_____________________________
Lire la première partie (lien)
Antoine Pinay - François Hollande
Dans le précédent article que nous avons cité, le "camarade" Hollande chausse les bottes du petit père Pinay (l'attirance pour les petites filles en moins), celui qui a "rétabli les finances de la France" si on en croit la légende (parce qu'il a surtout décuplé le patrimoine des rentiers avec son emprunt au revenu net d'impôt adossé sur les cours de l'or): le Corrézien se mue en père la rigueur. Plus orthodoxe que moi tu meurs et après mon mandat, quand on comparera la France à la Suisse, cette dernière ressemblera au Zimbabwe.
Sarkozy et sa clique jurent - croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer - qu'avec eux, le déficit public tombera sous la barre des 3% "fatidiques" du PIB d'ici 2014 - ce qui est aussi crédible qu'un Voecler qui affirmerait mettre 45 mn dans la vue de ses rivaux dans la seule montée de l'Alpe d'Huez.
La recette de Sarkozy (pour ne pas parvenir à l'objectif)? Tenir pour postulat que la croissance oscillera entre 2 et 2,5% dans les années à venir alors que chacun s'attend à une récession (on a communiqué à grands sons de trompes sur le bon résultat affiché au premier trimestre; silence radio sur le résultat piteux du second).
Tailler dans le vif de toutes les dépenses nécessaires, et raboter quelques niches fiscales - celles qui profitent au petit peuple mais surtout pas à la caste des très privilégiés. A titre d'exemple, les crédits du SAMU social ont été rabotés de 25% alors que les besoins ne cessent de croître; l'aide alimentaire aux plus démunis diminue de façon drastique (l'état amplifiant la décision de la bienfaisante technocratie bruxelloise qui l'a divisée par quatre); la fiscalité de la reprise par un conjoint de l'appartement commun en cas de divorce a triplé... Cela touche pour l'essentiel des femmes seules qui élèveront des enfants à leur charge. En revanche les vraies niches (la niche Copé sur les bénéfices d'entreprise, celles sur les 'investissements' en outre-mer, vaste foutaise etc.), on n'y touche pas de même qu'on abaisse à quesiment rien le rapport de l'ISF
Hollande, lui, fait plus fort. Il promet atteindre cet objectif sera atteint dès 2013! Cela signifie, sans dépense supplémentaire, dégoter 60 milliards d'euros en dix-huit mois dans un contexte économique des plus atones. A son crédit, on concèdera qu'il dit la vérité en admettant que cela ne se fera pas sans impôt supplémentaire, en plus de dépenses à contenir (tout en promettant quelques milliards dont l'objectivité commande de dire qu'ils sont bien ciblés).
Bref trouver 80 milliards (si on intègre ces dépenses) en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Comme il ne pourra pas faire payer que les riches puisqu'il a contribué à engluer la France dans un système qui l'interdit - la totale liberté de circulation des capitaux contre laquelle les socialistes ne se sont jamais opposés, plus d'autres paramètres: interdiction faite aux banques centrales de prêter à moindre coût aux états que les banques privées etc. - cela infligerait une saignée monstrueuse... à un blessé souffrant d'hémorragie massive (c'est comme ça qu'on a soigné le duc de Berry poignardé pendant la restauration: vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il en est mort).
Pourquoi faudrait-il, selon lui, aller aussi vite?
Dans le projet socialiste, il est question de ramener les déficits à 3 % du PIB en 2014. N'est- ce pas trop tard ?
Il faut rééquilibrer nos comptes publics dés 2013.
Dès 2013 ?
Oui. Je ne le dis pas pour céder à je ne sais quelle pression des marchés ou des agences de notation mais parce que c'est la condition pour que notre pays retrouve confiance en lui. Nous ne pouvons pas laisser gonfler la dette publique au risque de faire de la charge de nos intérêts le premier budget du pays, ce qui altèrerait toutes nos marges de manœuvre. La dette est l'ennemie de la gauche et de la France. Si je suis élu, la première réforme du quinquennat sera la réforme fiscale. Le candidat qui annonce qu'il n'y aura pas d'effort supplémentaire après 2012 sera un président qui se parjurera.
Pardon de le dire, mais là il se touche. Parce que promettre du sang, de la sueur et des larmes à des gens déjà inquiets qui in petto savent que l'objectif qu'on leur fixe est irréaliste, c'est les angoisser davantage. En plus de ce qu'on leur piquera sous forme d'impôts supplémentaires et que de ce fait ils n'injecteront pas dans l'économie, il y aura tout ce que ceux qui le peuvent épargneront en prévision de jours pires encore, et pas sous forme productive: les vendeurs d'or ont de beaux jours devant eux quand les entrepreneurs qui créent richesse et emplois sont mal partis.
On ne parlera plus de croissance mais de récession avec ce qui peut l'accompagner et qui est le pire en cas de crise: la déflation. Aubry s'est sentie obligée de rejoindre Hollande sur ce terrain de l'orthodoxie monétaire (on voit ce qu'il en coûte à la Grèce: plus elle paye, plus son patrimoine est bradé et plus sa dette s'accroit).
On connaît désormais l'ambition des deux "concurrents": jouer les bons petits valets serviles de la finance spéculative au nom de la social démocratie raisonnable, celle qui sait de quoi elle parle, des collabos comme Zapatero et Papandréou (Socrates a jeté l'éponge) qui, pour garder à tout prix le pouvoir, se muent en néo-libéraux. On leur concédera une certaine forme de franchise sur ce terrain parce que leur concurrente Royal, à part de vagues généralités générales, on ne l'a pas entendue sur ce terrain (sans doute attend-elle l'avis des jurys citoyens).
Quelle alternative? Dire la vérité... à savoir qu'un pays qui est englué dans la spirale de la dette depuis 40 ans (ça a commencé avec le premier choc pétrolier en 1973), qui connaît un capital dû considérable ainsi qu'un gros déficit n'est pas à deux, trois ou quatre ans près pour en sortir.
Oui, pour le contribuable comme pour les sacro-saints marchés, il faut tenir un discours rassurant: mais le seul discours rassurant, c'est celui de la vérité! Au delà du mode incantatoire, le retour dans les clous est impossible en 2014 et a fortiori en 2013 sauf à administrer une potion qui tuera le malade en le guérissant. Un plan de sortie mené avec rigueur, sans concession aucune, sur dix ans serait infiniment crédible. Ne pas parier sur des taux de croissance dont chacun sait qu'ils sont mensongers, mais partir de taux réalistes: de 1 à 1,5% par an en tenant toute amélioration pour une divine surprise affectée presque exclusivement au remboursement de la dette.
Et surtout, instiller dans l'esprit des citoyens que si des efforts sont nécessaires (sans dramatiser) ceux ci seront répartis avec équité et justice d'une part, et qu'ils en tireront les fruits d'autre part.
Contrairement à ce que pas mal de cuistres veulent nous faire avaler pour faire passer la pilule (amère): l'économie n'est pas si compliquée que cela, et la comparaison vaut entre la gestion d'un pays et celle d'un ménage en difficulté. Ce dernier a en général intérêt à compter avant tout sur lui même et pas sur des soutiens aléatoires susceptibles de le lâcher au plus mauvais moment, et pour éviter la faillite, la sortie du surendettement passe par une restructuration du crédit avec allongement des durées d'emprunt. Les mensualités diminuées, le ménage retouve sa solvabilité, sa confiance en l'avenir et la faculté de pallier un aléas. Ce n'est certainement pas en lui retirant de quoi même nourrir ses gosses, qu'on le tirera d'affaire.
benjamin
Les commentaires récents