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L'honorable félidé a commis un billet auquel je souscris pour l'essentiel: l'Europe des rêveurs.
Voilà ma contribution, légèrement amendée.
Je ne l’aurais pas dit comme ça, mais je ne vois rien à objecter.
On ne crée pas du néant à partir du néant, et sauf la proximité géographique (très relative) je ne vois pas ce qu’il y a de commun entre un Bulgare et un Portugais, un Suédois et un Maltais, un Luxembourgeois et un Grec…
Des apparentements aussi improbables, je pourrais en citer des dizaines. En plus avec l’accélération des moyens de communication, la proximité géographique est de moins en moins importante (voyages facilités, internet, etc.)
Pour créer quelque chose de viable, il faut partir d’éléments concrets et n’en déplaise aux européistes bêlants, en Europe il n’y a que les nations, les états, qui correspondent à des concepts tangibles (ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas les dépasser: le Texas c’est quelque chose, le Massachusetts aussi et s’ils coexistent, s’ils font des choses ensemble, c’est bien parce qu’ils sont des entités reconnues comme telles et très soucieuses de leurs particularismes)
Le dollar, c’est aussi quelque chose de tangible parce qu’il est fondé en grande partie sur une politique (la Fed est autonome, pas indépendante) et sa gestion répond à une myriade de critères dont l’intérêt économique bien compris des USA, pas seulement la lutte contre la "hausse des prix" (cf. le traité de Maastricht au nom duquel l’ineffable Trichet a pu répéter des années durant que le mal absolu était la hausse des salaires – mais curieusement pas des dividendes): il suffit de voir les fluctuations de ce dollar, qui correspondent parfaitement aux intérêts de la nation américaine quand l’UE crève (entre autres maux) d’un euro trop fort, qui lui impose un handicap terrifiant sur le marché des exportations.
On ne parlera pas en plus de la duplicité d’une "construction européenne" antidémocratique au possible, de sa connerie.
Par exemple, la création d’un poste de "ministre des affaires étrangères de l’Europe" alors que nous n’avons – et c’est heureux – aucune politique étrangère commune. Parce que concilier les intérêts des Rosbifs qui ont toujours annoncé la couleur ("chaque fois que nous aurons à choisir entre le continent et le grand large – sous entendez les USA avec qui ils ont une relation 'spéciale' – nous choisirons le grand large") et les Teutons qui viennent de divorcer d’avec la France, de façon à peine amiable (bravo Sarkozy), et ne voient plus que vers la conquête d’un leadership à l’est, c’est fort de café.
Surtout quand on confie ce ministère à une représentante du pays le plus eurosceptique qui soit.
On citera aussi la contradiction chez les Européistes bêlants, à 95% des régionalistes forcenés qui ne jurent que par fédéralisme et décentralisation, mais couvrent les actes d’une bureaucratie bruxelloise tentaculaire qui intervient dans tous les actes de notre vie quotidienne. Pour eux, une loi votée par leur parlement est forcément liberticide quand une directive bruxelloise qui décidera du sort de leurs abeilles, de la contamination de leurs cultures bios par des OGM, de l’alimentation des flamants roses dans les zoos (sic), c’est nécessaire à la "concurrence libre et non faussée"…
Mais que cette UE qui négocie au nom de tous ait assassiné 80% de notre tissu industriel en permettant l’entrée libre de marchandises venues de pays où on fait bosser des gens 80h par semaine pour 200 dollars par mois en pillant allègrement notre matière grise en plus (espionnage industriel, contrefaçons), ça ne les gêne pas.
L’Européiste bêlant, à 98%, c’est un protégé par son statut social. Par exemple un trader qui veut la concurrence libre et non forcée et la fluidité des flux monétaires pour faire péter la thune en achetant avec de l'argent qu'il n'a pas pour vendre des trucs qu’il ne possède pas mais en empochant les plus values sur les "bénéfices", d’une Bourse à l’autre et sans entrave.
