le mouvement étant mensongèrement présenté comme un "appel à l'alternance" politicienne
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Cela fait maintenant une semaine que des dizaines de milliers de jeunes campent sur une des places les plus célèbres de Madrid, excédés par les conséquences d'une crise économique dont le peuple est seul à subir les effets.
Ils ont bravé l'interdiction de manifester, sous prétexte d'élections locales qu'il ne fallait pas perturber. Un signe: le pouvoir n'a pas osé faire donner la police (et les manifestants n'ont absolument pas perturbé les élections dont ils n'attendent rien)
Et la bonne presse "d'analyser". Ce serait le rejet de Zapatero, du socialisme donc - évidemment! - l'adhésion à la droite dure.
Pourtant...
Le mouvement, qui rassemble beaucoup de jeunes, mais aussi des citoyens de tous horizons, a surgi le 15 mai via les réseaux sociaux, pour très rapidement s'amplifier, gagner tout le pays et se structurer. Spontané, coloré, pacifique, laboratoire d'idées pour des réformes à venir, ce mouvement citoyen, qui se veut apolitique, dénonce l'injustice sociale, les dérives du capitalisme, la «corruption des hommes politiques».
Mais surtout, il trahit l'angoisse de millions d'Espagnols face au chômage, qui atteint 21,19% et touche près de la moitié des moins de 25 ans sans emploi. Et aussi la défiance envers les grands partis politiques, les socialistes et le Parti Populaire. «Bien sûr, bien sûr qu'ils ne nous représentent pas», est l'un des slogans répété à l'infini chaque nuit à la Puerta del Sol. (AFP)
D'une part, pour que ce soit le rejet du socialisme, il faudrait qu'il y ait eu une politique socialiste.
Or là comme ailleurs en Europe, il n'y a qu'une vague teinture sociétale rose pâle pour mieux faire passer la pilule des idéaux néo-libéraux. Qui partout en Europe a entraîné la déroute des "socio-traitres" à l'échéance de leurs mandats.
Le "modèle économique" espagnol (qu'on nous citait en exemple avant cette crise, faut-il le rappeler? "Ah si nous avions en France des socialistes aussi sérieux que les Ibères"...) a décuplé les effets d'une crise mondiale par un recours aberrant au crédit encouragé par des banques que là comme ailleurs on a préféré sauver, plutôt que les laisser crever comme crèvent toutes les entreprises qui font des choix erronés. On préfère plonger dans la récession et la faillite de l'Etat, que de larguer des racketteurs et des voleurs.
D'autre part, il est plus qu'hasardeux de dire que les néo-franquistes (la droite espagnole) profitent outrageusement de ce rejet. Certes ils vont gagner les élections locales comme partout gagnent des opposants en temps de crise, mais on ne sent réellement pas une aspiration au retour à la droite dure. Qui d'ailleurs pouvait renverser quand elle voulait Zapatero privé de ses "alliés" catalans, et qui s'est abstenue de le faire. Pas folle, la guêpe: le bâton merdeux, on le laisse dans les mains des autres.
Les jeunes Espagnols (qui subissent un taux de chômage de 40% quand la moyenne nationale est de 21,5%) manifestent pacifiquement sur cette place Puerta del Sol et veulent un changement de société; pas des arrangements politiciens. Ils montrent autant d'indifférence pour les séides d'Aznar que pour Zapatero (qui de toute manière quittera le pouvoir en 2012 après avoir joué son rôle de bon petit soldat fossoyeur du socialisme) et seul l'avenir dira si la mayonnaise prendra, et si leur mouvement entraînera la société espagnole vers un changement profond - qu'on espère par des voies pacifiques (Zapatero a fait preuve de sagesse à leur égard jusqu'ici en s'abstenant de réprimer... pas sûr - euphémisme - que ce pur salaud d'Aznar qui n'a pas hésité à tenter d'exploiter un attentat terroriste pour se maintenair au pouvoir aurait fait de même)
C'est tout le bien qu'on souhaite aux Espagnols, ce changement de société. Parce que des pays qui s'accrochent à des idoles pour ne pas remettre en cause un système qui s'avère défaillant sont des pays foutus. Comme la France est en passe de l'être.
benjamin
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