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Mardi 15 mars 2011
7. Mettre en circulation les nouvelles pièces et billets de Franc et autoriser la double circulation avec l’Euro pendant 1 à 2 mois. Opération conduite sous la supervision de la Banque de France ;
8. Etablir de façon temporaire un contrôle des changes, levé, une fois la situation financière stabilisée ;
9. Au bout de 2 mois de double circulation, seul le Franc a cours légal en France ;
Alors là, on est dans le délire le plus complet. D'une part on veut autoriser la double circulation avec l'Euro pendant un ou deux mois, d'autre part on veut établir un contrôle des changes qui sera levé une fois la situation financière stabilisée (manière de reconnaître qu'elle sera profondément déstabilisée; là au moins le FN ne manque pas de lucidité).
Sagement, on ne dit pas quelle sera la durée de ce contrôle. Français, attendez-vous à ne plus pouvoir voyager librement ad vitam aeternam, sauf à le faire de manière illégale, en sortant de l'argent en fraude.
Comment établit-on un "contrôle des changes" si la double circulation des billets est admise pendant quelques semaines? Il est clair que ce sera la ruée de tous les méfiants pour placer son argent ailleurs ou pour le thésauriser... sous forme d'euros puisque de toute manière il y aura toujours preneurs pour ces billets, ayant cours dans d'autre pays!
Les programmes d'échanges de billets n'ont jamais fonctionné que quand les anciens billets n'avaient plus cours à plus ou moins longue durée. En outre un contrôle des changes, outre que c'est vraiment passé de moeurs et serait très mal vécu par nos compatriotes "gaulois" donc "débrouillards" et frondeurs et qui pour beaucoup ont pris l'habitude de voyager à l'étranger, ne peut fonctionner que s'il est mis en application immédiatement après son annonce. Le dernier qui fut institué en France, ça a été par Mauroy en 1983 (il y a 28 ans), et opérant dès les jours qui ont suivi la prise de décision. Et Mauroy y a laissé toute sa popularité, jamais reconquise.
10. La parité fixée est la suivante : 1 euro = 1 franc avec un taux de change fixe et ajustable (si euro monnaie commune), pour maintenir au mieux le pouvoir d’achat.
Par conséquent :
- Le prix des biens de consommation ne changera pas pour éviter à nouveau un mouvement très inflationniste comme lors du passage du Franc à l’Euro. Ex: la baguette d’1 € passerait à 1 Franc et non à 6,57 F (en 10 ans, perte de 40 % de pouvoir d’achat !)
- Il n’est pas question de revenir au Franc «Pinay» soit 1 € = 6,57 F;
Le taux de change est-il fixe... ou ajustable? (perplexité parce que les deux termes sont antagonistes...) Selon quelles modalités serait-il ajusté (si on l'ajuste), et comment en maintiendrait-on la fixité (si on la maintient) en cas de spéculation à la baisse pendant la période transitoire?
Pour le reste, s'il est établi que le passage à l'euro a déclenché des hausses de prix indécentes sur certains articles "phares" tels que la baguette de pain**, la botte de persil, (passée de 1F à 1€) etc. et qu'en conséquence les statistiques lénifiantes des pouvoirs publics qui nous certifient que notre pouvoir d'achat augmente tous les ans (davantage que le différentiel "hausse des salaires - hausse des prix" constatée par l'INSEE ce qui ne manque pas de sel) sont peu crédibles, aller parler de baisse de 40% du pouvoir d'achat en dix ans c'est quand même pousser le bouchon un peu loin... ça sort où ce chiffre délirant et comment survivraient en 2011 des gens qui avaient le plus grand mal à le faire en 2001? Nous aurons l'opportunité de constater que le FN est coutumier du fait, de balancer ainsi des énormités qui ne s'appuient sur rien.
** boulangers et autres petits commerçants, soyez ravis de constater que le FN vous ravale insidieusement au rang d'affameurs du peuple!
11. Désormais, la politique monétaire de la France est conduite conjointement par le ministre de l’Economie et des Finances ainsi que le gouverneur de la Banque de France, sous contrôle populaire, par une commission de surveillance parlementaire ;
Dans un premier temps, le Franc devrait paradoxalement se réévaluer de X % face au Dollar, à la Peseta, à la Drachme, à la Lire, à la Livre Sterling, etc.., compte tenu de l’état relatif (par rapport à la France) de décomposition des économies des pays de la zone euro (hors Allemagne) voire des USA. Grâce à notre politique économique et à la stabilité monétaire que nous allons rétablir au niveau domestique, nous serions dans un deuxième temps contraints de pratiquer une dévaluation compétitive maîtrisée (acte politique fort et positif pour le pays), tout comme les USA et la Chine la pratiquent actuellement.
