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Je n'ai pas connu... mais j'ai entendu parler de ces "cinq dernières minutes" de télévision française bien ficelée, interactive: toute la France se creusait les méninges en même temps que Souplex ou Debary avant la fameuse exclamation qui signalait la révélation: "Bon sang, mais c'est bien sûr!"
Ce qu'en dit 720lignes.com. Les Cinq Dernières Minutes, c’est une série du temps ou la télévision était courtoise, quand elle s’essuyait encore les pieds avant d’entrer chez vous avec ses gros souliers boueux. Sauf qu’en ce temps-là, la télévision était bien chaussée et toujours bien cirée. Elle était faite par des artisans consciencieux, le crayon sur l’oreille et la casquette sur le crâne, qui ne craignaient pas de tacher leur salopette et qui en guise de royalties, se payaient un petit blanc sur un zinc des alentours des Buttes Chaumont.
Donc (y’a aucun rapport avec ce qui précède directement, mais c’est dynamique, comme entame) Les Cinq Dernières Minutes, c’est un programme où il faut réfléchir, se "creuser les méninges". Il s’agit de résoudre une énigme policière en suivant, en même temps que deux candidats présents sur le plateau, l’enquête et les interrogatoires du commissaire Bourrel. Ce principe va être modifié au cours des années en fonction des réactions du public (attention, pas de l’audimat, mais des vraies réactions du public qui inonde de lettre la RTF de l’époque).
Ca plaisait au public, ça ne coûtait pas cher, ça faisait vivre une flopée de comédiens qui entretenaient leur notoriété. Bref que des qualités: donc on a cessé la série.
Je cogitais mes notes sur le projet du PS pour 2012 (déjà trois rédigées et programmées, saluez l'artiste) avec, à l'esprit, le lamento hebdomadaire dans Marianne de Jacques Julliard qui cherche le centre depuis des décennies sans jamais le trouver, comme Diogène cherchait un homme quand il sortait de sa jarre. Et en étudiant ce projet, j'ai eu la Révélation. J'ai bondi de joie et crié:
- Bon sang, mais c'est bien sûr!
- Je sais où est le centre!
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Et comme l'Inspecteur Bourrel, j'ai résolu l'énigme qui, une fois révélée semble d'une simplicité enfantine. Après.
Le centre, c'est le parti socialiste!
Parce que c'est là que se situe la confluence entre:
- le désir de ne pas toucher, même aux marges, au capitalisme version libérale, surtout avec le toujours plus d'intégration européenne reven- diquée par ses dirigeants (moins quelques-uns comme Emmanuelli qu'on s'acharne à ringardiser: c'est plus facile que de leur répondre sur le fond), l'acceptation de la mondialisation sauvage avec une dose homéopathique de "mieux" et une énorme louche de "pire" pour chaque habitant de la planète (ne sont-ce pas deux socialistes français qui, à l'heure où nous écrivons, dirigent le FMI et l'OMC?)
- le souci affiché de faire bouger la société aux marges sur le plan sociétal. Permettre le mariage des homos, envisager la suppression de l'article 16, disserter sur l'éducation avec de grandes idées généreuses sans rien résoudre (voire en allant à contre courant) et, il faut le reconnaître, l'intention affichée d'introduire davantage de justice fiscale. Si la fusion CSG IRPP se fait, si les revenus du capital sont enfin autant taxés que ceux du travail (comme ils le promettent), on aura fait en matière d'équité un énorme pas en avant (je précise que j'y perdrai sans doute beaucoup; je ne prêche pas pour ma chapelle). Si j'ai des doutes, c'est que je ne suis pas certain qu'au pied du mur, les décideurs, aisés et perdant de l'argent dans cette affaire seront motivés et je crains le pouvoir de nuisance de Bercy: "on ne peut rien faire, M. le Ministre"
Plus à chercher. Le centre est là: maintien du système avec un (tout petit peu) plus de justice sociale, moins de blocages sociétaux. Il n'est certainement pas incarné par un Morin qui servit Sarkozy comme Nestor le capitaine Haddock, par un Bayrou dont le programme économique est encore plus à droite que celui de Sarkozy, d'essence totalement libérale et sur des points techniques, inepte.
Il ne l'était pas davantage dans le passé par son "fondateur", un Lecanuet, atlantiste forcené autant qu'affairiste avisé.
Encore moins dans des Méhaignerie andCo plus-faux-culs-que-moi-tu-meurs qui inondent la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale d'amendements sociaux, imman- quablement rejetés. Pourtant cette sensibilité humaniste, comme ils disent, a suffisamment d'élus pour faire plier la majorité; sans en faire usage systématique, ce pouvoir de dissuasion leur permettrait d'obtenir parfois satisfaction et s'ils ne le cherchent pas, c'est qu'au fond, ils ne le veulent pas)
On ne reprochera pas aux socialistes de se positionner au centre: chaque parti détermine ses orientations en toute indépendance. En revanche, qu'ils se disent encore socialistes et même de gauche, c'est culotté (Au moins ne chantent-ils plus l'Interna- tionale...) Vous allez au bordel, amis socialistes, assumez! Ne prétendez pas fréquenter les salles de sport le samedi soir!
benjamin.
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