Ou un travailleur de très haut niveau de qualification qui veut pouvoir vendre ses satellites, ses airbus, ses grosses bagnoles de luxe très sophistiquées (les autos teutonnes… sur ce créneau elles n’ont encore que peu de rivales. dans trente ans quand les Chinoises les consurrenceront, on "rira jaune" outre Rhin).
L'ingénieur d’AIRBUS veut l’UE et le libre échange pour sauver son emploi. mais il n’a aucun état d’âme, pour celà, à laisser tuer en compensation des millions d'emplois peu qualifiés (par exemple, dans le textile).
Comme il est évident qu’aucune société ne peut créer 95% d’emplois à "haute valeur ajoutée", il se positionne en aristo qui dominera une plèbe à son service (entre sa femme de ménage, la caissière de son supermarché, un peu plus haut son " coach" de tennis, son ‘masseur certifié bien être’ et la baby-sitter des lardons). Ajoutez à ça la casse de l’ascenseur social par la destruction de l’enseignement public, et la boucle est bouclée: chacun demeurera à sa place et les gens d’en bas y resteront puisque si d’aventure ils râlent, le recours à la main d’œuvre encore plus mal payée d’autres pays européens viendra calmer les ardeurs revendicatrices… succédané de la directive Bokelstein le permettant)
Ce n’est pas pour rien que le pays le plus europhile est un pays… qui n’existe plus: la Belgique.
Heureusement, que l’Europe de la défense citée par le Chat échoue! Avec elle, les Rosbifs nous auraient embarqués en Irak en 2004…
En revanche (le sujet me tient à coeur), aucun effort n’a été accompli pour une Europe de la défense civile.
En cas de catastrophe majeure, qu’elle soit naturelle ou d'origine humaine, c’est encore du "chacun pour soi" et si assistance réciproque il y a, ce sera dans l’impréparation et l’improvisation!
Il y a quelques années, il a fallu dix jours pour que l’UE se décide à envoyer des bombardiers d’eau sur un Portugal en feu, dont une ville de 300.000 habitants (Coïmbra) était directement menacée.
Lors du séisme de l’Aquila, ce guignol de Berlusconi a interdit par chauvinisme pur l’aide des équipes de secours parfaitement entraînées et aptes à travailler en solo pouvant venir de France et d’Allemagne.
Quand Arles s’est retrouvée sous trois mètres d’eau, il a fallu une semaine pour qu’on réalise que seuls les Allemands avaient les pompes mobiles assez puissantes pour régler le problème, et que les Bataves avaient un savoir faire ancestral en matière de digues. On avait oublié de solliciter. Une semaine de plus pour les faire venir
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On vous donne un "passeport européen"… mais si vous avez la guigne quelque part dans le monde il n’y a aucune mutualisation des services consulaires: dans telle ou telle villes, quinze consulats européens seront voisins quand à 1000km de là, ce sera le désert diplomatique et la galère en cas de perte de papiers ou d'ennuis avec la justice locale.
Mais il faut se sentir "européen"?
Pardon mais pour ma part, je me sens français avec des affinités particulières liées aux hasards de la vie et le Brésil, le Portugal, la Wallonie, les composantes de l’ex Yougoslavie, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, Cabo Verde, le Suriname compteront toujours plus pour moi que la grande Bretagne (par antipathie non vis à vis de ses habitants mais vis à vis du mode de vie que je respecte… pour eux et chez eux), la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie (pays qui me répugnent quand je vois comment ils traitent leurs minorités - et ça ne va pas en s’arrangeant). L'Indonésie me fascinerait, tout comme le Cambodge quand la Roumanie m'indiffère à un point qui donne une idée de l'infini, comme les pays baltes.
Français, oui. Citoyen du monde davantage. L’Europe telle qu’elle est, celle des seuls faiseurs de fric et de contraintes? Rien à cirer!
benjamin
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