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(ainsi que les campagnes locales pour les postes de gouverneurs, sénateurs, députés, députés "estaduais" non encore pourvus).
La surprise du premier tour, ce fut l'énorme score de Marina Silva, la candidate du PV (Partido Verde) qu'il ne faut surtout pas assimiler à nos Verts à nous. Marina Silva, selon moi est pire encore et je n'aurais pas cru ça possible.
Tout d'abord, opportunité est donnée de signaler une fois de plus le manque de recul et la superficialité avec lequel bien des médias français traitent des questions internationales.
Parce qu'imaginer que Presque 20% des Brésiliens placent au dessus de tout la problématique écologique, c'est se faire de douces illusions (qu'on le regrette ou non, telle n'est pas la question).
Pour une fois, Wikipédia ne se trompe pas trop (et ne nous trompe pas trop) en parlant d'elle - même si c'est comme d'habitude sous le régime du "consensus mou".
Marina (on appelle les politiques parleur prénom ou leurs surnoms au Brésil) a démarré "très bas" (comme Lula qui a ciré des chaussures dans la rue avant de devenir métallo, puis syndicaliste) et a grimpé à la force du poignet, au sein du PT de Lula qui l'a nommée ministre de l'environnement, poste où elle n'a guère fait d'étincelles.
Non pas, comme on le dit souvent, parce que Lula ne se préoccupait pas des questions environnementales (même si au Brésil il faut en toute priorité bien nourrir les gens, leur donner du boulot, les soigner et les éduquer), mais parce qu'elle ne dépassait jamais le mode "incantatoire".
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Le Brésil est bientôt en rupture énergétique? Elle ne discutait pas de savoir où on devait mettre tel ou tel nouveau barrage ou telle nouvelle centrale, elle disait: "pas de barrage, pas de centrale". Et tout à l'avenant.
Elle a fini par quitter le PT pour rejoindre le PV, officiellement pour protester contre l'invasion (il est vrai préoccupante) des surfaces plantées en soja transgénique, emmenant avec elle sa rancoeur et son désir de faire payer cher au PT ce qu'elle considère comme la non reconnaissance de ses mérites, même si elle joue à merveille les kalimero.
Il y a en plus une antipathie particulière entre elle et Dilma, la candidate du PT soutenue par Lula, cette dernière pouvant également - et même plus - se targuer d'un passé de "battante" et étant considérée (infâmie suprême) comme "productiviste".
Eh oui, avec un PIB/hab encore pas flamboyant, un IDH très bas, il faut dégager des ressources pour donner du travail et financer les programmes de santé et d'éducation; y arriver avec la "décroissance", ça me fait bien rigoler (même si on peut toujours discuter du modèle de croissance). On va demander aux habitants des favelas qui vivent avec 400 euros par famille de consommer moins?
Et si Lula n'a pas réussi à limiter les plantations de soja qu'on lui reproche en occident (mais c'est facile, de l'aider à les limiter: il nous suffit de manger moins de viande et il y aura moins de soja à exporter, ce soja nourrissant nos holstein, usines à lait puis à steaks hachés sur-gras), la déforestation est devenue de moins en moins significative, malgré des années successives de sécheresse quasi historiques qui devraient la faciliter (rien que le programme "Raython" de surveillance de l'immensité amazonienne a coûté des milliards de dollars.
N'oublions pas que Marina est aussi une Pentecôtiste de l'Igreja universal de Deus, énorme puissance morale et financière ici, et qui l'a soutenue vigoureusement même si ce ne fut pas officiel.
Que la 7e ou 8e puissance mondiale ait accordé une telle importance à quelqu'un qui prend au pied de la lettre la Bible quand elle indique que le monde a été fait en six jours et Dieu se reposant le septième, ça en dit long sur le travail éducatif qu'il reste à accomplir (on imagine la teneur des débats qu'elle devait avoir avec les scientifiques internationaux quand elle était ministre)
Cela, plus ses conceptions... rétrogrades on va dire, pour demeurer poli, à propos de l'avortement et de la contraception (Benoit XVI, à côté, c'est un débauché de la pire espèce) doit faire comprendre à qui on a affaire.
Je suis prêt à prendre le pari qu'elle fera tout, absolument tout pour nuire à Dilma, même s'il ne semble pas qu'elle puisse l'empêcher de gagner.
Outre les voix "vertes", les voix pentecotistes, il y a eu aussi des gens qui ne voulaient pas d'un plébiscite, qui ont cherché une alternative contre un résulat acquis dès le premier tour.
Dilma n'a pas besoin de s'abaisser pour gagner (Serra, lui, promettra tout et son contraire à Marina dans le domaine de l'écologie, alors que son parti est soutenu par les gros fazendeiros producteurs de canne et de soja: à titre d'exemple, dans un autre domaine (le social) il veut augmenter la "bolsa familial" dont il n'a cessé de combattre le principe...)
Pour demeurer objectif, ce Serra n'a pas que des mauvais côtés: c'est lui qui, ministre de la santé de Cardoso, est parvenu à faire plier les grands laboratoires pharmaceutiques du monde entier.
Chaque sidéen, au Brésil, reçoit désormais une trithérapie gratuite (la menace était simple: "vous vendez à prix coûtant ou peu s'en faut, ou nous violons les brevets et nous fabriquons nous même et dans ce cas, vous perdrez tout parce qu'en plus nous exporterons". Il faut savoir parler fermement aux "entrepreneurs", de temps à autre!)
Benjamin
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