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(du moins dans le discours. A vérifier dans les faits)
Source: NouvelObs.com
De quoi s'agit-il? D'une réforme qu'il prétend porter, sur laquelle bien entendu il faut demeurer vigilant sans pour autant la rejeter par principe.
Il s'agirait de mettre fin au système qui permet aux élèves de l'ENA de choisir leur poste dans les administrations, les mieux classés se dirigeant généralement vers les grands corps d'Etat : le Conseil d'Etat, l'Inspection des finances, la Cour des comptes, etc.
Si la réforme est validée par les sages, le classement de sortie sera remplacé par un dossier d'aptitude anonyme et des entretiens entre les élèves et les administrations pour, précise le ministère de la Fonction publique, "assurer une meilleure adéquation entre, d'un côté, les besoins des administrations et de l'autre, les compétences et aspirations des élèves".
Les objections.
Pour un ancien élève de l'école sorti dans les années 80 et qui souhaite rester anonyme, l'abandon du classement risque de tuer la motivation des élèves: "C'est ce qu'il se passe dans les grandes écoles d'ingénieurs: les élèves travaillent comme des fous en prépa, et ensuitent ils bullent pendant trois ans".
La crainte est à demi partagée par la présidente de l'Association des anciens élèves de l'ENA, Christine Demesse, qui s'est opposée au projet de réforme. Elle pense toutefois que la motivation sera maintenue tant qu'on ne touche pas à l'accès aux grands corps d'Etat. (Bref, tant qu'on ne touche à rien)
Comme si ce n'était pas ce qui se passe de nos jours! Qui est à l'ENA, sinon à 95% des fils et filles à papa passés par une scolarité longue et coûteuse à SciencesPo?, qui ne l'ont intégré que parce que dès la naissance et même avant, ils connaissent les codes de la société bourgeoise? (avec quelques exceptions pour faire bien dans le tableau),
On ne travaille pas comme un fou, à l'ENA. On apprend avant tout à niquer les autres et tous les coups sont bons pour cela. Pour une dose d'être, il y en a neuf de paraître et la vocation initale (l'ENA fut crée à la Libération) a disparu. Elle était de former des gens à même de servir l'Etat de manière impartiale en respectant les principes républicains.
De nos jours c'est se faufiler dans un grand corps, s'y constituer un carnet d'adresses et glaner des informations avant de partir pantoufler au plus vite dans le privé pour faire péter la thune. Au mépris, très souvent, de la plus élémentaire déontologie.
Pourquoi intégrer le Corps de l'Inspection des Finances? Parce que détaché dans un cabinet de ministériel à Bercy, on jouira du plaisir pervers de faire patienter des Ministres qui ont une légitimité politique, avant de les rembarrer sèchement.
Comment avoir un jour une grande politique sociale tant qu'une nomination dans le corps des Affaires sociales ne sera, sauf exception, que la résultante d'un mauvais classement? Qu'intégrer ce ministère, c'est être un raté ou se déclarer raté? Idem, pour l'éducation et l'agriculture, etc.
Notons quand même une voix discordante.
Jean-Laurent Lastelle, ancien énarque de la promotion République (diplômé en 2007) pense que la réforme ne va pas assez loin, car tant que l'accès aux grand corps d'Etat sera maintenu, les "intrigues" continueront dès le début de la scolarité, détournant les élèves de leur but : se former pour devenir des stratèges de l'action publique. Il plaide pour que l'entrée dans les Grands corps se fasse après quelques années d'expérience professionnelle, et non à 27 ans, à la sortie de l'école.
Les socialistes ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Poids des lobbies...
Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l'Enseignement supérieur et à la recherche, estime que "ce basculement vers un système de recrutement de gré à gré est contraire aux principes républicains qui exigent une certaine neutralité des hauts fonctionnaires", et que cette réforme "favorise le copinage et les interventions politiques".
C'est fort de café, ce souci d'équité de leur part, eux qui ont donné une ampleur inégalée au "tour extérieur" qui permet de nommer n'importe qui à n'importe quel poste .
Bien sûr qu'il faut veiller à la neutralité des hauts fonctionnaire, mais cela peut se faire par les pistes indiquées: le dossier anonyme. Avec l'obligation de servir l'état pendant très longtemps, vu le coût de la scolarité à l'ENA, associée à l'interdiction d'exercer de près ou de loin dans une branche proche de celle où on a servi comme haut fonctionnaire. Et l'accès aux grands corps ne sera acquis qu'aux seuls énarques ayant déjà (bien) servi quelques années ailleurs (peut être qu'ainsi ils se bougeront, quand ils seront aux affaires, pour qu'on ne nomme plus dans le neuf cube les profs ou les flics débutants...)
Déjà, cette bande, par son corporatisme obtus, avait tristement fait parler d'elle il y a presque vingt ans lorsque Cresson avait décentralisé (en partie) leur école à Strasbourg.
C'est là que l'ignoble Cresson déporta les pauvres Enarques...
Ces pignoufs y avaient vu une intolérable atteinte à leur prestige, et osèrent même employer le terme de déportation! A l'époque Internet en était à ses balbutiements: j'avais utilisé la presse, et initié une pétition ironique pour suggérer, en lieu et place de l'Alsace, la Guyane et Saint Laurent du Maroni, dans les locaux du bagne en mauvais état avant restauration: il y avait suffisamment de cellules de condamnés pour accueillir les futurs aristos de la République...
benjamin
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