____________________________
Se référer à la base à la note parue chez A(c)Tu à laquelle je ne souscris pas intégralement (ce serait assez rare pour être signalé) mais qui est un très bon point de départ. Lagarde et les couillus
De même qu'à cette information de la presse en ligne.
Voilà le principal commentaire que j'ai posté chez A(c)Tu (très légèrement remanié quant à la forme... pas du tout quant au fond)
C'est banal, mais il faut rappeler que Lagarde est présumée innocente jusqu’à ce qu’elle soit déclarée coupable.
Dans ce qui lui est reproché il y a aussi l’acceptation de l’éventualité de porter le préjudice moral à 45 millions d’euros, ce qui donne le vertige.
Pour mémoire, Patrick Dils condamné à tort et à perpét’ pour l'assassinat de deux enfants, qui a fait des années de taule en prison pendant lesquelles il a été violé, a reçu 600.000 euros. Si le jugement Tapie fait jurisprudence, il va sérieusement falloir envisager de relever le montant alloué aux indemnisations.
Ne nous en prenons pas à Lagarde in fine, mais au système".
Pour les uns, comparution immédiate et jugement en 20mn emballé c’est pesé, y compris l’interrogatoire d’identité, l’énoncé des faits, le réquisitoire et la plaidoirie; pour les autres, en gros, ‘une enquête pour savoir si on a assez d’éléments pour déclencher une enquête visant à ouvrir une instruction, laquelle débouchera (peut être) sur un procès devant une CJR seule habilitée à juger les ministres’.
Je sais, ce n’est pas le même genre de délits, mais entre les deux procédures on pourrait peut être trouver un moyen terme, non?
Pour les faux et usage de faux, trafics d’influence, corruption et toute cette sorte de choses, on se demande pourquoi le régime lambda de la correctionnelle ne serait pas le bon (NB: et puisqu’on veut absolument mettre des jurés populaires dans les correctionnelles, ce qui est une belle connerie, là ça me semble indiqué)
Pasqua va être jugé pour la énième fois (on ne peut même plus compter) devant la CJR ou pour la énième fois il écopera d’un minimum même pas appliqué, et les PDG qui sont accusés dans la même affaire que lui iront sur les bancs d'une Correctionnelle. Bizarre, non?
Pour ce qui relèverait de fautes graves susceptibles d’avoir été commises sans que le ministre, son parti ou des copains du ministre en aient tiré bénéfice, là oui la CJR me parait indiquée (exemple: affaire du sang contaminé)
_________________
Ce postulat comme quoi "ce genre d’affaires prendra de toute manière des années…" Peut être faudra-t-il cesser d’en faire un postulat! Tout en rejetant 95% de la procédure anglo-saxonne, je constate que là-bas on arrive à des conclusions certes pas en 48h, mais en quelques mois, y compris quand on doit démonter des pyramides financières d’une extrême complexité. (affaire Madoff)
Ces délais (en gros: dix ans chez nous) ça permet selon les circonstances de faire oublier l'affaire ou de laisser mijoter un adversaire politique sur le feu et le ‘tuer’: Fabius n'est peut être ‘pas sympa’: mais une tête froide qui connaissait un peu le dossier savait que dans le drame du sang contaminé, il n'était coupable de rien et il ne s'est jamais remis de cette affaire. Un présidentiable a définitivement été écarté de la cour des très grands. On a sabré le champagne tant au RPR qu’au PS.
* (contrairement à certains de ses ministres qui ont commis des fautes lourdes mais sans intention de ‘se remplir les poches’)
D’autres (il n’est pas passé en CJR mais il a été jugé comme élu et responsable de parti) comme Juppé emploient tous les moyens dilatoires pour retarder l’échéance du jugement (là encore, dix ans environ) pour finalement nous dire en gros: "est ce que ça vaut bien la peine de juger de si vieilles affaires" ? quand ils arrivent au terme de l'échéance. A noter qu’il a fait un mauvais calcul, parce que sa condamnation est intervenue à un très mauvais moment de sa carrière: eut-il été jugé deux ans après les faits qu’en se faisant oublier quelques temps (ça marche: le voilà ministre d’état) il était dans le coup pour être premier ministre entre 2002 et 2007 voire pour la présidentielle de 2007.
