Abidjan, sous-préfecture et Ouattara, préfet de la République française.
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On ne saurait être plus clair: la Françafrique est resplendissante.
C'est devant la communauté des Français de Côte d'Ivoire, encore marquée par six mois de tensions et violences postélectorales, que le président a annoncé, samedi 21 mai, le maintien d'une présence militaire française en Côte d'Ivoire.
Nicolas Sarkozy s'exprimait au retour de la cérémonie d'investiture le matin même à Yamoussoukro, du nouveau chef de l'Etat ivoirien, Allassane Dramane Ouattara. Elu en novembre 2010, sa victoire fut violemment contestée par son prédécesseur laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril grâce à l'intervention de la force française Licorne stationnée à Abidjan.
Devant plusieurs centaines de Français réunis sur la base militaire de Port-Bouët, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'après le départ de Licorne, établie en 2002 sous mandat de l'ONU pour maintenir la paix après la tentative de coup d'Etat des rebelles du Nord puis pour garantir la sécurité du processus électoral, "nous garderons une présence militaire permanente, ici, pour protéger nos ressortissants (une dizaine de milliers de personnes)". (envoyé spécial le Monde)
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La question n'est plus de savoir si Ouattara est légitime et Gbagbo illégitime. Cela relève des Ivoiriens (et l'objectivité commande de signaler qu'il semble bien que c'est le premier qui a gagné les élections). Mais on doit constater que...
- Ce sont les Français qui ont posé Ouattara sur le siège présidentiel, et on fait mieux pour établir une légitimité morale: ils sont rares, les Coblençards ramenés dans des fourgons d'armées étrangères qui ont acquis une légitimité morale et politique.
- Que les milices de Ouattara ont été au moins aussi sanguinaires que celles du "boulanger" Gbagbo.
- Qu'annoncer devant des Français résidents qu'une troupe d'occupation sera maintenue en Côte d'Ivoire et non au cours d'entretiens bilatéraux avec les gouvernants de ce pays, cela montre de manière éclatante le peu de considération qu'on a pour les Ivoiriens et leurs dirigeants, traités comme de simples haut-fonctionnaires de notre pays.
Quant à l'argumentation "protéger les résidents français au nombre de 10.000"... On attend avec intérêt les réactions quand Obama enverra des Marines protéger ses compatriotes nombreux en France (voire quand ce sera Mohamed VI ou Boutaflika avec leurs centaines de milliers de leurs ressortissants chez nous, qui enverront leurs régiments).
Au fait là encore... Quel débat démocratique chez nous, avant la prise d'une telle décision? Quel mandat international?
benjamin.
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