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(cette note sera réactualisée)
On sait qu'il y a TOUJOURS divergence entre les chiffres d'origine syndicale et les chiffres d'origine gouvernementale (quel que soit la tendance gouvernementale). Mais là, trop c'est trop!
Annoncer 80.000 manifestants, soit autant qu'en juin, alors que la place de la République était, au départ, noire de monde, qu'on y frôlait le malaise du à l'étouffement, que les derniers marcheurs se sont ébranlés deux heures après les premiers et que la Préfecture de police elle même, en catastrophe, a décidé de scinder le cortège en deux sillons** (la CGT rejoignant la place de la Nation par le boulevard Voltaire, les autres syndicats partant - comme en juin - par la Bastille puis Nation par l'avenue Daumesnil, chacun de ces cortèges étant plus important que le précédent de juin), de qui se moque-t-on?
** ça, c'est une innovation! A ma connaissance cette procédure n'a jamais été utilisée et c'est dire le flux qu'il fallait écouler.
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Adopter une posture offensive du style: "nous ne cèderons pas devant les manifestations", c'est une chose (cela dit, on verra: ils sont légion, ceux qui ne cèderaient jamais et qui ont capitulé plus tard)
C'est de la même eau que "nous ne négocions jamais avec des preneurs d'otages (bien sûr qu'on négocie, et heureusement pour les otages!) ou "on ne discute pas avec des terroristes" (les terroristes Begin et Saadate... ont fini par fait la paix et tout en les canardant, on "dialogue" avec des talibans "modérés"!)
Mais mentir de façon aussi éhontée, c'est se déshonorer, c'est se couvrir de ridicule et c'est surtout renforcer la détermination de gens qui n'aiment avant tout pas qu'on les prenne pour des c...
Ce pouvoir ne se rend même plus compte à quel point il se couvre de ridicule et suscite l'animosité, en niant l'évidence.
Autre déclaration, qui est tout à fait vraie au niveau des principes, mais qui doit s'apprécier à l'aune des évènements. Dominique Paillé annonce que "la politique ne se décide pas dans la rue"... et c'est tout à fait exact sur le plan formel. Il n'empêche que le droit de manifester dans le respect des lois est constitutionnel, qu'il constitue d'une part un exutoire indispensable et d'autre part un indicateur précieux pour le pouvoir, quel qu'il soit.
François Mitterrand avait été élu sur un programme clair qui préconisait la mise en place d'un grand service public unifié de l'éducation nationale (en bref, la fin des subventions aux écoles dites privées). Un mauvais timing, une pédagogie calamiteuse, un manque d'enthousiasme du Président sur cette question, et la droite a pu se requinquer.
Des centaines de milliers de gens dans la rue, et le Président a décidé (malheureusement selon moi mais d'autres peuvent être d'un avis différent) que l'union du pays passait avant cette mesure, que la paix civile prévalait et il l'a repoussée. Je ne sache point qu'à l'époque, le RPR et l'UDF clamaient que ce n'est pas la rue qui commande!
Idem, doit-on se souvenir des rodomontades de Villepin avec son CPE - d'ailleurs accueilli au début avec un relatif fatalisme qui a fait place à la fureur au moment où la pédagogie a porté ses effets - Villepin qui, les manifestations allant crescendo, a perdu peu à peu de sa superbe avant de capituler lamentablement le lendemain du jour où sa majorité avait voté le projet?
On se rappellera qu'à cette occasion, le dur-à-cuire implacable Sarkozy poussait prudemment au retrait, répondant à un Villepin enflammé qui clamait qu'il fallait avoir des couilles que, dans ce pays, c'était les têtes que l'on coupait, plutôt que les génitoires...
Qui se souvient des multiples concessions qui ont totalement dénaturé le projet scélérat qui abolissait de facto le droit de grève dans les transports publics? Là encore, sans les manifestations, qu'en aurait-il été?
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J'ai cru un instant que c'était une blague... NON, il a osé! Et qui dira que les services d'ordre syndicaux ne sont pas responsables, qui lui ont évité le goudron et les plumes, voire davantage?
Benjamin
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