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MAM stupide ou ultra-dévouée à "plus élevé qu'elle dans la hiérarchie"?
Après avoir suscité la polémique en proposant, le 11 janvier, le savoir-faire français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires", Michèle Alliot-Marie tente d'amender ses propos.
Dans une interview au Journal du Dimanche, la ministre des affaires étrangères explique qu'"il y avait en Tunisie des tirs à balles réelles, des morts". "Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l'avenir, j'ai dit que nous étions prêts à aider à former les forces de l'ordre tunisiennes, comme nous le faisons pour d'autres pays, au maintien de l'ordre en veillant à la préservation des vies".
"NOUS SOMMES TENUS À UNE CERTAINE RÉSERVE"
De nombreuses voix se sont élevées en France ou en Tunisie pour protester contre la position de la France, lui reprochant d'avoir tardé a apporter son soutien au mouvement de protestation qui a conduit à la fuite du président Ben Ali. "Je ne pense pas que la France ait réagi lentement, répond la ministre, Nous avons dit ce que nous avions à dire, sans ingérence".
"Nous prenons acte de la situation nouvelle", ajoute-t-elle, "et nous disons très fermement que l'aspiration des Tunisiens à plus de démocratie et à plus de liberté ne pourra être satisfaite que si des élections libres sont organisées dans les meilleurs délais".
"S'agissant d'un ancien protectorat, nous sommes encore plus tenus à une certaine réserve. Nous ne voulons pas mettre de l'huile sur le feu, mais au contraire aider dans toute la mesure du possible un peuple ami, mais sans interférer", ajoute la ministre. (le Monde.fr)
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On notera toutefois l'analyse suivante: la France a défendu jusqu'au bout le régime tunisien. (le monde.fr)
Si effectivement, on peut s'étonner des attaques répétées portées par quelques membres de ceux qui savent contre la dictature de Ben Ali au moment même où ils épargnaient (et épargnent toujours) les régimes tout aussi répugnants d'Algérie et du Maroc, on est sidéré par cette obstination dans la persistance des erreurs... de langage on va dire, et on s'étonnera encore davantage de l'attitude de ceux qui, envers et contre tout, ont soutenu jusqu'au bout un dictateur contre un peuple et lui ont même proposé une aide logistique avant, 48 heures plus tard, d'abdiquer toute dignité en le traînant dans la boue.
Ainsi la France "aide au rétablissement de la situation en exportant son savoir-faire en matière de maintien de l'ordre". Sidérant. On va donc contribuer à soutenir des dictatures "gentiment, sans tirer à balles réelles parce que nous, nous sommes des gens civilisés avec une grande compétence en la matière"
Ici ou là commence à fleurir l'idée que la Ministre aurait été induite en erreur par la plume divaguante de tel ou tel conseiller - comme si, sur un sujet d'une telle importance, un ministre occupant un poste aussi prestigieux que le Quai d'Orsay ne prend pas connaissance de ses notes avant de répondre et, dans l'hypothèse d'un texte aussi ahurissant, il n'avait pas les compétences requises pour improviser.
On n'est pas là dans le cadre d'une question orale concernant la prolifération anarchique des ragondins qui mettent en péril la stabilité de nos digues dans certaines régions... (sic). Ils ont toujours bon dos, les conseillers, quand les politiciens n'ont aucun courage politique.
Est-ce qu'on peut imaginer un instant l'image de la France dans le monde en général et dans le Maghreb en particulier, si le savoir faire de notre pays en matière de maintien de l'ordre avait permis de sauver, même temporairement, la clique de ben Ali et surtout de sa belle famille, qui compose un des pires groupes mafieux qui aient jamais proliféré? Sur le plan technique même, la formulation est aberrante: on ne "forme" pas en quelques jours une police habituée à tirer pour tuer, pour la transformer en gendarmes mobiles mesurés dans la riposte et ne tuant quasiment plus personne: aurait-on alors envoyé nos escadrons se substituer aux nervis locaux ou du moins tenté de les encadrer?
Il est aussi piquant de voir le changement de pied de la France, trop brutal pour être honnête quand il s'opère en si peu de temps.
Il n'y a pas si longtemps, Chirac dressait un véritable panygérique de la Tunisie, déclarant que les premières libertés étaient de pouvoir travailler, manger, être soignés, éduqués et que sur ce point la Tunisie avait mieux que réussi (sous-entendant clairement que la démocratie formelle, cela passait après ces objectifs - ce que d'ailleurs je ne suis pas éloigné de penser tout en mettant un bémol: très rares sont les régimes privés de cette démocratie formelle qui arrivent à maintenir les premiers objectifs cités, et la Tunisie justement n'y est pas parvenue: c'est l'absence de liberté de dénonciation des abus et de la corruption qui a entraîné la crise sociale qui a tout fait péter)
Sarkozy a continué dans la même veine, sans désemparer. Bref pendant 23 ans, le régime a rencontré l'appui indéfectible de la France.
