Le vélo pour les nuls - Pourquoi ne se refait-on pas la cerise dans les descentes ?
(le sujet annoncé plus tôt correspond parfaitement à l'étape du jour)
D'abord, à cause du temps qu'on y passe. Imaginez une pente à 10% de 20 km de longueur. Les cadors, en tête, vont demeurer environ une heure à 100% de leurs capacités, en veillant à ne pas se mettre dans le rouge (là c'est le naufrage absolu): si la fréquence cardiaque maximale est de 190, par exemple, pas question de passer à 192, même un bref moment.
Supposons une descente sur l'autre versant, à peu près équivalente en longueur. Effectuée à 80 km/h de moyenne, on la réalise en 15mn. Une heure d'effort total suivi d'un quart d'heure de dégringolade, le compte n'y est pas.
En outre on arrive en général au sommet du col avec moins de lucidité, tant on a fourni d'efforts. De ce fait il faut entamer la prise de risque (maximale) avec un cerveau en partie privé d'oxygène et de glucose, et très souvent les premiers lacets comptent lourdement : prenez en un ou deux "à l'envers" (la trajectoire idéale non obtenue), faites vous une frayeur avec un blocage de roues ou un tout-droit même partiel et l'adrénaline empêche le cœur de retrouver un rythme normal.
Il y a aussi le problème de la température corporelle à gérer : même par temps clément, une montée du Tourmalet, par effet joule, vous transforme en chaudière et la descente combinée avec le vent glacial dû à la vitesse plus la rupture (très relative) dans la débauche d'efforts physiques vous "refroidit" en une fraction de secondes et cela nuit à l'élimination régulière des toxines. De ce fait, lors de la montée suivante les jambes font très mal.
Ajoutons les problèmes de morphologie : un Cancellara (Spartacus), un Cavendish, un Hushovd, pèsent 10 à 15kg de plus qu'un grimpeur et sont souvent, par formation, mieux habilités à prendre la bonne trajectoire soit parce que comme rouleurs ils y sont accoutumés, soit parce que comme sprinteurs ils sont naturellement kamikazes. C'est aussi ce qui explique que le gruppetto qui a monté "au train" derrière les cadors, en 20 mn de plus, se rapproche souvent d'eux dans des proportions significatives dans les descentes : ils ne se sont pas livrés à fond, eux.
Enfin, le cerveau très sollicité est lui aussi grand consommateur de glucose et d'oxygène, et qu'on pige qu'il l'est au maximum quand on tutoie ravins et parois rocheuses à des pointes qui peuvent atteindre 120 km/h sur des bécanes qui pèsent 7kg - et vous pigerez pourquoi des coureurs en arrivent à redouter bien plus les descentes que les ascensions... Un di Gregorio descend comme une tortue unijambiste et quand il a une bonne journée, les secondes qu'il grignote dans la grimpette sont neuf fois sur dix perdues dans la descente qui suit...
Les descendeurs d'hier et d'aujourd'hui: Nencini, Gimondi, (les Italiens ont une réputation solide), Anquetil capable de se surpasser quand il le fallait, Aimar, Merckx, Hinault, Salvodelli.
De nos jours, le Viking et Spartacus semblent dominer dans ce secteur de course. Et aujourd'hui, Hushovd a sans doute réalisé la plus belle descente de sa vie.
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L'étape du jour (13ème) Jérémy n'est pas prophète à Lourdes... il n'y eut pas de miracle.
Il faudra qu'on m'explique la "tactique" de David Moncoutié, 36 ans aux prunes quand même donc en principe avec un peu d'expérience, si elle est autre que de nuire à un autre Français d'une équipe concurrente, sans aucun espoir pour lui d'en tirer quoi que ce soit. Je serais Marc Madiot, le boss des FDJ, je dirais à mes gars : "plus aucun bon de sortie pour les COFIDIS (équipe de Mocutié), vous vous mettez à la planche et vous revenez sur toute échappée dans laquelle il y en a un, vous faites savoir au peloton que ce sera votre attitude ; bref, vous les 'blacklistez !'"
On explique la situation.
Début d'étape qui flingue de tous les côtés, et un incident signalé par Philippe Gilbert au directeur de course, JF Pescheux, qui pratique la langue de bois aussi bien que Frédéric Lefèvre quand il défend le bilan de Sarkozy : "non non, Gilbert m'a seulement demandé des explications sur le règlement" alors qu'on a très bien entendu le coureur râler parce que le Cav', décroché dans la bosse avant le sprint intermédiaire, était revenu (pour le gagner) en s'accrochant aux bagnoles. Cela dit Gilbert et son lanceur, Greipel, doivent être myopes ou illettrés parce qu'apparemment ils ont fait ce sprint... pile 1km avant la ligne.
