Merde à la démesure, merde à J. M Ayrault
qui se prend pour un nouveau pharaon (bâtisseur devant l'Eternel).
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Toujours se méfier des "consensus" en matière politicienne: en général, ils cachent des machins vicieux et là nous en avons un, de taille puisque PS, UMP et FN soutiennent cette aberration.
Les raisons du projet, exposées par ses fans.
La "saturation" de l'aéroport actuel. Nantes-Atlantique peut accueillir au maximum 3 000 000 de passagers par an. En 2006, le trafic a augmenté de 12,2% pour atteindre 2 423 778 passagers. Si la croissance se poursuit à ce rythme, les infrastructures actuelles seront rapidement saturées.
L'aéroport Nantes Atlantique ne peut être agrandi. En effet, sa situation ne lui permet pas de s'étendre au-delà de ses capacités actuelles (nombre de pistes, superficie de l'aérogare...).
Pour des questions de sécurité, la ville ne peut être survolée davantage. S'il était possible de construire une deuxième piste, le trafic serait alors plus intense et le survol de l'agglomération nantaise deviendrait plus fréquent, notamment dans sa partie la plus peuplée... De plus, la réglementation actuelle ne permet pas d'envisager des nuisances sonores supérieures à celles d'aujourd'hui.
Développer le Grand Ouest. La construction d'un nouvel aéroport contribuera à la valorisation des régions du Grand Ouest à l'échelle européenne et internationale.
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Les objections.
D'abord, on sait à qui va profiter ce projet. Comme d'habitude à Vinci, qui obtient le beurrre, l'argent du beurre et le c.l de la crémière en prime puisque le trust empochera 153 millions de prêts des collectivités "du Grand Ouest" pour financer ce machin géré ensuite selon le principe du "partenariat public-privé" (PPP) qui coûte cher au contribuable et qui est adoré par le privé (ceinture et bretelles pour ce dernier). Pas d'avance de capital à fournir, des thunes à empocher au moment du chantier, les bénéfices de la gestion de l'équipement après, et des clauses de compensation si d'aventure ce serait un raté sur le plan économique
Ensuite, on présente comme un postulat le fait que le trafic aérien de Nantes est voué à croître de façon régulière. Dans ces conditions, pourquoi la région - commes les autres y compris Poitou-Charentes qui s'est longtemps fait tirer l'oreille à juste titre puisqu'elle était la seule à n'en tirer aucun bénéfice - ont aussi financé à hauteur de sommes énormes la ligne à grande vitesse (LGV) Paris Hendaye... qui fonctionnera sur le même modèle de PPP?
Nantes est à deux heures de train de Roissy, d'où on peut aller partout dans le monde. Deux heures, c'est le temps qu'on met pour aller à "Charlie Airport" en avion, si on prend en compte le temps d'aller à l'aéroport (très éloigné du centre ville: prévoir les aléas), l'enregistrement des bagages, les retards possibles au décollage (un TGV part quand il y a du brouillard ou du givre; un avion, non), etc. Pourquoi financer deux projets qui seront concurrents, l'aérien présentant en outre de nombreux inconvénients? Et si vraiment (ce dont je doute) il faut absolument gagner 10mn, une connexion possible existe depuis l'embranchement du Mans.
- Tout d'abord, le nouvel aéroport dézinguerait une zone sensible: des zones humides naturelles, il n'en subsiste pas assez sur le territoire pour qu'afin de satisfaire l'ego d'un notable de province désireux de laisser son empreinte bétonnière dans "sa" région, on en sacrifie une. Il y a également des terres agricoles très riches et est-ce bien opportun, vu la tendance naturelle, de bétonner toujours davantage à leur détriment?
- Deux syndicats de pilotess sont dubitatifs quant à l'argument de la sécurité et du bruit, signalant que dans ces conditions, il faudrait fermer une bonne dizaine d'aéroports en France pour être cohérents. En outre quand on déplace des couloirs, on rend des gens moins malheureux mais on impose les nuisances à d'autres, survolés et qui ne l'étaient pas auparavant. Bref, on ne fait que déplacer le problème.
- Le maintien de l'actuel aéroport suffit largement si on le réserve aux liaisons dites "transversales" et si, pour aller à Paris, on favorise le TGV qui pour un coût identique, un confort supérieur et une meilleure régularité, remplira ce service. Dans ces conditions, l'aéroport actuel se révélerait non pas sous dimensionné, mais vraisemblablemnt surdimensionné. Surtout que les autres projets de LGV mettront Nantes à court délai de bien d'autres villes que Paris.
Dans cet ordre d'idée, eut-on fermé autoritairement les lignes Paris-Lyon et Paris Strasbourg (entre autres) dès lors que des substituts ferroviaires équivalents en temps étaient à disposition, que le modèle économique aurait été infiniment plus efficace. Et pour ceux que l'absence de "concurrence libre et non faussée" fait se rouler par terre en bavant, rien n'interdit d'imaginer des partenariat entre compagnies aériennes et prestataires de services ferroviaires, les "hubs" étant desservis en partie par le rail et pas qu'avec des avions polluants, bruyants, chers et aux horaires plus aléatoires.
- En ces temps de disette budgétaire, sans pour autant comprimer l'investissement public qui sert aussi à soutenir l'économie et à limiter la dégradation de l'emploi, il y a d'autres priorités. Les dizaines de milliers d'usagers des TER de la région des Pays de Loire, les lycéens, les acteurs de la vie économique (liste non exhaustive), sont sans aucun doute à prendre davantage en considération que quelques snobinards d'homme d'affaires qui dérogeraient aux usages de leur caste en montant de temps à autre dans un TGV entre Paris et Nantes plutôt que dans un avion. Si Ayrault a tant de considération pour eux, qu'il négocie avec les transporteurs pour leur proposer une "super première classe" où ils pourront frimer comme ça se fait sur le Shuttle (mais à leurs frais! prix en conséquence!)
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Il ne s'agit pas là d'une lutte politicienne, d'un combat contre un pachyderme socialiste échoué sur un banc de l'estuaire de la Loire (et à ce compte, l'ultimatum des Verts m'inquiète un peu: "pas d'accord programmatique si cet projet est maintenu", je crains que ça ne se transforme en "on reverra ça si on a quelques sénateurs en plus").
Il s'agit d'un combat pour faire triompher le simple bon sens. La création d'un aéroport international si près de Paris en même temps qu'un sillon LGV est aberrante. Et "c'est nous qu'on paye" cette connerie vertigineuse.
Ne pas lâcher l'affaire! Surtout pas! En faire un nouveau Larzac, sauf que le motif est là encore plus évident.
benjamin
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