Rien n'est pire qu'un mensonge d'état quand on est contraint de faire marche arrière.
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Les algues vertes bretonnes?
Elles prolifèrent depuis des décennies, surtout dans les Côtes d'Armor.
Leur origine? L'élevage intensif des porcs, avec épandage du lisier (en lieu et place de traitement) qui favorise la pollution par les nitrates - ces derniers permettant aux algues vertes de s'accumuler en quantités monstrueuses.
Les "ulves" ne sont pas toxiques: certaines sont même comestibles (on en fait de bonnes salades). Le problème se pose lorsque des centaines de tonnes se décomposent sur une plage ou au fond d'une baie, dégageant une puanteur abominable et de l'hydrogène sulfurée. L'année dernière, deux humains et un cheval furent victime d'asphyxie mortelle.
Que fait-on?
On les ramasse sur les plages avant qu'arrivent les touristes, pour les mettre en décharge (aux frais des communes). C'est coûteux et ça ne règle pas le problème (parfois, en une marée, une plage nettoyée la veille se retrouve couverte d'un limon verdâtre et puant).
Le problème fut soulevé lors du fameux "Grenelle de l'environnement": on allait voir ce qu'on allait voir, entre une réduction à la source de l'émission de nitrates, une filière de traitement de ces algues pour en faire une richesse et pas une nuisance (par le biais d'hypothétiques méthaneries: remède pire que le mal). La Bretagne retrouverait ses rivages aussi vierges qu'une Bigoudenne débarquant en gare Montparnasse au début du XXe siècle.
Des gens furent aussi naïfs que la Bigoudenne en question... (qui perdait son pucelage au bout d'une semaine par les bons soins d'un Julot casse-croûte ou du fils boutonneux de la maison où elle était bonniche) et crurent à ces promesses: il y a encore des gens pour croire en Borloo ou en Sarkozy comme d'aucuns font toujours des affaires avec Tapie; ça m'étonnera toujours.
Et virage à 180°: l'écologie, ça commence à bien faire!
Mise en sommeil du plan méthanisation des algues (moindre mal), plafonnement des aides de l'état pour le nettoiement des plages (normal: la Bretagne vote majoritairement pour l'opposition) et... permission discrètement accordée par le ministère de l'Agriculture pour accroître considérablement les surfaces d'épandage de lisier, donc décupler le problème. L'agriculteur, ça ne vote encore pas trop mal, donc pelotons-le - quitte à faire crever une région.
Là dessus des dizaines de sangliers et quelques ragondins meurent sur les plages. Impossible d'accuser les Musulmans ou les Roms, donc on se lance dans le négationnisme: "les algues vertes ne sont pas responsables", décrète la préfecture des Côtes d'Armor qui parle "d'empoisonnement". Obligé, le Préfet: Sarkozy l'avait dit! Du Lyssenko ressuscité... (les sangliers gisaient sur le rivage, couvertes de limon).
Rétention de rapports d'autopsies et d'anayses toxicologiques des jours durant, y compris au niveau ministériel, négation de l'évidence (Kocsciusco-Morizet qui, pour UMP qu'elle soit, n'est pas adepte de la langue de bois a dû pleurer de rage, d'être sommée de couvrir une telle ineptie) jusqu'à ce que des scientifiques se fâchent et exigent leur publication intégrale avant, sans doute, de transmettre le tout au Canard enchaîné en cas de refus.
Alors on recule, pied à pied : la piste des algues vertes se confirme
(un peu comme un flic qui, devant un cadavre atteint de douze balles tirés dans le dos, après avoir évoqué le suicide, finirait par concéder la possibilité d'un meurtre)
Et enfin... la ministre se résoud à interdire la promenade sur les plages, là où les algues ne peuvent être ramassées (plus de trois semaines après les faits. Heureusement, on n'a pas eu entre temps un groupe de gamins asphyxiés)
Entendons-nous. Il faut être réaliste et certains ayatollahs verts qui réclament ni plus ni moins que l'arrêt de l'élevage porcin en Bretagne prennent leurs aises avec l'emploi et les investissements faits par des agriculteurs sur la corde raide, coincés entre les coûts, les traites et les prix d'achats toujours plus bas.
La filère porcine bretonne est une monstruosité. Mais elle résulte de décennies d'erreurs collectives. Il faudra donc longtemps pour sortir de la situation actuelle sans casse sociale majeure. Cette idée est dure à admettre (d'autant plus que certains éleveurs ont un comportement mafieux: il ne fait pas bon s'attaquer à eux, sur place: menaces et voies de fait s'accumulent contre vous et ça ne rend pas la corporation sympathique) mais elle relève de l'évidence.
Seulement un état qui pratique un tel négationnisme se met de lui même dans une situation impossible. Quel rôle peut-il prétendre jouer, ensuite, pour infléchir le cours des choses dans quelque sens que ce soit?
benjamin
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