(on s'en rapproche, et leur préparation commence déjà dans certains DOM)
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(de mauvaise humeur)
Loin de moi une quelconque arrière-pensée négationniste. Je tiens la traite négrière (celle qui nous préoccupe parce que nous en avons largement profité et que nombre de nos compatriotes en sont issus) pour une abomination et n'en déplaise au fétide Vannesche, elle constituait bel et bien un crime contre l'humanité.
Que les Africains n'aient pas été les seules victimes, que les Occidentaux n'aient pas été les seuls coupables, cela n'enlève rien à l'affaire. Parlons de notre histoire sans faire des comparaisons douteuses pour nous exonérer des fautes passées de nos ancêtres - qui ne sont pas les nôtres (pour ma part, étant descendant de serf papal, ma lointaine famille est davantage du côté des victimes que de celui des profiteurs)
Ce qui irrite, c'est cette récupération politicienne d'une part, cette exploitation mémorielle à des fins mesquines. Cela a commencé par le choix de la date retenue par Chirac..
On aurait pu prendre le jour anniversaire du vote de la loi portant abolition sur proposition de Schoelcher; le jour de sa ratification; celui de son application dans la première colonie (il a fallu des semaines pour que la nouvelle arrive); celui de l'annonce dans la colonie la plus lointaine. Non, pour des raisons de minable politique politicienne, c'est le 10 mai qui fut retenu, sans aucune base historique tangible. Il fallait priver une partie de l'opinion de ce pays d'un anniversaire, auquel elle était attaché, la droite dure vivant toute alternance comme une usurpation.
Oui, l'esclavage en tant que fait historique, ses conséquences humaines, économiques, sociales et géopolitiques doivent être enseignées. Oui, on peut, on doit ériger monuments et stèles commémoratives - en particulier dans ces villes qui ont fondé leur richesse sur la Traite (Nantes, Bordeaux, etc.). Mais une fois que c'est fait, doit-on persister sur le mode lamento ou s'engager sur une voie autrement volontariste?
Parce qu'il y a encore des millions d'esclaves dans le monde, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient et ne serait-il pas plus positif d'honorer la mémoire des esclaves défunts en éradiquant cette saloperie?
Que vaut-il mieux financer? Un énième monument ici ou là, ou l'achat de camionnettes permettant à des fonctionnaires de se déplacer dans les régions isolées pour doter chaque enfant d'un pays pauvre de l'état-civil auquel il a droit - sachant que sans ce dernier il n'existe pas et est de ce fait, sa vie durant, vendable, achetable, exploitable à merci, qu'il risque un destin de petite bonne, petit ouvrier - et encore ces situations ne sont pas les pires à côté de celles des victimes de réseaux pédo-criminels ou de ceux qu' on enrôle de force comme enfants soldats?
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Car c'est la première étape à franchir, pour lutter contre l'esclavage (à commencer par le pire, celui qui touche les enfants): doter chaque être humain d'une identité et le Brésil l'a compris, qui porte des coups très lourds aux esclavagistes par ce biais tout comme par une action résolue contre les salauds. Tout n'est pas encore gagné, mais c'est en bonne voie.
Or même dans les contrées structurellement les plus intéressées, tentez le coup. S'il s'agit de nettoyer le monument dédié à Schoelcher, tout le monde souscrira. Essayez d'intéresser l'entourage à l'éradication de l'esclavage contemporain, personne ne se sent concerné.
Faut-il ressasser les mêmes situations passées, ou investiguer de manière rigoureuse (ça demande du courage, du monde et de l'argent) pour traquer les réseaux de traites, dénoncer les pouvoirs politiques et économiques complices - que ce soit au niveau national ou local?
Commémoration de l'esclavage? Pourquoi, plutôt que d'évoquer 1848 (pour la France) ou 1889 (pour le Brésil, le plus en retard pour l'abolition) ne poserait-on pas 2048 comme limite à partir de laquelle nulle part au monde, un être humain ne pourra être esclave - bien heureux évidemment si cette tâche colossale est menée à bonne fin avant l'échéance.
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