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A propos de ce sujet traité dans France Guyane. Consternation... que dire d'autre?
Assurer sa scolarité, apprendre à devenir adulte tout en étant mère, c'est le combat de plusieurs centaines d'adolescentes en Guyane. Parmi ces jeunes filles, Cécile [le prénom a été modifié], 15 ans, se dit prête à assumer son enfant.
Cécile, 15 ans, vient tout juste d'avoir son enfant. Le 21 mars, à 2 heures du matin, elle accouchait d'une petite fille de 2,5 kg à l'hôpital de Saint-Laurent du Maroni. Elle a été suivie tout au long de sa grossesse et malgré son jeune âge, l'accouchement s'est fait sans difficultés particulières.
Sur le plan médical, rien ne s'oppose (sauf pour quelques cas pathologiques) à ce qu'on enfante tôt. Et en Guyane, même si le réseau sanitaire est une calamité par rapport à celui de l'hexagone, il est meilleur qu'au Suriname voisin ou dans les zones frontalières du Brésil (état de l'Amapa)
Heureuse et comblée, la jeune maman reconnaît qu'être parent est un métier difficile, car « il faut se lever tôt le matin, lui donner à manger, le laver, il faut aller regarder ce qu'il a lorsqu'il pleure, il faut toujours que tu le surveilles. » Et lorsqu'on lui demande si elle a des regrets, elle affirme que non. La jeune fille nous confie qu'elle a toujours eu l'intention de garder son bébé et qu'elle n'a jamais pensé à l'IVG (Interruption volontaire de grossesse).
Ce n'est pas un métier, c'est un état. Celui que connaissent des millions de parents dans le monde et si Cécile est vivante, c'est que sa mère fut dans cette situation. Cela dit autant l'IVG est un droit pour toutes les femmes - et il faut se battre pour qu'il soit généralisé - autant il ne saurait être question de l'imposer à qui que ce soit.
Ses parents n'étaient pas enchantés de la venue de ce bébé, la considérant trop jeune pour assumer les difficultés d'une vie parentale, mais sa mère est aujourd'hui contente et prête à l'aider pour élever cet enfant. D'ailleurs, une fois qu'elle sera retournée dans son environnement familial, son bébé ne manquera de rien. Cécile certifie qu'elle a déjà tout le matériel indispensable aux besoins de sa « petite puce » .En classe de quatrième mais déscolarisée à cause de sa grossesse, Cécile a l'intention de retourner au collège afin de pouvoir terminer son année scolaire. Elle souhaiterait plus tard devenir infirmière.
Pourquoi cette gamine a-t-elle été déscolarisée?
Sauf rare cas de grossesse pathologique, être enceinte n'est pas une maladie, encore moins une maladie contagieuse et on ne voit pas pourquoi, en dehors des congés de maternité règlementaires, l'élève devrait quitter le collège. Une adolescente enceinte fut scolarisée à saint-Georges de l'Oyapock. Elle suivait même les cours d'EPS (avec des exercices adaptés évidemment: une bonne forme physique est une des conditions requises pour un accouchement réussi).
Serait-ce une tartufferie sociétale? ("cachez ce ventre que je ne saurais voir"?) Tout le monde sait, en Guyane, que les adolescents ont pour beaucoup des rapports sexuels très précoces: on en parle dès la sixième dans les collèges pour tenter d'éviter les grossesses anticipées et les IST, mais il faudrait se voiler la face?
Quant à cette gamine aidée de sa mère qui trouve que c'est dur d'élever un bébé tout en rêvant de devenir infirmière, il faut la sortir très vite du royaume des bisounours. La vie, ce n'est pas ça et unbébé n'est pas une poupée.
Née en Guyane, mais originaire du Suriname, elle explique que le père de son enfant, plus âgé qu'elle de dix ans, paiera les dépenses nécessaires aux soins de leur fille. Même s'il n'a pas encore appelé pour prendre de leurs nouvelles, il ne cherche pas à fuir ses responsabilités : « C'est lui qui voulait un bébé » , dit la jeune maman, et il est encore présent dans sa vie. « Il travaille dans la forêt à côté du Suriname avec mon père pour chercher de l'or » , nous révèle-t-elle. Il viendra peut-être les voir ce mois-ci.
Légalement, ce "père" est un pédophile.
La loi interdit les rapports sexuels entre mineurs et majeurs si le plus jeune a moins de quinze ans (ce qui était le cas): en dessous de cet âge on considère qu'il ne saurait y consentement. Les lois sont-elles faites pour être appliquées ou sont-elles virtuelles? Pourquoi la justice ne fait pas son travail en examinant chaque situation au cas par cas? Récemment, un habitant de Saint-Georges dans la même situation a été jugé, déclaré coupable mais dispensé de peine (sauf mise à l'épreuve) parce que l'enquête sociale comme le témoignage de la grand-mère ont attesté qu'il se comportait en conjoint et en père de famille attentif et dévoué.
Là, le géniteur (comment parler de père?) ne cherche pas à fuir ses responsabilités. Mais il n'a pas encore pris de nouvelles de la mère et de l'enfant. Il viendra peut être les voir. De qui se moque-t-on? Ou nous avons affaire à un amateur de chair fraîche quelque peu pervers (planter un gosse et disparaître) ou à un type immature incapable de séduire une femme de son âge. Désolé d'être trivial, mais dans ce cas et puisqu'elles ne manquent pas dans la région, qu'il aille aux putes!
Les dépenses à prévoir sont lourdes, mais l'adolescente sait déjà comment y remédier.On lui a expliqué qu'il existait des aides pour prendre en charge son enfant dans de meilleures conditions. Ses soeurs et ses amies ont elles aussi enfanté très jeunes donc elle ne craint pas d'être jugée ou pointée du doigt par son entourage.
C'est là que le bât blesse. la société, sans contrepartie demandée, pallie les carences "parentales" sur le plan matériel. C'est un peu facile de clamer "qu'on assume sa maternité" quand c'est le contribuable qui paye...
Cela dit, Il y a d'autres paramètres à prendre en compte que le simple aspect financier: il est très réducteur et crypto-raciste,de susurrer que ces gens là ne pensent qu'à utiliser les ventres pour subvenir à leurs besoins; Il y a des causes très complexes, qui relèvent de l'histoire, de la mutation trop rapide de certaines société, etc.
Nous en reparlerons dans une suite à ce billet.
benjamin
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