Ou comment récupérer beaucoup d'argent, et de ce fait se donner des marges pour la justice sociale
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La dame de fer brésilienne semble conforter sa réputation en s'attaquant sans complexe à des archaïsmes de la société brésilienne qui coûtent très cher et génèrent un état d'esprit fétide fait de népotisme d'un autre âge (ces politiciens qui s'attachent des obligés en leur obtenant des droits qui sont les leurs par le loi, ces innombrables avocats pus ou moins véreux qui vivent de manoeuvres glauques. Imaginez la France en passe de récupérer 3% de son PIB engloutis dans des dépenses publiques!)
La situation
En matière de retraite, le Brésil est à la fois généreux pour certains (pas ceux qui en ont le plus besoin) quand il s'agit de réversion, que ce soit la veuve éplorée ou les enfants. La pension du disparu est transférée sans abattement aucun au profit de ses proches : son conjoint le plus souvent ; ou, à défaut, ses enfants de moins de 21 ans, voire même ses parents parfois très aisés ou ses frères ou soeurs mineurs. De quoi aider à sécher des larmes...
Cela encourage évidemment la chasse au mariage avec les vieux pas très frais, et les veuves joyeuses sont nombreuses. Il y a même (les pages de faits divers relatent ces situations) des cas où on abrège la vie du pensionné devenu gênant: quand on touchera, quelles que soient les circonstances, la pension du Cher Disparu (cher pour les comptes publics), cela suscite des convoitises. D'autant plus que d'innombrables catégories de salariés - et pas que dans le domaine public - ont droit à une retraite anticipée qu'ils cumulent à loisir avec un salaire ou les revenus de l'entreprise qu'ils ont créés (souvent sans attendre la fin de leurs fonctions) - assurés en outre de bénéficier de la Sécurité sociale grâce à leur statut antérieur: nombre de fonctionnaires fédéraux ou estaduais sont peu ou prou dans la situation de nos militaires de carrière.
Une fois le décès attesté, cette réversion n'est soumise à aucune condition ou aucun critère (de revenu, par exemple) Même dans ce pays de forte tradition chrétienne, point n'est besoin de mariage: l'union stable suffit, même pour un délai très bref avec une bénéficiaire d'un âge très tendre (un des cas les plus spectaculaires: 67 ans d'écart entre le disparu et la veuve éplorée)
Aucune durée minimale n'est exigée pour la vie commune. Nombre de "jeunes veuves" bénéficient d'une pension après avoir seulement accompagné la fin de vie de leur époux vieux ou malade. Et elles continueront de la recevoir si elles se remarient, même avec un homme très fortuné.
Cela vaut même pour un défunt assuré d'un minimum vieillesse, qui n'a pas ou très peu cotisé (il faut toutefois reconnaître que ce minimum vieillesse permet tout juste de manger) Idem, si la veuve travaille voire est très aisée, elle conserve ses droits. D'où les mariages arrangés entre vieillards et femmes jeunes, parfois dans des condtions sordides.
Des équipes d'avocats véreux sont alertées par des soignants hospitaliers (qui touchent une prime), et informent des familles éplorées ( également "récompensées"), pour incitent des hommes en phase terminale, à convoler reconnaître ou adopter des enfants qui recevront un revenu mensuel jusqu'à 21ans.
Le système est dans le collimateur du gouvernement qui présentera un projet de loi qui, comme dans la plupart des pays, encadrera l'attribution des pensions de réversion: durée minimale de l'union, des cotisations, état de dépendance économique obligé, interdiction du cumul d'une pension et d'une autre retraite.
Les pensions de réversion représentent plus de 3 % du PIB, (trois fois plus que la moyenne internationale). Autant que le budget de l'enseignement primaire et secondaire, 56% de tout l'investissement public réalisé en 2010.
La future loi préservera les droits acquis des "jeunes veuves" au nom du principe de non rétroactivité. Espérons qu'au Brésil (comme ailleurs) on profitera des énormes économies réalisés peu à peu pour soutenir les conjoints en activité qu'une mort anticipée plonge dans le drame. Une dona da casa (femme au foyer) dont le mari décède accidentellement pendant qu'il est en activité n'a droit à rien. Même avec des enfants à charge.
Cette réforme de bon sens est combattue par le PSDB de Serra, qui a bâti sa campagne sur la nécessaire entrée du Brésil dans la modernité. Sans commentaire.
benjamin
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