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Rendue publique mercredi 20 juillet à Rome au dernier jour de la conférence scientifique internationale sur le sida, une publication a mis en évidence que la circoncision permet une baisse de 76% des risques d'infection par le virus chez les hommes.
Menée par l'Agence française de recherches contre le sida (ANRS), cette étude a été réalisée dans le bidonville d'Orange Farm, dans la banlieue de Johannesburg, où l'infection atteint des niveaux particulièrement élevés : à 35-39 ans, 40% des hommes non circoncis sont infectés par le VIH, et 45% des femmes.
Après une campagne intensive de promotion menée par les chercheurs, plus de 20.000 hommes sont venus se faire circoncire dans les locaux mis en place pour cette étude. Celle-ci visait à confirmer "dans le monde réel" une baisse du risque de 60% d'être infecté, établie dans des essais cliniques effectués en amont.
Une méthode de prévention efficace
Sur un échantillon d'un peu plus de 1.000 personnes, la moitié circoncises et l'autre pas, les chercheurs ont constaté qu'avec le même comportement sexuel (autant d'utilisations de préservatifs, autant de partenaires) il y avait 76% de moins d'infections dans le groupe circoncis.
Si aucun homme n'avait été circoncis dans cette communauté pendant cette période, le nombre de nouvelles infections au VIH aurait été 58% plus élevée, ont souligné les chercheurs.
"C'est la première fois qu'une étude au niveau mondial montre qu'un programme de prévention entre adultes hétérosexuels marche dans le monde réel", souligne Bertran Auvert, responsable de l’étude auprès de l’Inserm.
"Cela confirme que la circoncision masculine, bon marché et que l'on ne doit faire qu'une fois dans la vie, est une méthode de prévention efficace", a déclaré le Professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS.
Dirk Taljaard, un médecin sud-africain qui participe à l'étude, toujours en cours, a quant à lui estimé que "l'on devrait bientôt détecter une réduction de l'infection des femmes, par contre-coup". (nouvelobs.com)
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L'explication probable est sans doute d'ordre "mécanique": la présence prolongée de sécrétions intimes contaminées "au chaud" et à l'abri sous le prépuce doit favoriser la persistance d'un virus relativement fragile dès qu'il est exposé "hors conditions internes à l'organisme".
Entendons nous bien: il n'est pas question de censurer une information même si elle se révéle une mauvaise nouvelle. Il n'empêche... C'en est une, surtout que l'étude a été menée dans un pays où le négationnisme existe encore (Afrique du Sud) à ce sujet, où des "responsables" de haut niveau nient l'existence du virus ou soutiennent que la phytothérapie suffit à guérir, pays où l'usage du préservatif est encore très limité pour des questions budgétaires et culturelles.
Parce qu'on ne répétera jamais assez qu'il n'y a pas de traitement curatif. Tout au plus des traitements (les trithérapies) qui permettent de vivre avec la maladie, au prix de nombreux effets indésirables et pour un coût énorme qui rend les soins inaccessibles à la moitié de la population mondiale.
Le risque, c'est que de nombreux sujets prennent le "message" plus qu'au pied de la lettre et considèrent que la circoncision les protègera.
Et qu'en plus du nombre d'ignorants, celui des inconscients augmentera. Si le fait qu'une proportion notable d'individus voit diminuer les risques de contracter le SIDA est contrabalancé par le fait que trois ou quatre fois plus de sujets omettront de se protéger par le préservatif (hors union stable et fidèle, ou dépistage préventif) dès lors qu'ils seront circoncis, la "découverte" aura des effets pervers non mesurables, entre les hommes qui se prévaudront de leur circoncision et les femmes mal informées qui accepteront un rapport non protégé dans ce cas de figure (sans compter tous ceux qui auront des rapports juste après l'ablation du prépuce, avant que la cicatrisation ne soit consolidée. Alors là, on va tout droit à la catastrophe pour eux)
Il n'y a pas de statistique qui vaille : en cas de rapport fortuit, le seul moyen de prévention demeure le préservatif.
benjamin
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