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Ce qui fit la richesse inouïe de la région: le seringa, appelé "hévéa" dans d'autres parties du monde. Les "seringueiros" collectaient la gomme en allant d'arbre en arbre, prenant garde de ne pas trop les saigner afin de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or.
L'échafaudage sommaire permet de ne pas aller chercher la sève trop près des racines.
Le caoutchouc, cela valait de l'or jusqu'à ce que les Anglais se livrent à un immonde pillage que j'aurai l'opportunité de relater en détail. Ici, un seringa se dresse vers la lumière...
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Les saignées, qui permettent de récolter la sève élastique. Une fois la ponction effectuée, la cicatrisation naturelle s'opèrera - sauf si on a exagéré la taille, et l'arbre reprendra des forces. Le seringueiro repassera quelques semaines plus tard et ravivera les "cicatrices"
Roberto nous montre la dite sève, blanche et liquide.
Recueillie sur la lame de la machete, elle est chauffée pour accélérer la concentration. Les seringueiros parvenaient à faire des boules pesant plus de 50kg de goma, qu'ils portaient jusqu'aux points d'achats situés souvent en bords de fleuves.
Un élastique parfait, que l'on peut étirer jusqu'à cinq fois sa longueur naturelle!
Il ne faut surtout pas idéaliser la vie de ces seringueiros dont la dernière figure emblématique est Chico Mendes, assassiné par un fazendeiro dont il gênait les intérêts. Il faut marcher des heures et des heures dans la selva, sans se perdre, et hors des sentiers; il faut récolter sa goma avec mesure sous peine de tuer l'arbre et de devoir aller en chercher un autre, plus éloigner. Il faut ensuite rapporter le fruit de la récolte là où elle se négocie.
De nos jours ils sont très peu nombreux, ne ramassant que de quoi réaliser quelques figurines artisanales, mais au temps de la folie du caoutchouc qui a fait Manaus et Belém, ils furent des centaines de milliers à arpenter la jungle.
Pour un qui fit fortune, cent trouvaient une mort affreuse dans les sous-bois. Et en général les fortunes étaient réalisées en amont, par les négociants plus que par les récoltants.
Benjamin.
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