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Ah ces anciens donneurs de leçons de morale, ces procureurs au petit pied en "degré de socialisme", qu'ils tournent mal, pour la plupart, en vieillissant!
Voyez Michel Rocard, 80 piges aux prunes, longtemps parlementaire européen (grâce au Parti Socialiste), mais un des moins assidus, désigné "ambassadeur auprès des pôles" (par Sarkozy) comment qu'il se décarcasse pour placer des poteaux à lui!
Ambassadeur pour les pôles n’est manifestement pas une occupation à temps plein (et pourtant, lors de la passation de pouvoir de 1991, il n'a parlé que de ça à Edith Cresson). Michel Rocard a été désigné par Nicolas Sarkozy en vue de sauver la banquise, les Inuits et les pingouins, mais il dispose apparemment de pas mal de temps libre pour penser à placer des copains, et faire avancer des projets. Et pas tous là où il fait froid!
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Son titre "d'ambassadeur" lui permet d’écrire à en-tête du Quai d’Orsay, et ça aide surtout que Kouchner est un pote (qui se ressemble, s'assemble).
Le président du Mali, Amadou Toumani Touré, était récemment en visite à Strasbourg, à l’invitation du Parlement européen et de la mairie.
Il est question de coopération internationale, de livrer à Bamako une réplique du tramway de Strasbourg.
Quel rapport avec les pôles Nord ou Sud ? Un rocardien du cru, Roland Boehler, s’active sur le dossier malien. Et Rocard s’active pour lui.
En mars, Rocard envoie à Bernard Kouchner un courrier, sous couvert de son ambassade.
«Mon cher Bernard, la matière polaire ne peut avancer que doucement […]. Aussi bien je t’écris moins pour te donner des petites nouvelles que pour évoquer trois autres problèmes.»
Le principal :
«Je t’avais parlé de la demande du Mali d’obtenir l’agrément pour la nomination de M. Roland Boehler comme consul honoraire du Mali pour Strasbourg et l’Est de la France. Je n’ai pas eu de nouvelles. Ce n’est pas bon de laisser traîner.»
Depuis, le cabinet de Kouchner ne sait comment se dépêtrer de cette demande. Consul honoraire est apparemment une simple fonction honorifique, mais le Quai ne peut se permettre d’adouber n’importe qui. Imaginons que la personne ait trempé dans un truc pas net, et c'est le renom de la France qui en prend un coup. En plus, être Consul honoraire, sur une carte de visite ça se remarque et cela "booste" pour vos petites affaires personnelles. Bref, une enquête de moralité s'impose, soigneuse, qui peut prendre du temps. Et dans le doute on s'abstient.
Parce que le dit Boelher a quelques casseroles qui tintent dans son sillage. Il a fait la page trois du Canard enchaîné en décembre pour un rapport sur la revitalisation du marché de Noël, facturé 30 000 euros à la mairie de Strasbourg : quatre pages de banalités sur les «valeurs traditionnelles des territoires alsaciens», recommandant d’installer un second «sapin majestueux» place de la gare… Mme Tibéri à côté, c'est le sommet de la compétence!
Devant tant d’indigence, la mairie refuse de régler la facture. Première intervention - en vain - de Rocard, écrivant au maire Roland Ries** en faveur de son ami Boehler. Qui se définit sur son CV comme «conseiller de personnalités politiques, consultant en stratégie politique de députés, maires ou sénateurs». Un activiste qui se proclame «très attaché à l’esprit de famille, aux valeurs de l’amitié et à la solidarité». Si avec ça on ne le fait pas Commandeur de la Légion d'honneur...
** Un bon point en sa faveur...
Du Tramway, on passe au train. Décidément l'ami Rocard est ce qu'on appelle un esprit universel! Dans sa lettre à Kouchner, il évoque un projet de chemin de fer entre le Burkina Faso, le Bénin et le Tchad .
«C’est une énorme affaire, lourde mais peu complexe, que je connais bien.» (mais y-a-t-il un sujet que Rocard ne connaît pas "bien?")
Il faut dire que Bolloré (qui ne fait pas que prêter son iachte à Sarkozy) avait nommé Rocard à la tête d’un aiguillon "associatif" intitulé Afrique Initiatives (sans être méchant on dira qu'entre les ports, les trains, les gisements de lithium, etc. les activités de Boilloré en Afrique sont globalement tout, sauf associatives). Et l’ambassadeur Rocard de conclure devant Kouchner - qui doit lui aussi beaucoup à Bolloré, le monde est petit... enfin, ce monde) :
«Ces quelques lignes n’ont pas pour objet de traiter le problème ici mais, s’il te plaît, de me consulter et de me mettre dans le coup si tu es saisi.» Rocard est certainement désintéressé, mais son «esprit de famille» parait sans limite, à lire cet appendice : «Voila pour le moment.»
D'ici que le train soit prolongé jusqu'en Terre Adélie...
(source partielle: Libération)
Benjamin.
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