dans quel contexte?
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La mesure annoncée pour 2012, du gel probable des salaires dans la fonction publique (territoriale, hospitalière et d'état), concerne 5,2 millions de personnes.
Nous l'explicitons, en évacuant d'emblée les a priori poujadistes sur ces fainéants qui ne servent à rien. Les beaufs qui les énoncent sont les premiers à râler quand la classe de leur gosse ferme, quand ils attendent à l'hôpital faute de personnel, quand il n'y a que deux voitures de police disponibles la nuit dans leur ville de 50.000 habitants ou quand, à défaut de cantonnier, ils doivent attendre qu'on déneige leur rue. Et si leur môme reste au chômage faute de place dans les concours de la fonction publique, ils hurlent.
1/ Composition la rémunération du fonctionnaire. Evolution.
Le débutant au premier échelon touchera par exemple un traitement correspondant à l'indice 250; en fin de carrière il atteindra l'indice 400. Contrairement à l'idée reçue, le fonctionnaire est évalué (certes selon des critères discutables) et cela joue de manière substantielle sur ses revenus.
Exemple: un instituteur recruté en 1970, qui prendra sa retraite en 2012, toujours bien noté et passé de ce fait à l'échelon supérieur "au choix" (rapidement) aura perçu, par rapport à son collègue jugé médiocre et qui n'est monté "qu'à l'ancienneté" (le plus lentement possible) une somme supplémentaire correspondant à la valeur d'un bien immobilier (en gros, un appartement familial).
Les débuts de carrière s'effectuaient à un niveau très bas, inférieurs à ce qu'on percevait dans le privé à qualification égale. Et dans la fonction publique, les perspectives d'évolution sont limitées - sauf à accomplir un effort de formation individuelle considérable et sur son temps libre. Les passages d'un échelon à l'autre (enseignement: onze plus une catégorie "hors classe" qui bénéficie aux très bien notés avec de longues carrières) correspondaient à des sauts qualitatifs dans la progression sociale. En 1970, un fonctionnaire en fin de carrière touchait grosso modo un traitement indiciaire double de celui de son très jeune collègue (la "promotion"). Ce qui compensait l'inflation, c'était "l'évolution du point", qui suivait plus ou moins la hausse des prix.
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2/ C'est la "gauche" qui a "réformé", accomplissant ce que la droite n'avait osé imaginer dans ses rêves les plus fous: casser cette échelle mobile informelle en incluant dans le calcul de l'évolution du pouvoir d'achat le "GVT" Kesaco? C'est le "Glissement Vieillesse Technicité": on prend la masse salariale versée à la fonction publique, on divise par le nombre de fonctionnaires et on décrète que leur pouvoir d'achat augmente de 2 à 3% par an alors qu'on ne touche quasiment plus au point d'indice.
Les débuts de carrière ont été légèrement améliorés. Bien obligé: il n'y avait quasiment plus de candidats de valeur aux concours: BAC+5 pour être "professeur des écoles" avec 1.300 euros par mois après revalorisation, c'est peu incitatif, euphémisme, tout comme la même somme pour patrouiller la peur au ventre dans les zones de non droit du neuf cube),
Le point d'indice ne bougeant plus, ce sont les progressions d'échelon en échelon qui assurent (à peine) le maintien du pouvoir d'achatt et les situations stagnent. Etonnez-vous que dans ces conditions, beaucoup font des ménages (cas de ces professeurs qui, au lieu de s'investir à fond, bossent pour des officines de soutien scolaire pour remplir la gamelle, de ces flics bricolos qui repeignent des appartements ou - plus grave - monnayent des informations confidentielles recueillies dans le cadre de leur profession)
3/ Quelques remarques.
Si la progression du SMIC (pourtant pas flambante) continue à ce rythme, des agents hospitaliers soumis à des contraintes horaires drastiques et à une responsabilité écrasante - même quand "simple" aide-soignants, des enseignants, des agents qualifiés, seront payés à ce niveau d'ici cinq ans - même avec un long cursus universitaire.
L'état affiche actuellement ("rassurez-vous", ça ne sera suivi d'aucun effet) une posture soviétisante, sommant les entreprises de donner une prime aux salariés. Que ne donne-t-il le "bon exemple"?
Les fonctionnaires qui ont progressé le plus vite arrivent au bout de leur évolution de carrière 15 à 20 ans avant leur retraite. Quand le point d'indice ne bouge pas, ils subissent chaque année, pendant ce temps, une perte de pouvoir d'achat nette correspondant à la hausse des prix. Très motivant!
Fillon doit pester, lui qui lors de la "réforme" des retraites de 2004 avait changé le mode de calcul des pensions de la fonction publique auparavant indexées sur le point d'indice, pour les indexer sur l'indice INSEE (il pensait faire des économies): ce dernier croît cinq fois plus vite!
Le candidat Sarkozy (Des couillons l'ont cru, dans la fonction publique, qui ont fait sa campagne sur la foi de ses promesses) avait juré que la moitié des gains réalisés par la diminution des emplois publics seront affectés à l'amélioration de la condition des fonctionnaires. Je veux des fonctionnaires moins nombreux, mais mieux payés.
Il a réalisé un plan social qui a supprimé des dizaines de milliers de postes. Où est la contrepartie?
benjamin.
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