Ensuite dans l'Aubisque ça part et parmi les clients sérieux pour la gagne du jour, on a Hushovd qui parvient à lever sa carcasse sur une montée en "gérant" (il a déjà fait des trucs de ce genre) et surtout qui est le meilleur descendeur du monde, Jérémy Roy qui sort depuis la 5ème fois depuis le début du Tour pour faire la course en tête et Moncoutié. Très vite Roy s'envole et Hushovd prend garde de ne pas se mettre dans le rouge en laissant filer. Au sommet, Roy passe avec environ 45 secondes d'avance sur Moncoutié, bon grimpeur mais descendeur médiocre et 2mn sur le Viking qui a su s'économiser pour garder toute sa lucidité avant de faire une descente d'anthologie qui le ramène à 40 secondes de Roy, Moncoutié étant parvenu à accrocher sa roue.
Certes Hushovd a une pointe de vitesse un peu émoussée, mais il est toujours un redoutable finisseur, en plus d'être un grand rouleur (deux qualités qui ne sont pas dans le registre de Moncoutié). Nous sommes dans la vallée, Roy donne tout ce qu'il a devant un viking déchainé et que fait l'autre Français, Moncoutié ? Il relaie Hushovd ! Ce faisant, s'il y avait une chance infime que Roy ne soit pas rejoint, il la tuait pour de toute manière poser Hushovd sans problème sur la ligne tant il pouvait les sécher l'un ou l'autre, l'un et l'autre. Jaja était clair et sans appel (normal : il est de mon avis) : même sans tenir compte de la solidarité nationale, la seul chance de Moncoutié était de laisser Hushovd s'épuiser seul dans la poursuite, pour avoir une chance de le sauter dans la dernière bosse avant le final, une fois que le Viking aurait été cramé. L'emmenant ainsi dans un fauteuil il lui a permis : de revenir sur Roy... de se faire sauter lui-même. Tout petit joueur, qui court pour avoir une chance de faire deux au lieu de trois, au lieu de jouer la gagne.
Joie compréhensible d'un Hushovd qui a couru de manière splendide (et croyez-moi, nonobstant le risque, sa descente a dû le carboniser autant que la montée !), larmes d'un Roy passé à 2km300 du bonheur. Mais je me répète, montrer le maillot ce n'est pas courir pour la gagne : sur ses cinq chevauchées il n'y en avait que trois qui avaient une chance d'aller au bout. S'en serait-il épargné deux, que peut être il n'aurait pas manqué de forces aujourd'hui. Maigre consolation : le maillot de meilleur grimpeur** et le trophée de la compétitivité.
** Sponsorisé, me dit-on, par les Strauss-Kahniens du PS.
Deuxième de la 13e étape du Tour de France, entre Pau et Lourdes, David Moncoutié n'a pu que constater la supériorité du vainqueur du jour, Thor Hushovd. "Face à un tel Thor Hushovd, c'était perdu d'avance, a commenté le coureur de la Cofidis au micro de France 2. On sait que c'est un redoutable finisseur. J'ai arrêté de collaborer sur la fin, puis j'ai tenté de le surprendre en pensant qu'il était cuit, mais ce n'était pas le cas. Je ne considère pas avoir mal couru et offert la victoire à Hushovd. Il y avait une victoire d'étape en jeu, et c'est pour ça que j'ai décidé de collaborer avec lui. On ne sait pas ce qui peut se passer dans le final, donc j'ai fait ce que j'avais à faire. C'était à lui d'aller chercher la victoire." (Agences)
Eh bah couillon, si c'était perdu d'avance, pourquoi as-tu roulé avec ? Masochisme, connerie ou prêté pour un rendu ?
Marc Madiot ne pouvait cacher sa déception. Le directeur sportif de la FDJ regrettait ainsi une nouvelle attaque mal payée de Jérémy Roy ce vendredi, battu sur le fil par Thor Hushovd: "On fait un bon début de Tour, mais il nous manque toujours l'essentiel: un succès d'étape. Le maillot blanc et le maillot à pois, c'est bien mais ce n'est que passager. Moi, je préfère le concret. C'est ce qui primera quand on fera le bilan à la fin du Tour." (Agences)
T'as raison, Marcot. Mais il te faut régler ça sur le pré avec les COFIDIS d'une part, et mieux tenir tes jeunes d'autre part. Sur cinq fois, Jérémy est parti trois fois pour rien. 600km d'échappée pour rien, ce sont les 30 secondes qui manquent à la 13ème étape...
Thomas Voeckler est parvenu à conserver son maillot jaune de leader ce vendredi lors de la 13e étape du Tour de France 2011 entre Pau et Lourdes. Il doit cette performance à ses équipiers d'Europcar qui ont bien maitrisé l'étape en tête du peloton. "Il fallait rester vigilant vis-à-vis des écarts de l'échappée, mais l'équipe a vraiment bien assuré aujourd'hui, soulignait-il sur France 2. Sur le papier, l'étape d'aujourd'hui était pourtant moins compliquée que la veille, mais on fait notre truc et on a vraiment bien travaillé. Pour la suite il n'y a pas vraiment de plan spécial pour garder le maillot jaune, on essaye de faire une course d'équipe, les mecs y mettent du leur et ça me fait chaud au cœur qu'ils roulent pour moi, tout le monde donne le meilleur de soi-même. Après il faut rester humbles, ne pas trop se prendre pour des champions et tout ira bien." (Agences)
benjamin
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