Le faux gentil ne cogne pas avec le dos de la cuiller.
_______________________
Présenter Nicolas Hulot comme un doux agneau égaré au milieu des loups de la politicaillerie, c'était sans aucun doute un peu fort de café tant le bonhomme a grenouillé dans le monde du fric et des accointances pour le moins douteuses. Ses revenus plus que confortables concordent mal avec la sincérité d'un engagement écolo sans faille, surtout quand on connaît le nom des bailleurs de fonds: L'Oréal, Bouygues, AREVA, EDF et bien d'autres. Si pas mal de gens meurent des conséquences de politiques environnementales défaillantes, il y en a d'autres que ça fait vivre, et tès bien vivre.
Mais le fait est, que Mr Hulot a sous estimé les compétences manoeuvrières de la faune verdâtre, les moyens que sont capables d'employer ces gens là (par ailleurs toujours prêts à donner des leçon de morale et de vertu au monde entier). Ils n'ont pas de mots assez durs envers leurs "alliés" communistes ringards et - injure suprême - productivistes, mais des méthodes d'appareil de nature stalienne, ils ont capté toutes les ficelles.
Mal remis de la branlée qu'il a ramassée lors des primaires devant désigner la candidate d'EELV (anciennement: les Verts), Hulot balance (et pas qu'un peu).
"On a tout fait pour me compliquer la tâche: le calendrier, le périmètre de vote. Moins d’un quart des gens inscrits sur mon site ont pu voter tellement la procédure était compliquée (…) Ensuite, on a commencé à voter immédiatement après la fin du premier tour, alors que dans n’importe quelle élection à deux tours, il y a toujours un délai. C’est de la folie"
"Dans ses professions de foi [[de Stéphane Lhomme]], il y avait des passages délibérément insultants et mensongers à l'égard de Nicolas Hulot. Il a franchi la ligne rouge. Il n'a pas fait la totalité des modifications que nous lui avons demandées. Nous étions sur le point de ne pas les envoyer mais Nicolas Hulot a accepté qu'elles le soient. D'une certaine manière il ne participe au sprint final que parce que Nicolas l'a bien voulu" (selon Meireu, soutien de Hulot)
"Eva (Joly) a été incapable de s’affranchir des attaques". Hulot reproche à l’ancienne magistrate de n’avoir 'pas eu un mot' lorsqu’il avait reçu d’un militant un seau d’épluchures sur la tête, lors d’un déplacement le 9 juillet. 'Tout ça n’est pas très noble. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cela ne donne pas très envie d’y rester'."
On notera que chez ces gens là, en général doux pacifistes dans les mots, les attaques visant à humilier l'adversaire en l'agressant de manière ignominieuse (quoi de plus insultant que de couvrir quelqu'un d'ordures?) ça n'entraîne pas de réaction majeure et en tout cas pas l'expulsion immédiate du coupable. Si Hulot avait cassé la gueule du malotru ou s'il avait porté plainte au pénal et au civil, cela aurait sans doute été lui le facho. Sûrs de détenir la vérité, tout est permis à ces fanatiques. La providence fasse qu'ils n'aient jamais une parcelle conséquente de pouvoir: on en reviendrait aux tabassages ou aux verres d'huile de ricin ingérés de force imposés par une minorité sûre d'agir pour le bien.
Nicolas Hulot évoque un "immense gâchis" et estime que "cela ne sert à rien d’insister. Si je ne leur apporte pas grand-chose (à EELV), il vaut mieux que je reprenne une autre forme d’engagement"
Il demeure dans le domaine de l'euphémisme, parce que la violence des attaques portées contre lui (même si elles ne sont pas infondées) sur ses accointances avec les puissances financières et ses liens douteux avec des politiciens qui sont à l'écologie ce que des proxénètes sont à la condition féminine - Sarkozy directement, Borloo de façon infiniment plus subtile - rendent plus qu'illogique la sollicitation par Joly et sa cour, d'avoir Hulot à leurs côtés pour la suite. Comment la Vertu peut-elle s'allier au Vice Suprême pour triompher? Lors de la campagne interne à EELV, Hulot non seulement "n'apporterait pas grand chose" selon les Verts Canal Historique, mais c'était mêmele Grand Satan. Dans ces conditions, ce serait paradoxal de le solliciter...
"La personnalisation de la politique, on peut la regretter. Mais dans ce cas-là, à quoi bon me faire la danse du ventre pendant des années pour que je vienne les rejoindre? C’est tout le paradoxe de leur attitude", poursuit Nicolas Hulot."«De Jean-Vincent Placé à Dany Cohn-Bendit, en passant par Cécile Duflot et Noël Mamère, ils n’ont eu de cesse de me demander de les rejoindre.
Mamère m’a dit que j’étais le seul candidat possible. Et pourtant, il fut le premier à m’envoyer des banderilles à partir du moment où je me suis présenté. À un moment, je ne sais pas quel diplôme de psychologie il faut avoir pour comprendre leur fonctionnement".
Alors là mon poteau, si tu as assez de naïveté pour te fier une seconde à l'attitude d'un Mamère ou d'un Placé, vu les innombrables compromissions et magouilles dans lesquelles ils ont trempé et continuent de tremper, les mensonges qu'ils ont proférés (y compris sur des sujets mineurs du genre "oui, oui, je me rends tous les jours à l'Assemblée nationale en vélo") tu as plus que largement mérité ta rouste. Il y a une certain niveau de connerie et de naïveté à partir duquel ces défauts devraient devenir des délits quand on aspire à exercer des responsabilités.
Quant à Cohn-Bendit (sans doute contacté entre deux matchs de football), il a subi le même sort que toi, mon pauvre Hulot: sur son nom, EELV fait un carton aux Européennes, on l'a jeté à la poubelle (sans le recycler) juste après! Donc des conseillers de cet ordre, faut être maso pour les écouter...
"Les médias sont conditionnés par la façon traditionnelle de faire de la politique. Les électeurs aussi. Et plus que les électeurs, les militants. Ils aiment les formules, ils aiment les ennemis désignés. Prononcez cinq fois le mot Sarkozy dans un discours: vous provoquez des orgasmes…"
Bisounours ou faux-cul, là, Hulot? Homme de média s'il en fut, il devait être le premier à le savoir! Et des orgasmes, combien n'en provoqua-t-il en parlant de bébé-phoques, d'ours polaires, ou d'autres espèces réellement ou prétendument menacées mais qui avaient toutes pour elles une qualité: l'impact médiatique et le capital de sympathie souvent irrationnel qu'elles suscitent.
"Ce qui est très étonnant chez les écologistes, c’est que certains ne s’appliquent pas à eux-mêmes les valeurs qu’ils prônent pour les autres. La sensibilité écologiste dans la société ouvrait une voie royale à Europe Écologie. Mais, à mon avis, là, tel que c’est parti, c’est raté."
Des noms, des noms! Des précisions! Pour la conclusion, je suis pleinement d'accord...
Cela dit, ne nous faisons pas de souci pour Nicolas Hulot: il pourra refaire péter la thune à TF1, se faire débaucher par Sarkozy ou son remplaçant dans le cadre d'un pseudo Grenelle 2 à grand spectacle (suivi, trois mois après, d'un: "l'écologie ça commence à bien faire") ou se retirer sur son Aventin, fonder son Eglise concurrente. Mon pronostic? La seconde option.
benjamin
Les commentaires récents