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(Il n'est jamais trop tard pour bien faire)
Le Parlement européen a procédé à une commémoration historique du génocide des Roms par les nazis, lors d'une session plénière mercredi 2 février à Bruxelles. Cette cérémonie arrive quelques jours après un geste sans précédent du même type à Berlin par les députés allemands à l'occasion de la Journée internationale de la Shoah, en invitant un rescapé rom à s'exprimer.
"Le moment est venu"
Le président du parlement européen, Jerzy Buzek, a fait remarquer dans son discours qu'"un tiers des personnes détenus à Auschwitz étaient des Roms", mais que "la plupart des européens l'ignorent". L'extermination de 220.000 à 500.000 Roms en Europe, selon les historiens, est longtemps restée dans l'ombre de l'Holocauste des quelque six millions de juifs.
A présent, seuls quelques Etats européens ont reconnus officiellement ce génocide. Jerzy Buzek juge ainsi que "le moment est venu de le faire au niveau européen". (NouvelObs.com)
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Les Roms n'ont pas eu "la chance" d'avoir leurs historiens de la mémoire.
Opportunité de saluer le remarquable travail de Serge Klarsfeld qui, en donnant l'intégralité de l'état-civil des Juifs déportés de France et jamais revenus (plus de 70.000) empêche de facto tout négationnisme quelque peu étayé pour ce qui concerne l'Holocauste - du moins en ce qui concerne notre pays.
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Pour les Roms, considérés comme "asociaux" par les nazis et dont les persécutions ont très vite atteint un degré d'horreur insoutenable - cela avant qu'elles ne frappent les Juifs à un tel niveau** -, aucun travail de recensement ne fut effectué (même "au doigt mouillé" si j'ose dire) et très rares furent les historiens qui se penchèrent sur la question.
Il faut dire que nomades souvent dénués d'état-civil voire de nationalité, l'étude de leur situation est difficile. De là à l'ignorer... En outre, rares étaient (et sont) les intellectuels et historiens universellement reconnus, issus de leur communauté, susceptibles d'attirer l'attention.
** dès 1935, les programmes d'élimination d'aliénés et de Roms ont démarré en Allemagne, à une échelle "artisanale" tout d'abord avant d'atteindre un rythme de croisière soutenu. La conférence de Wannsee qui planifia l'extermination des juifs faute de pouvoir les expulser définitivement après "leur avoir totalement fait rendre gorge et les avoir rendu définitivement inoffensifs" se tint en 1942
Considérés comme asociaux presque partout, ne disposant pas de lieux d'asiles, leur déportation puis leur extermination en fut facilitée et s'effectua dans une indifférence quasi générale - d'autant plus qu'il était rare que leur disparition se remarquât du fait de leur état de nomade. Ils étaient partis ailleurs, voilà tout. Nacht und Nebel, dans la pire forme d'expression.
Quand l'UE avance comme (mauvaise) raison parmi d'autres motifs parfois plus légitimes le refus de la Turquie de reconnaître le génocide des Arméniens pour ne pas inclure cette même Turquie en son sein, il est bon qu'elle fasse le ménage devant sa propre porte et qu'elle reconnaisse également ses torts passés.
Une population fut victime d'un génocide planifié et commis par les nazis certes, mais dans l'indifférence, la passivité voire la complicité de l'Europe.
S'il y eut des milliers de "justes parmi les nations" qui ont permis de sauver un très grand nombre de Juifs, il y eut très peu de gens solidaires des Roms. Il fallait simplement le rappeler.
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En République tchèque (ex "protectorat de Bohème-Moravie")
C’est un nouveau pas vers la reconnaissance pleine et totale de l’extermination des Roms pendant la Seconde Guerre mondiale. /... Une cérémonie du souvenir s’est déroulée à Hodonín, où a également été inauguré un baraquement de l’ancien camp rom qui sert désormais de lieu d’exposition.
Longtemps ignoré ou négligé, le génocide des Roms est depuis quelques années enfin un sujet à part entière. Symboles de l’extermination des Roms du Protectorat de Bohême-Moravie : les camps d’internement de Lety en Bohême et de Hodonín en Moravie. Des symboles cibles de critiques depuis de nombreuses années, puisqu’à Lety se trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie et que Hodonín était jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances. C’était avant que le propriétaire n’accepte de vendre le terrain au ministère de l’Education. Après des années d’immobilisme, c’est un vrai succès pour les activistes roms qui bataillaient pour la reconnaissance de l’ancien camp d’internement comme lieu de mémoire du génocide des Roms. A terme, le site de Hodonín devrait devenir un mémorial et un centre éducatif.
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Au cours de la cérémonie du souvenir de dimanche, à laquelle ont participé environ 80 personnes, dont des représentants de la communauté juive, une grande croix a également été installée à l’endroit de l’ancienne fosse commune. (site radio.cz.fr)
Benjamin
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