Hallucinant. Déjà on compare le Franc nouvellement créé à des monnaies... qui n'existent plus... depuis dix ans (Drachme, Lire, Peseta) et on décrète que le Franc, malgré son corollaire d'incertitudes, "se réévaluera" (notez bien le "se", fondamental).
La voyante Madame Soleil ressuscitée et nommée Ministre de l'économie... Si la monnaie "se" réévalue, c'est d'autre part qu'on laisse libre cours au jeu des marchés, et qu'on présuppose que ces derniers accorderont une confiance totale à la France dont l'élection de Marine le Pen, qu'on la considère comme souhaitable ou non, n'aura pas débarrassé en un tour de main le pays de ses dettes et de sa balance commerciale dans le rouge Dans ces conditions, au nom de quoi les spéculateurs deviendraient-ils enthousiastes et confiants?
Ensuite, le gouverneur de la banque de France qui, quelques lignes plus haut, était autonome, se retrouve là associé par la loi au gouvernement, au Parlement et en plus "sous contrôle populaire" (défini comment, ce contrôle?) Quelle serait dans ces conditions sa marge d'autonomie? Ensuite alors que la monnaie "se sera réévaluée" on "la" dévaluera.Vous je ne sais pas, mais moi "contrôle populaire" sans précision, ça me fait peur. Ca fait "commissaire du peuple", ou SA / SS. Kadhafi n'a que ce mot à la bouche: son pays est sous "contrôle populaire".
C'est à ne plus rien y comprendre. La réévaluation se ferait selon "le marché" forcément enthousiaste, et la dévaluation serait le fruit d'une action volontariste. Mais, on signalera au FN et à ceux qui seraient tentés de le croire que ça ne se passe pas comme ça... Il pourra décréter que le Franc est à telle ou telle parité: si le reste de la finance ne suit pas, ça ne collera pas - sauf à décréter la fin de la convertibilité du Franc, l'interdiction pour les possesseurs de cette monnaie d'en acheter ou d'en vendre librement.
Ca se fait, la parité fixée en dehors de la demande... à Cuba par exemple où dans la rue, si vous proposez des dollars, vous payez quart de prix. J'ai connu le Suriname qui imposait une parité. A la banque vous aviez 23 Florins surinamais pour 100F... dans la rue (et à tous les coins de rue!) vous en aviez 90. Au Brésil, avant le plan Réal, on gagnait 30% en changeant de façon informelle. En Tunisie aussi... payez en euros et pas en dinars, et c'est de suite moins 40%. Bref sous le manteau, chez nous, on acceptera des paiements en valeur refuge avec un gros rabais. L'euro "allemand" serait notre façon d'épargner... surtout quand on a commis la crétinerie insigne d'annoncer à l'avance une dévaluation! Comment le Franc pourra se réévaluer spontanément alors que ses possesseurs, sachant que le FN le dévaluera, ne penseront qu'à s'en débarrasser au plus vite? Et à supposer (pure vue de l'esprit) qu'effectivement le Franc se réévalue, les billets "euros" étant les mêmes dans toute la zone (contrairement aux pièces) qu'est-ce qui empêcherait nos voisins de la zone euro de venir faire un bon coup en changeant chez nous pendant cette période transitoire de un ou deux mois?
Ensuite, il y a deux erreurs factuelles grossières dans "l'exposé": le Yuan - monnaie non convertible: les Chinois ne la changent pas librement mais doivent en demander l'autorisation et payent une taxe assez lourde, ou alors ils fraudent et captent des monnaies étrangères par tous les moyens - n'est pas "dévalué" en ce moment mais réévalué dans des proportions certes très insuffisantes. Et la Chine peut faire ce qu'elle veut de sa monnaie,parce qu'avec les premières réserves monétaires du monde, le statut de premier prêteur aux USA, une croissance de 10% par an, elle n'a pas à se battre pour défendre son Yuan dans un sens ou dans l'autre.
Quant au dollar, certes il se dévalue de facto. Mais à aucun moment le président Obama ou le directeur de la Fed n'a déclaré: "nous dévaluons de X%". Ce sont les marchés qui jouent le dollar à la baisse, du fait de la planche à billets qui fonctionne, des inquiétudes sur la dette (il est clair que jamais les USA ne pourront la rembourser), etc. Le dollar baisse parce que davantage de gens veulent en vendre, que d'autres souhaitent en acheter, point barre. Et si ce n'était pas la "monnaie de référence" pour fixer les prix des matières premières et nombre de produits industriels (avions), il chuterait... et pas que de 10 à 20%!
(à suivre, vendredi 18 mars. Puis nous attaquerons la réforme des retraites, vue par le FN)
Benjamin
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