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Nous nous en tiendrons à une critique honnête et sans acharnement. En constatant tout d'abord que ce projet n'a pas l'ambition, même ténue, de changer la vie quand c'est bien de cela qu'il s'agit pour qu'elle devienne acceptable et qu'on résolve les problèmes cruciaux qui se posent avec toujours plus d'acuïté.
Le PS veut améliorer aux marges le système économique et social sans le remettre en cause. Les mauvaises langues diront que c'est le meilleur moyen de le protéger et de le faire perdurer.
Pour ma part - j'annonce la couleur - c'est ce qui me fait le rejeter globalement même si on peut, en cherchant, trouver des avancées.
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Point de départ
les 30 propositions disponibles ici (et pas ce qu'on en raconte)
Deux remarques préalables.
-- Elles ont le mérite d'exister même si - c'est normal - le candidat quel qu'il soit sera amené à les amender, les abonder ou à en occulter certaines. A noter qu'elles sont accompagnées d'un mémoire plus complet d'une bonne centaine de pages et de nombreuses annexes très techniques.
-- Elles ont été approuvées à l'unanimité par les instances dirigeantes. On se gausse suffisamment des divisions de ce parti pour le signaler. Le moins qu'on puisse dire c'est que dans le camp d'en face ou chez EELV, on ne donne pas une telle image d'unité.
Venons-en au fait: les propositions commentées, une par une.
1/ Pour muscler la compétitivité de la France, nous créerons une Banque publique d’investissement, qui investira dans la recherche et l’innovation, soutiendra les PME-PMI, prendra des participations dans les activités stratégiques et les filières industrielles d’avenir, et dont les moyens seront mobilisés sous la forme de fonds régionaux en copilotage avec les régions et leurs élus.
Bonne idée en soi. Mais cette BPI ne sort pas du "néant": elle regroupe les moyens d'OSEO (soutien aux PME, 25 milliards en 2009), du Fonds Stratégique d'Investissements (FSI), de la Banque Postale et de la Caisse des Dépôts (qui finance déjà OSEO et FSI). On peut imaginer que le regroupement en une seule entité de plusieurs machins qui ont chacun leur organigramme avec des dirigeants grassement payés, leurs conflits de puissance à puissance, leurs chevauchements tout comme les "zones blanches" laissées entre leurs sphères respectives, donnera plus d'efficacité au dispositif. Mais on n'annonce pas d'abondement des fonds disponibles. Conclusion: sans doute "mieux au final, mais aux marge"
Fonds en copilotage avec régions et élus? Risques évidents de céder d'abord aux baronneries locales avant de penser à l'intérêt général. Là, c'est le Jacobin assumé comme tel qui se méfie.
2/ Pour relancer l’investissement, nous baisserons l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % pour les entreprises qui réinvestissent intégralement leurs bénéfices et, pour compenser les pertes de recettes pour l’État, nous l’augmenterons jusqu’à 40 % pour celles qui privilégient les dividendes des actionnaires.
Le hic, c'est que le PS n'a cessé de pousser à plus "d'intégration européenne" et que nombre de ses éminents dirigeants sont pour une mondialisation effrénée (Strauss-Kahn au FMI, Lamy à l'OMC). Il suffira en conséquence à une entreprise* de délocaliser son siège social pour échapper à cette règle - et les socialistes le savent.
Donc ils se moquent du monde, surtout que leurs parlementaires européens votent toujours en ce sens, acoquinés avec ceux du PPE (droite). Pour ceux qui trouvent que j'exagère, lire ou relire cette (longue) note qui le démontre à travers un exemple monstrueux (lien) Le Luxembourg a de beaux jours devant lui...
* (grosse ou moyenne; les très grosses, celles du CAC40, ont les moyens légaux de ne pas payer d'impôts en France)
3/ Pour que l’Europe puisse innover, nous proposerons à nos partenaires d’émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain.
Là, les socialistes se moquent du monde.Parce que l'Allemagne répondra évidemment NON, sans appel: en matière de Recherche & Développement elle a beaucoup d'avance, donc elle ne va pas se tirer une balle dans le pied - et les Rosbifs refuseront parce que par principe ils refusent que l'Europe soit davantage qu'une zone de libre échange. Quant aux pays du sud, vont-ils emprunter à long terme alors qu'ils sont asphyxiés par des taux démentiels et qu'ils assurent (mal) leur survie au quotidien? En outre, Pour des Européistes bêlants, la posture qui consiste à pouvoir se défausser du non respect de promesses qu'on sait ne pouvoir tenir est en plus très "fauc-cul".
A suivre, mercredi. Une fois l'analyse terminée, l'ensemble des billets sera regroupé dans un dossier complet.
benjamin.
Lire ou relire. Pourquoi la crise financière? (lien)
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