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Le ministre de la santé, Xavier Bertrand, a déclaré, lundi 18 juillet, qu'il ne s'opposerait pas au déremboursement du Multaq, médicament contre l'arythmie cardiaque de Sanofi.
Lors de sa réunion du 22 juin, la commission de transparence de la haute Autorité de santé a estimé que le service médical rendu par ce médicament du groupe pharmaceutique Sanofi "est insuffisant pour justifier le maintien de sa prise en charge par la solidarité nationale".
"J'ai décidé de changer les règles : quand des avis seront pris par les scientifiques, le ministre sera tenu de suivre cet avis, à moins qu'il ait envie de s'y opposer avec un avis motivé", a dit le ministre sur France Inter.
Entendons-nous bien : il n'est pas question de défendre le Multaq et encore moins SANOFI, mais de signifier une incompréhension complète devant un ministre qui se couche devant des experts et les met en position de décider en lieu et place de qui détient la légitimité démocratique, l'exécutif résultant, chez nous, de la voie des urnes et étant contrôlé par une opposition susceptible de dénoncer des abus criants ou des erreurs manifestes.
Comment un ministre qui par définition n'est pas "expert" rendra-t-il un avis motivé?
On rappelera à Xavier Bertrand qui a la mémoire courte qu'Edmond Hervé a été condamné en haute cour, dans l'affaire du sang contaminé. Sa ligne de défense (sincère: c'était parfaitement exact) "je n'ai jamais fait que suivre l'avis des experts".
Que Fabius, après des années de mise au pilori (la droite s'en est donnée à coeur joie) a été innocenté parce que dès qu'il a eu connaissance du dossier et contre des avis unanimes tant des "experts" que de son voisinage politique, il a dit: "on arrête les conneries, plus de distribution de produits suspects même si on doit perdre de l'argent dans cette affaire" (il fallait écouler des stocks avant de passer à des produits préchauffés donc sécurisés, à l'intention des hémophiles). L'énarque spécialiste des questions budgétaires a eu le (bon) sens politique.
Que le scandale des farines animales (et la maladie de la vache folle) a pu se développer parce que des experts tout ce qu'il y avait de plus sérieux et compétents ont estimé contre toute logique qu'on pouvait transformer des ruminants en carnivores, anthropophages de surcroît.
Alors que Bertrand prenne une décision de déremboursement en fonction de ce qu'il croit souhaitable à la fois pour la santé et les finances publiques, c'est un débat. Qu'il se défausse sur les "experts", c'est une forfaiture. Ou alors qu'il abandonne son poste et le déclare inutile, la Santé étant uniquement gérée par une administration centrale et un collège d'experts irresponsables par nature (non soumis à la sanction du suffrage universel).
Au fait... cet argument n'est pas réversible et c'est curieux: des experts jugent indispensable le remboursement du vaccin (cher) qui protège les adolescentes contre le cancer du col de l'utérus qu'elles peuvent contracter des années plus tard. Mais là, le gouvernement ne donne pas son feu vert...
benjamin
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