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Le camarade Hollande nous la joue plus rigoureux que moi tu meurs, dans un entretien accordé au Monde.fr.
Le problème, c'est qu'il nous prend pour des billes comme le démontre cet extrait.
Plutôt que de crier à l'atrocité des marchés, la seule réaction doit être l'organisation de l'Europe à la fois dans ses mécanismes de solidarité et le gouvernement économique de la zone. Il n'y a pas d'exemple dans l'histoire d'une monnaie qui n'est pas encadrée par une autorité politique.
Le problème, c'est que lors de toutes les étapes de la soi-disant construction européenne, Hollande a fait partie de ces gens qui ont contribué à nuire à ce qu'il réclame. Il ne faut pas croire que tous les lecteurs sont atteints de démence sénile: le traité de Maastricht a été soutenu par la grande majorité du PS (dont Hollande) et c'est là qu'il a été prévu une monnaie pilotée par une BCE indépendante: donc qui ne sera pas pilotée politiquement puisqu'en plus la seule mission de la BCE c'est la lutte contre la "hausse des prix" et pas le soutien à l'économie.
Quant à parler de gouvernance économique... étant donné que le PS a validé voire encouragé les entrées de pays qui s'y refuseront toujours, que de ce fait le "pouvoir" sera toujours bridé par les abandons de souveraineté qu'il a consentis malgré la volonté populaire souveraine (TCE rejeté massivement, adopté par l'UMP, le MODEM et le PS sous la forme du Traité de Lisbonne qui est son clone) c'est se moquer de nous que de prétendre que nous y aurons recours lorsque nous serons aux affaires.
Gouvernance monétaire? La Grande Bretagne qui est en dehors de la zone euro et qui tire une grande partie de ses revenus des activités casino de la City haussera les épaules.
Financement du budget européen en partie appuyé par une taxe sur les transactions financières voulue par la quasi totalité des politiques français (pour certains longs à convaincre mais enfin résignés), dans une moindre mesure par les Allemands? Outre les Rosbifs, le Luxembourg, les Pays-bas, le Danemark comme de nombreux autres pays s'y opposeront catégoriquement et nos politiciens le savent fort bien: de ce fait leur posture n'est que gesticulatoire et hypocrite.
Couple franco-allemand, moteur de l'Europe? C'est le plus grand "succès" de Sarkozy, que d'avoir entraîné le divorce entre les conjoints. Dans l'après-guerre - donc un contexte psychologique particulier qui rendait cette union quelque peu contre nature, la IVe République a pu créer la CECA qui étaiet fondée à 80% sur cette union. De Gaulle, européen fervent malgré ce qui se raconte mais européen réaliste: partisan d'une Europe des nations a su persévérer dans cette voie comme ses successeurs - et ce malgré de multiples dissonances politiques: nombreux furent les couples sociaux démocrates à l'ouest et de droite à l'est (ou vice versa) qui parvenaient à s'entendre sur l'essentiel.
Cette Europe à 27 (quel monstre!) qui unit des pays n'ayant aucune histoire commune, aucune langue commune, aucune tradition commune, aucune histoire commune (sauf quand cette histoire les opposa dans des conflits épouvantables qui laissent des rancoeurs tenaces), aucune convergence économique, aucun standard de niveau de vie comparable, aucune loi sociale permettant une concurrence acceptable, dont l'association s'est faite dans le meilleur des cas sans demander l'avis des peuples, dans la plupart des cas contre leur volonté, est par essence vouée à la paralysie, à la défiance vis-à-vis de l'autre. A se déliter, et le plus tôt sera le bien pour qu'on puisse rebâtir su sérieux, sur des bases solides, entre pays qui le souhaitent.
Officiellement bâtie pour favoriser la concorde, elle ne peut que générer repli sur soi, haine de l'autre, xénophobie. Surtout quand on constate sa permissivité sur l'essentiel: examinez la nouvelle gouvernance hongroise: xénophobie et racisme institutiuonnalisés, rétablissement de la censure, fin de la séparation des pouvoirs par limitation drastique des capacités d'intervention du parlement et de la Cour constitutionnelle, réhabilitation du maréchal Horthy auprès de qui Pétain n'était qu'un gentil boy-scout, irrédentisme gouvernemental qui tend à revendiquer les frontières d'avant 1919 (donc empiéter sur d'autres pays de l'UE!), le tout dans un silence pesant et coupable. Munich, à la puissance dix. Non, pas tout à fait le silence, puisque Wauquiez, notre ministre des Affaires européennes, a donné blanc seing à ce mode de gouvernance (qui se ressemble, s'assemble?)
Au temps de la pragmatique CEE, Europe des nations, on a fait lanterner l'Espagne et le Portugal pour beaucoup moins que cela alors même qu'ils s'étaient débarrassés de leurs dictateurs, avant de les admettre très progressivement, étape par étape, pour que leur entrée se fasse sans bouleversement excessif tant pour eux que pour les "anciens".
Voilà où nous en sommes arrivés. Depuis Maastricht, à peu près partout dans l'UE, à qui a profité le crime? Aux partis xénophobes, racistes, haineux, partisans du repli sur soi et de l'exclusion de l'autre. Quelle est la réponse des Européistes bêlants? Ces citoyens d'en bas ne sont que de vils populistes qui ne comprennent rien. Et au non de ce postulat, on part dans une fuite en avant qui mènera à la catastrophe, à coup sûr, sauf si nous parvenons à leur clouer (enfin) le bec et à revenir à une construction démocratique faite par les peuples et pour le speuples (et non au seul service de la finance spéculative)
benjamin
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