvoient les "camarades" venus d’ailleurs, pour qu'ils aillent prêcher le Grand Soir ailleurs.
Bref en guise de synthèse, tout cela et bien d'autres choses expliquent que les mayonnaises ne prennent pas toujours, et que des additions font parfois des soustractions.
Si la Révolution doit survenir, elle surviendra par génération spontanée - même si des éléments représentatifs la canaliseront. Dans l'attente, réformons énergiquement, sortons de cette hallucination collective que représente le capitalisme spéculatif et pour cela, prônons le réformisme social, le vrai. Pour cela, il faut bien entendu couper les ponts avec les technostructures du capitalisme financier: FMI, OMC, UE, etc. au profit d'un internationalisme au service de l'Homme, à partir des Nations qui le représentent.
[je réagissais sur la note : “Le NPA ‘balayé’ ” de Makhno .]
Jean-Luc Melenchon, parti de gauche, 24032010
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