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Un article de Nadir Dendoune.
C'était il y a quelques semaines : le RER /... quittait Paris pour rejoindre la proche banlieue. Il était 20 h. Le wagon était à moitié vide, ou plutôt à moitié plein /....
La lâcheté tout court, alors qu'une dame déboulait en sueur et demandait de l'aide : trois gamins (c'est vrai, ils n'étaient pas dix) agressaient un bonhomme et elle s'est approchée de moi.
J'ai posé mon livre pour avoir les mains libres et je me suis avancé : effectivement, trois mômes, à peine 15 ans, prenaient à parti un cinquantenaire de type indien. J'ai hésité à intervenir : malgré leurs jeunes âges, ils étaient costauds.
J'avais la frousse, et puis comme tout le monde, j'ai quelques images en tête de ces jeunes armés de couteaux ou de battes de base-ball n'ayant rien à perdre. Pas évident d'aller au-delà de sa peur, je suis humain. Mais il y a des craintes qu'il faut dépasser. Devoir de responsabilité.
Je me suis retourné en apostrophant mes camarades de trajet pour obtenir de l'aide. À plusieurs, on est plus forts. Nous étions nombreux. Beaucoup de bonhommes présents. Personne n'a moufté, le lecteur du Figaro a baissé encore plus la tête dans son journal. Je l'ai traité d'enflure et de lâche. Les autres ont regardé ailleurs. Je les ai traités d'enflures et de lâches. Je voulais qu'ils réagissent.
Pas leur problème. Un flic derrière chaque citoyen, certains en rêvent mais ça ne sera jamais possible.
J'ai scruté l'ensemble du wagon en quête d'un soutien et j'ai croisé par chance le regard bienveillant d'un usager. Il s'est levé. À deux, on est plus forts. Les gamins nous ont vu arriver. On n'a même pas eu à ouvrir la bouche ou donner le moindre coup qu'ils avaient déjà les bras au ciel pour signifier qu'ils mettaient un coup d'arrêt à leur acte de lâcheté. L'Indien s'est assis avec nous, du rouge sur son visage, de la tristesse dans ses gestes, ses genoux tremblaient.
Le RER s'est arrêté deux minutes plus tard, tous les lâches sont descendus : ceux qui avaient frappé l'Indien et ceux qui avaient laissé faire.
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Laviedebenjamin.com, maintenant
Cela m'a rappelé un fait récent, dans le Meaux-Paris. Deux jeunes cons de 17 ans environ, noirs comme de l'ébène (évidemment, s'empresseront de dire certains) allument une cigarette. Silence réprobateur, puis une hystérique fait ce qu'il ne faut jamais faire devant des ados quels qu'ils soient quand ils déconnent: piailler sans leur laisser une porte de sortie.
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- Eteignez ça tout de suite, je suis asthmatique! (vu la manière dont elles gueulait sans reprendre sa respiration, ça m'étonnerait).
- Madame, on fait rien de mal, (NDLA: si, c'est interdit de fumer dans le train: point barre) on se met devant la porte, c'est bon!
- Non, éteignez vos cigarettes, petits merdeux!
Tout le monde baisse les yeux. J'ai hésité (comme Nadir Dendoune... ils étaient costauds, les jeunes cons!) puis je me suis approché.
- Les gars, c'est interdit de fumer, je vous le demande poliment, éteignez votre clope s'il vous plait.
Hésitation, fureur contenue, puis... ils obtempèrent (en moi même, soulagement). Le train arrive à Esbly et je les vois prêts à descendre (la probabilité pour que ce soit le terme de leur voyage était nulle, mais la gêne était palpable). Je n'ai pas pu m'en empêcher. Au moment où ils sont sortis, je leur ai balancé:
- Vous venez de donner deux ou trois voix de plus à la fille le Pen. Et quand elle vous mettra dans un avion, ce sont des cons comme moi qui défileront pour vous sauver la mise. Pensez à ça.
Air ahuri, hochement de tête - le temps que leurs trois neurones se mettent en branle. Le train se remet en route. Et là, surabondance de:
- ah merci Monsieur, c'est vrai qu'avec ces voyous, on n'est plus chez nous, etc.
El là, pétage de plombs. De toute la case à fusibles.
- Vos gueules, cloportes! Parce que j'étais tout seul face à eux: vous regardiez tous vos chaussures! Et quand ce sont les Gaulois du train du matin qui clopent en jouant à la belote, vous ne dites rien. Là "vous êtes chez vous"!
Je ne décris pas le silence dans la rame...
Elle est universelle. Mais finalement, je préfère la connerie de ces crétins sans cervelle et sans éducation à celle de ces beaufs rancis, confits dans leur lâcheté chronique. Dont les semblables, il y a 70 ans, n'étaient pas gênés par l'étoile jaune. A l'époque, à cause d'un Stavisky, de quelques tailleurs un peu escrocs, de quelques usuriers, on n'était déjà plus chez nous.
Ah... récemment, je les ai recroisés à la gare, mes jeunes cons. Ils étaient avec des copains. Et ils m'ont dit bonjour. Poliment. Je leur ai répondu. Poliment, avec le sourire.
benjamin
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