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Grosse erreur d'appréciation.
Sources : un article du Monde.fr (lien)
L'Observatoire national de la vie étudiante (lien)
Le diplôme n'est pour eux qu'une mesure "partielle et partiale". Ils pensent que l'école n'est pas en mesure de reconnaître les efforts de chacun. La note sanctionne les connaissances, rarement un savoir-être. 68% d'entre eux jugent ainsi que le diplôme devrait récompenser les efforts plutôt que les capacités. Elise Tenret rappelle que des élèves qui ne croient pas en une école capable de valoriser l'effort sont plus enclins à remettre en cause la légitimité du diplôme comme déterminant d'une hiérarchie sociale. S'effondre alors pour une partie d'entre eux le mythe d'une méritocratie scolaire, "modèle de justice sociale fondé sur la reconnaissance du mérite".
Pardon à 68% de nos amis étudiants, mais il faut sortir du royaume des bisounours! Il n'y a rien de comparable entre une évaluation faite à l'école ou au collège et celle qui permettra d'obtenir un diplôme de l'enseignement supérieur, en principe qualifiant pour le monde du travail.
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Quelle que soit la fibre sociale du recruteur, qu'il travaille dans une entreprise privée ou à la tête d'un service public, les seuls efforts accomplis par un futur employé ou fonctionnaire, ce n'est pas sa préoccupation. Ce qui compte, c'est sa capacité à remplir les tâches qui lui seront assignées. Et on rappelera que le concours, malgré toutes ses imperfections, est encore un des moins mauvais instruments de sélection objective.
Que l'on pose la question d'une manière différente: exiger d'un système éducatif qu'il soit assez performant pour que les efforts réellement accomplis par l'étudiant lui permettent mieux que maintenant d'obtenir les capacités qu'on attend de lui, est plus légitime.
Mais la possession d'un diplôme, l'obtention d'un titre, doivent signifier quelque chose de concret.
Je sais faire ceci, cela, c'est mesurable, quantifiable. J'ai fait des efforts, ça l'est moins et pour prendre une situation concrète, on préférera être dans les mains d'un médecin compétent sans qu'il force outrageusement son talent plutôt qu'en face d'un type certes sympathique et qui va éplucher des heures durant le dossier de son patient, sans pour autant formuler le bon diagnostic.
Pour 43% des jeunes interrogés, le rôle des études est trop important pour trouver un travail. Au détriment de qualités qui ne sont pas jugées par le diplôme. Ils mettent en avant des qualités extra-scolaires à leur sens oubliées par le système scolaire. En première place, les qualités morales, qui regroupent des notions variées telles que la volonté, les efforts, la rigueur ou l'ouverture d'esprit. Puis les qualités sociales (sympathie, ponctualité, aisance à l'oral…), les qualités pratiques (initiative, rapidité…) et intellectuelles.
Les objections sont là davantage pertinentes. Mais dans les faits le diplôme ne constitue, neuf fois sur dix, que la porte d'entrée vers le processus de sélection (surtout quand il y a vingt postulants pour une place disponible) Les qualités insuffisamment prises en compte, on les évalue lors des entretiens d'embauche. On peut toutefois imaginer que dans le cursus scolaire, ces aptitudes soient quantifiées (elles sont éminement subjectives, notons le toutefois: on peut être fort sympathique aux yeux de certains et n'inspirer qu'indifférence vis à vis d'autres...)
Pour les étudiants en STS (sections de techniciens supérieurs préparant aux BTS), les études ne sont pas toujours un critère pour établir une hiérarchie dans la société. 49,5 % d'entre eux considèrent que l'on accorde trop d'importance au diplôme dans le monde du travail.
Même constat du côté des IUT. Mais pour les STS, il est possible de réussir sans diplôme. La méritocratie s'oppose alors à l'école. C'est l'adage du "si on veut, on peut" qui l'emporte.
Au sein des classes préparatoires, la méritocratie est un modèle de justice sociale qui ne se fait pas contre mais avec l'école. 52% d'entre eux pensent que sans diplôme, on ne peut pas réussir dans la vie professionnelle. Pour eux, l'école est juste, elle récompense les élèves pour leurs efforts et leurs capacités.
A l'université, les étudiants ont une vision plutôt sombre de la méritocratie. Ils jugent que le diplôme est une condition nécessaire à la réussite. Mais doutent plus que les autres filières de la possibilité de réussir uniquement grâce au titre scolaire. Ils sont 70% à trouver que la société est injuste.
Notons les opinions contrastées... les Prépas qui sont souvent "relativement" privilégiés** par rapport à d'autres font plus confiance au diplôme, sanction de leur travail.
** (la somme de travail exigée dans ces classes est telle qu'il est matériellement impossible d'exercer une activité professionnelle en marge: il faut donc être soutenu par l'entourage; en revanche il est impossible de faire preuve du moindre dilettantisme) .
Ce sont les étudiants qui fréquentent l'université qui sont les plus pessimistes. Normal, hélas, compte tenu de la dévalorisation des diplômes universitaires!
Et c'est là qu'il faut réaffirmer que tout ce qui abaisse le niveau d'exigence requis pour obtenir tel ou tel diplôme va à l'encontre des moins favorisés socialement, de ceux qui n'ont ni réseau ni relations.
Si votre peau d'âne signifie réellement que vous avez des capacités, vous avez des chances qu'on entrouvre la porte. Si elle signifie peu de choses, les recrutements se feront par le bouche à oreille entre gens qui se connaissent et s'apprécient. En clair: tu prends mon fils à papa, j'embauche le tien. C'est déjà très souvent le cas... n'aggravons pas les choses.
Benjamin
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