Et là, changement de pied qui flanquerait un claquage même à Justine Hénin: Alliot-Marie balance:
"Nous prenons acte de la situation nouvelle", ajoute-t-elle, "et nous disons très fermement que l'aspiration des Tunisiens à plus de démocratie et à plus de liberté ne pourra être satisfaite que si des élections libres sont organisées dans les meilleurs délais".
Bref les élections libres doivent désormais être organisées dans les meilleurs délais..., selon la France qui voulait aider un potentat à se maintenir envers et contre tout, alors qu'elle n'a guère vu d'inconvénient à ce que le peuple en fût privé sous Ben Ali - voire, il faut cesser de célébrer les Vaches Sacrées, sous Bourguiba autoproclamé Président à vie jusqu'au "coup d'état médical".
Bien entendu on peut imaginer que la France a formellement raison même si elle est disqualifiée pour l'exprimer. Encore qu'une période transitoire
qui permettrait d'éliminer socialement les caciques qui ont plus que profité des largesse octroyées par le potentat précédent contre un soutien aussi inconditionnel qu'illégal,
de confisquer des fortunes mal acquises,
de juger des crimes économiques voire des crimes tout court,
de proclamer après des enquêtes justes et équitables des peines d'indignité nationale à temps ou à vie,
d'épurer la justice et la police de ses éléments criminels et corrompus ...
semble nécessaire avant, justement, la tenue des élections vraiment libres que chacun souhaite.
Je ne peux croire qu'Alliot-Marie qui, quoi qu'on pense d'elle (et je n'en pense pas beaucoup de bien) n'a jamais donné l'impression d'être sotte, ait balancé ces âneries de son plein gré.
Elle couvre, par discipline, les c... de l'Autre, plus haut, qui s'est une fois de plus laissé emporter par son tempérament... impulsif on va dire.
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Le cas Royal, maintenant.
(Vice-présidente de l'Internationale Socialiste)
Le parti croupion RCD, qui a soutenu aveuglément Ben Ali contre une multitude de prébendes et qui tient toujkouts chaque rouage de la société tunisienne survivra-t-il? En tout cas, ça bouge dans la rue, pour qu'il soit interdit et ses membres mis à l'index.
Participera-t-il librement à ces élections démocratiques que de facto et par ce qui précède, il organiserait lui même? Sous quelles réserves?
Et au fait, demeurera-t-il au sein de l'Internationale socialiste qui prône avant tout les valeurs d'humanisme et de démocratie?
C'est évidemment au peuple tunisien de répondre mais s'il se pose ces questions, s'il désire réformer sa constitution avant de changer de dirigeants, ce sera son droit le plus strict.
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Il est savoureux de constater dans le camp d'en face que la Vice Présidente qui représente la France au sein de cette Internationale socialiste très hospitalière envers le RCD de Ben Ali s'appelle... Ségolène Royal qui n'a pris aucune position passée contre le régime actuellement honni.
Mais qui, ne manquant pas davantage de culot qu'Alliot-Marie dans un autre genre, se propose comme garante de la transition démocratique en Tunisie en allant y contrôler le bon déroulement des élections à venir. Fallait oser, elle a osé!
Ségolène Royal veut aider la Tunisie. Et pour cela, la candidate socialiste, propose de servir "de caution, de garantie", au bon déroulement des prochaines élections présidentielles visant à désigner le successeur officiel de Ben Ali. Et propose également de "mettre à disposition le Parti socialiste".
Parmi ses différentes casquettes, Ségolène Royal a choisi celle de vice-présidente de l'Internationale socialiste pour s'exprimer ce samedi sur les événements qui bousculent actuellement la Tunisie. La patronne de la région Poitou-Charentes se félicite évidemment du départ de Ben Ali et du fait qu'il ne soit pas venu se réfugier en France, chose qu'elle aurait jugée "inacceptable".
"Offre de mise à disposition du PS"*
Ségolène Royal s'inquiète désormais de la construction démocratique à venir et n'hésite pas à proposer ses services. "Il ne faut pas voler au peuple tunisien cette victoire, et en tous cas, si je puis être utile, le moment venu, bien sûr que je serai au côté du peuple tunisien y compris pour une présence lors de l'organisation de ces élections s'il y a besoin de caution, de garantie", a-t-elle déclaré. Le peuple tunisien peut considérer cette déclaration comme "une offre de mise à disposition du Parti socialiste, des militants socialistes, des militants de gauche qui sont là, qui sont imprégnés des mêmes valeurs démocratiques". (source: telegramme.com)
* faut dire qu'en matière d'élections, internes ou générales, le PS est expert en la matière. Défense de rire...
Benjamin
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