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On a relevé ceci, à propos de la crise grecque (et encore, depuis cette prise de position, les "agences de notation"** ont encore abaissé la note de la dette souveraine grecque à CCC, dernier échelon avant "défaut de paiement"... manière élégante de dire "faillite"). Les faits sont têtus: on impose aux Grecs qui souffrent d'hémorragie une saignée massive pour les guérir. On pille leur patrimoine en imposant un programme de privatisations qui ne peut s'opérer qu'à leur détriment (sans condamner le principe des privatisations, un enfant comprendrait que quand on est sommé de vendre à court terme, on le fait à vil prix, très en dessous de la valeur réelle des biens cédés) : L'Union européenne tout comme le FMI et la BCE ont octroyé des soutiens massifs sous forme d'aides directes, de prêts à risque, de rachat de traites "pourries" et malgré tout cela, la situation empire de jour en jour. On aurait jeté au fond d'une fosse sous-marine les dizaines de milliards investis pour "sauver la Grèce" que le résultat aurait été le même.
** à quand une agence de notation qui noterait les agences de notation, lesquelles n'ont jamais rien vu de ce qui se préparait avant une crise majeure mais qui, en revanche, en provoquent quotidiennement par leurs fatwas? Si un expert immobilier évalue votre bien vous serez d'accord ou pas, mais dans tous les cas l'immeuble sera toujours là, pas éventré, pas incendié, pas rasé. Quand une de ces "agences" sévit, ses oukases suffisent à anéantir une société ou un pays... Curieux paradoxe que ce système dans lequel la veulerie des politiques nous a entraînés!
La citation.
Certains vous objecteront qu'une sortie de la Grèce de la zone euro est de toutes façons impossible car trop coûteuse.
Je ne comprends pas le discours selon lequel il serait impossible pour la Grèce de sortir de la zone euro. J'admets que cela entrainerait des coûts organisationnels énormes et un sacré capharnaüm pendant quelque temps. Je reconnais aussi que la Grèce aurait du mal à convaincre ses créanciers de lui re-prêter immédiatement de l'argent. Mais dans le même temps, si la crise sociale est extrêmement grave, qu'a-t-elle à perdre ? Pas grand-chose. Bien au contraire, sortie de l'euro, elle peut décider de restructurer sa dette et de n'en payer que 50 %, elle peut aussi dévaluer sa devise et retrouver une compétitivité à l'export. Et si la Grèce suit ce chemin, d'autres l'emprunteront aussi.
Qui a sorti cette énormité, selon les canons du néo-libéralisme financiarisé? Un gauchiste irresponsable? Un nationaliste fétide issu des rangs de la peste brune? Non, c'est l'économiste Marc Touati et c'est un euphémisme que de dire qu'il fait parti de ces anti-européens forcenés et de ces ringards en économie dénoncés par les valets de la soumission à l'ordre financier. On ne peut pas non plus dire qu'avec Touati ce serait Chavez, voire la Corée du nord...
Les faits sont têtus. En principe, le credo du capitalisme, c'est le risque: vous jouez et des fois vous gagnez (de peu à énormément), des fois vous récupérez - bien heureux - tout ou partie de votre mise, parfois vous perdez. Mais là c'est ceinture, bretelles et parachute doré pour la finance.
Elle a investi de manière hasardeuse sur une fausse bonne idée, parce que les comptes grecs étaient manifestement truqués (par des dirigeants de droite libérale) et que les difficultés étaient scandaleusement sous-évaluées (notez que les agences de notation qui achèvent actuellement la Crèce n'ont rien vu à l'époque ce qui en dit long sur leur crédibilité), pas davantage que la technocratie bruxelloise, pas davantage que les gnomes de Francfort: tout ce petit monde qui sait de quoi il parle a qualifié une Grèce vertueuse et digne d'entrer dans la zone euro.
Quand une entreprise est en dificulté, on la met en redressement. Quand il est jugé impossible de la sauver, on la met en liquidation et les créanciers qui ont mal joué perdent leur mise. Pourquoi ce qui vaut pour une PME ou un ménage en faillite personnelle ne vaudrait pas pour un pays? Après tout c'est ce que les Islandais ont répondu aux couillons qui ont rêvé de bénéfices phramineux en "investissant" dans la banque Icesave. Elle a fait faillite... et le peuple islandais ne s'est pas considéré comme lié aux paris pris par les spéculateurs attirés par des revenus promis trop conséquents pour être honnêtes. Et loin de s'enfoncer comme la Grèce, l'Islande renoue avec la croissance.
Des compagnies aériennes ont fait faillite, de même que des constructeurs automobiles, des entreprises du secteur textile, etc. A chaque fois les investisseurs ont ramassé une gamelle (beaucoup plus grave: leurs salariés également) ainsi que les spéculateurs qui n'ont pas eu le nez de se retirer à temps. Cela vaut pour tout secteur sauf, pour les banques dont il est admis par postulat que qui a investi ou spéculé sur leur valeur doit être intégralement protégé (davantage même que les déposants, ce qui est un comble)
Certes il y aurait la solution invoquée par Touati, comme bien d'autre: "plus d'Europe, une Europe fédérale" On pourrait sacrifier trois vierges et dix taureaux sur un autel en pierre dressé à Bruxelles, pour que les Dieux exaucent ce voeu pieu. Seulement à part pour de doux rêveurs ou des cosmopolites acharnés, ce n'est qu'un songe. Une nation ne se construit que sur un grand dessein, et avec un terreau enrichi depuis des lustres. Qui peut sérieusement croire en la volonté des Bulgares de s'unir avec les Espagnols, des Polonais de faire des mamours aux Allemands, des Français de se pacser avec les Anglo-saxons, des Suédois de copiner avec les Roumains? Les faits sont têtus: hors la proximité géographique, nous n'avons rien en commun et la proximité géographique, avec le développement des moyens de communication, a de moins en moins d'importance.
Une Europe, oui. Une Europe des Nations, sur la base d'intérêts réciproques bien compris qui protège au lieu de nous jeter dans les pattes d'entités économiques et politiques qui, elles, savent fort bien se protéger. Mais cette ploutocratie envahie par la technocratie et l'idéologie néo-libérale, non. Il faut savoir prendre un chemin différent quand il est avéré qu'on s'est fourvoyé.
benjamin
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