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Rendez nous les tutelles préfectorales !
Parce que si une commune, en Guyane, ne devrait pas connaître de tels problèmes c'est bien Kourou. Si le "port spatial" en lui-même est exempté d'un certain nombre de taxes, il a pris en charge un grand nombre d'infrastructures, et continue de le faire.
En outre cette ville est une de celles qui abrite le plus grand nombre de PME, et elle dispose d'un cadastre bien organisé qui permet un recouvrement satisfaisant des impôts locaux… contrairement à la plupart des communes guyanaises.
Comme d'habitude quand des communes sont en difficulté, la faute en revient aux dépenses de fonctionnement trop élevées. 65% de charges salariales (cela dit le maire a raison de souligner que sans les 40% de majoration statutaire, la part du budget dévolue aux salaires ne serait "que" de 45% et qu'elle s'explique en outre par une volonté de remunicipaliser un certain nombre de services). Il n'empêche : l'absence totale de mesures "d'annualisation" fait que du personnel est souvent payé à ne rien faire dans certains services une bonne partie de l'année pour se retrouver débordé à d'autres moments.
La chambre régionale des comptes a déjà rendu un rapport "saignant" assorti non pas de prescriptions (elle n'en a pas le pouvoir), mais de recommandations pertinentes que la municipalité a fait semblant d'observer. Seulement aux contrôles suivants, l'insincérité des comptes apparaît de nouveau, avec la pratique bien connue des "factures qui dorment dans un tiroir" pour être acquittées sur l'exercice financier suivant. Bien évidemment, cela ne règle pas le problème, la ville devant s'acquitter en plus de charges de trésorerie indues, et elle met des fournisseurs en difficulté. Elles sont légion, les entreprises qui ont mis la clé sous la porte en Guyane parce qu'un donneur d'ordre public ne les a pas payées dans les délais prescrits !
Il faudrait quand même savoir à quoi sert une chambre régionale des comptes quand elle constate des budgets non exécutés comme ils le devraient, plusieurs années de suite, sans que la municipalité ne soit contrainte de "rentrer dans les clous". J'ai déjà évoqué le cas de Saint-Laurent du Maroni (le maire et ancien secrétaire d'état, Léon Bertrand, est mis en examen pour corruption et a fait de la détention préventive ; il est toujours présumé innocent pour ces griefs puisque pas encore jugé, mais les "cinq années de comptes insincères" ne sont pas contestés). Une entreprise d'une certaine importance doit faire certifier ses comptes chaque année. Quand en sera-t-il de même des collectivités locales, dont un grand nombre sont dirigées par des mégalomanes de tous bords, qui les mènent au bord de l'abime ? Quand cessera-t-on de tolérer que des manquements avérés relevés par les chambres régionales puissent se poursuivre en toute impunité des années de suite ?
La gestion communale, c'est une affaire d'administration comptable d'une part, et de politique d'autre part. Si un maire ne dispose pas des moyens minimaux nécessaires à l'accomplissement de sa tâche, qu'il le dise haut et fort à ses administrés, qu'il les prenne à partie, qu'il les responsabilise, qu'il les pousse à la "révolte" !
Mais que ces pratiques de "cavalerie" financières cessent, qui aboutissent à ce que le budget national vient combler des gouffres (comme cela fut fait à Angoulême : en quelque sorte, les gestionnaires responsables ont payé indirectement pour les autres) ou à une augmentation démentielle des impôts locaux quand il n'y a plus rien à faire d'autre… impôts locaux le plus souvent calculés sur une base inique, puisque déconnectés des revenus des contribuables.
On ajoutera que le cumul des mandats pose partout problème, mais certainement davantage encore dans les DOM / TOM qu'ailleurs.
Comment Monsieur Jean Etienne Antoinette peut-il gérer efficacement sa commune tout en jouant son rôle de Sénateur, à 7.000 km de distance et quatre heures de décalage horaire?
Benjamin.
A noter que les "brèves" ont été mises à jour
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