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François Fillon a "encouragé" mardi 18 janvier à l'Assemblée nationale les Français résidant en Tunisie à "y demeurer", preuve de "la confiance" de la France "dans le peuple tunisien", et a proposé "l'assistance" de la France pour l'organisation d'"élections libres".
"Ce sera montrer que nous avons confiance dans le peuple tunisien que de dire aux nombreux Français qui résident en Tunisie que nous les encourageons à rester, à demeurer en Tunisie", a déclaré le premier ministre. Quelque 21 000 Français sont enregistrés comme résidents en Tunisie, où vivent également quelques milliers de Français supplémentaires non inscrits sur les listes consulaires.
Par ailleurs, citant Nicolas Sarkozy, François Fillon a rappelé que "la France est aux côtés du peuple tunisien" et qu'elle "souhaite l'organisation d'élections libres", "la seule issue possible à la crise que connaît la Tunisie". "D'ailleurs, nous sommes prêts à fournir au gouvernement tunisien, s'il le désire, l'assistance nécessaire pour participer à l'organisation de ces élections", a proposé le chef du gouvernement.
Voilà qu'après Royal au nom du PS, membre de l'Internationale socialiste qui hébergeait en son sein le RCD de ben Ali, la France se propose d'aider à organiser des "élections libres" en Tunisie. Cela une semaine après avoir proposé "le savoir faire de notre pays en matière de maintien de l'ordre", dans le but justement d'empêcher la tenue d'élections libres en confortant le dictateur!
Nos gouvernants et autres politiciens prennent-ils la mesure de leur connerie insondable dans la gestion de cette "affaire"? Quand intègreront-ils le fait que les gaffes commises tant par le pouvoir que par une "éminence" de son opposition (en employant le mot gaffe, nous demeurons intentionnellement gentils) commandent la discrétion la plus absolue, l'absence de position publique, le silence penaud pendant quelques temps u à l'extrême rigueur la vague formulation de généralités générales? [lire ou relire ce billet]
Enfin, à propos des Français installés en Tunisie - j'ai eu l'opportunité d'en côtoyer pas mal lors d'un long séjour - qu'on permette d'affirmer que si leur sécurité élémentaire n'est pas menacée (et rien n'indique qu'elle l'est), ce n'est pas à propos d'eux qu'on s'inquiètera en priorité (on pensera d'abord aux Tunisiens). D'abord parce qu'à part quelques crétins inconscients qui iront traîner dans des lieux éminemment dangereux, je suis sûr qu'il y a déjà consensus pour protéger ces Français.
Entre les "entrepreneurs" (dont une qui a de très fortes responsabilités dans la représentations patronale française) qui, en corrompant les autorités et en faisant suer le burnou en payant les gens très qualifiés avec des clopinettes, ont fait un maximum de bénéfices,
entre les divers rentiers et retraités qui ont plus que profité du soleil et également, d'une main d'oeuvre ancillaire également sous payée de façon indigne,
entre les quelques escrocs aux allocations diverses qui, avec un RSA perçu illégalement et grâce à l'aide de ouestern oignon, vivaient mieux sans rien faire que des Tunisiens travaillant 60h par semaine...
beaucoup de ces gens crachant en plus par réflexe sur le pays et ses habitants insupportables...
On éliminera de notre éventuelle sollicitude pas mal de ces gens (pas tous: d'autres se comportent fort honorablement tout comme la plupart des Tunisiens de France) qui n'ont qu'à faire leurs valises et à se casser vite fait, si le peuple tunisien excédé par leur complicité veule avec le système précédent et leur attitude leur fait sentir qu'ils sont devenus indésirables (ce qui m'étonnerait; il faudra juste lui montrer un peu plus de considération; parce que pour trouver plus hospitalier que les Tunisiens, il faut se lever de bonne heure)
Pour ma part, si j'étais en fonds en ce moment (ce qui n'est hélas pas le cas), je partirais très vite en Tunisie, dès la reprise des communications. Non pour me mêler des affaires des citoyens de ce pays, non pour exercer une curiosité malsaine, mais pour contribuer modestement à ne pas voir s'effondrer une ressource majeure: le tourisme. Certain qu'en demeurant dans des zones paisibles, (pas question évidemment de se balader à minuit près des ministères de Tunis) je serais tout autant en sécurité là-bas que "chez nous"
Je trouve enfin très curieuse la démarche de Fillon, qui appelle nos compatriotes à rester (après que le gouvernement ait incité les touristes à revenir en catastrophe et à en empêcher d'autres d'y aller) afin de justifier une politique.
Le devoir d'un gouvernement n'est-il pas de protéger avant tout ses ressortissants, et les recommandations ne doivent-elles, en conséquence, que se fonder sur la seule appréciation objective de la sécurité des Français de Tunisie, que je ne crois guère globalement menacée (mais on peut toujours, hélas, être dans l'erreur) mais qu'on compromet de jour en jour en multipliant les ingérences?
Il est vrai qu'on n'est plus à une incohérence près dans cette affaire. La providence fasse qu'avec cette équipe de branquignols aux commandes, nous ne soyons pas confrontés à une crise internationale vraiment majeure!
Benjamin.
NB: Nous évoquerons d'ici peu de la transition démocratique qui semble assez mal partie, avec le volonté affichée de maintenir aux commandes du gouvernement de transition une majorité de séides du tyran précédent. On imagine de Gaulle composant le GPFL avec une moitié de pétainistes, sous le prétexte qu'ils n'avaient qu'un rôle "technique" dans "l'équipe précédente"? Abel Bonnard (Gestapette) maintenu à l'éducation nationale?
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