Et de toute façon la CJR, comme la quasi totalité des juridictions d’exceptions qui voient des pairs juger leurs pairs (y siègent des politiques et des magistrats de très haut niveau qui, pour en arriver là, ont prouvé qu’ils avaient l’échine souple et le ‘sens des responsabilités’ vis à vis de l’autorité*), fait toujours preuve d’une étonnante mansuétude, très œcuménique d’ailleurs. On n’est pas entre cannibales, on ne se bouffe pas entre soi.
* le fait que le procureur près la cour de cassation qui a "instruit la préinstruction" était à quelques mois de sa retraite (ça y est c’est fait) et nommé avant l’arrivée de Sarkozy a peut être joué…
______________________
Sinon, j’avoue avoir rigolé devant le numéro des ‘baveux’ de Lagarde.
"formidable! une instruction est diligentée! cela permettra de lever tous les doutes et de prouver sa totale absence de responsabilité en cette affaire"
(numéro qui n’a rien d’original: c’est celui de tous les politiques mis en examen… et pas que les politiques d’ailleurs: pas mal de PDG font le même topo)
Parce que si c’est génial, pourquoi ont-ils multiplié les arguments dilatoires pour que cette instruction ne soit pas ouverte? Pourquoi ne l’ont-il pas réclamée expressément? C’est ça qui aurait eu de la gueule!
______________________
Enfin coup de gueule contre certains commentaires machistes vis à vis de Lagarde présentée comme une poupée de chiffons dans les mains du ‘méchant Sarkozy lui donnant des ordres’
Parce que dans ces gouvernements Fillon successifs, si quelqu'un était indépendante, c’était bien Lagarde, qui dirigeait un des plus gros cabinets d’avocats d’affaire du monde et à ce titre:
- avait au moins autant de puissance qu’un ministre tant elle influait sur des fusions acquisitions ou des stratégie d’entreprises énormes tout comme… d’Etats clients.
- gagnait sans doute de dix fois plus que ce qu’elle palpait à Bercy et avait sans doute déjà accumulé un patrimoine la faisant très bien vivre.
- avait la certitude de retrouver un job équivalent au précédent si elle quittait le navire ou si on la débarquait.
- ne devait rien au monde politique, à Sarkozy.
Alors ses décisions (sans se pencher sur le fait qu’elles étaient erronées ou non, entachées de malhonnêteté ou non: la justice tranchera), elle les a sans nul doute prises en toute indépendance.
Parce qu’aucun ministre ne pouvait plus facilement qu’elle dire à Sarkozy (discrètement, sans éclat): "Monsieur le Président, je ne signerai pas ce protocole. Quittons-nous bons amis, rendez-moi ma liberté" et elle revenait à son cabinet ou se voyait propulsée à la tête d’une très grand entreprise.
Et si d’aventure Sarkozy avait tenu absolument à un arbitrage qui avait toute les chances de favoriser Tapie, nul doute que parmi les politiques professionnels, il aurait trouvé un porte plume (quitte à… rappeler Lagarde un an après)
Après tout, quand Mitterrand a voulu sortir le franc du SME, Mauroy a refusé net, sans éclat. Mitterrand pouvait sans problème s’en débarrasser (les candidats à Matignon ne manquaient pas) ou céder à Mauroy (ce qu’il a fait… à tort selon moi mais on est HS)
Et pourtant Mauroy n’était QUE politique. Lui, à se "griller", risquait plus gros qu'une Lagarde dont la vie est ailleurs.
benjamin
Les commentaires récents