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Lire la première partie (si ce n'est déjà fait)
Et c'est comme cela que des FOL (fédérations des oeuvres laïques) organisent des classes transplantées avec les instituteurs des gamins (qui les auront sur le dos à temps quasiment complet et pour cela auront dû chambouler leur propre vie de famille), quelques animateurs sous-payés et, pour l'encadrement, des retraités chenus qui assurent la coordination générale, la tenue de l'infirmerie, l'intendance, bénévolement (ou avec une indemnité symbolique), "managés" par des "collègues" ("je suis un enseignant comme vous, je ne l'oublie pas") venus en avion puis voiture de location inspecter le centre d'hébergement en insistant avant tout sur "les coûts à maîtriser", qui ne dorment même pas dans le centre où il y a une chambre de passage mais dans un hôtel voisin - et je vous certifie que ce n'est pas un Formule 1, ni même un Campanile! Collègues qui, quand on évoque la modicité des indemnités d'accompagnement (pour les enseignants) ou du salaire des animateurs les économies de bouts de chandelles sur le budget "activités" vous balancent la sauce sur la militance en faveur de l'enfance! (il y en a au moins deux qui se reconnaîtront...)
Revenons à la contestation dont il est fait état ci-dessus.
Le "contrat d'engagement éducatif" (CEE) est un statut dérogatoire proposé aux moniteurs et directeurs de colonies de vacances et centres de loisirs (qui permet de leur imposer un temps de travail et d'astreinte énorme et de les payer des clopinettes).
Le CEE se situe entre travail salarié et engagement citoyen. Il concerne quelque 500 000 jeunes et se limite à 80 jours par an. Créé en 2006, ce contrat de travail, qui figure dans le code de l'action sociale et des familles et non dans celui du travail, peut être proposé par des collectivités, des associations mais aussi des entreprises privées si elles proposent un accueil collectif de mineur (ACM) à caractère éducatif.
La CJUE a jugé que ce contrat n'était pas conforme à la législation européenne car il ne prévoit pas de "période minimale de repos journalier" ni de temps de repos compensateur.
L'association Solidaires Isère l'a contesté devant le Conseil d'Etat sur plusieurs points, dont l'obligation du temps de repos journalier (11 heures). Pour Solidaires Isère, le CEE est "un vrai scandale", "exploitant de manière éhontée les jeunes 24 heures sur 24". "Sous couvert de bénévolat, les jeunes qui encadrent les colonies sont bien des travailleurs", insiste Jacques Dechoz, en appelant à des négociations sur l'emploi éducatif. Je ne connais pas Solidaires Isère et je n'ai rien à battre de cette organisation, mais...
Qui peut sérieusement s'élever contre une modification de dispositions hors code du travail, qui permettraient à un jeune en charge de lourdes responsabilités qui plus est dans un environnement... tonique, on va dire, de bénéficier d'un temps de repos de 11 heures sur 24, qu'il utilisera comme bon lui semblera entre sommeil et détente?
"En face", la riposte ne tarde pas.
C'est une démarche "volontaire et citoyenne" qui "n'est pas un métier et ne peut pas en être [un]", rétorque de son côté la Ligue de l'enseignement, qui plaide pour un "engagement volontaire occasionnel" et met en garde contre un renchérissement des coûts des colonies de vacances.
Le coup de la nourrice qui se sert à pleines mains dans le plat, rafle les meilleurs morceaux et les bouffe devant tout le monde, en se justifiant: "c'est pour le bébé, c'est pour le bébé! ainsi mon lait sera plus riche!"
Chiche! Que les dirigeants de la Ligue pour l'Enseignement bossent 80 jours pleins à raison de 14 heures quotidiennes, en présence d'enfants, pour quasiment rien. Qu'ils communiquent sur les frais de fonctionnement généraux de leur structure (par rapport à ceux d'une banale colo). On causera après.
Quant à la démarche volontaire et citoyenne, c'est du foutage de gueule pur et simple. L'immense majorité des animateurs fait ce job pour gagner un tout petit peu d'argent en respirant quand même un bol d'air, (et ce manque d'esprit militant qu'on nous sert à toutes les sauces ne les empêche pas, dans la plupart des cas, de très bien faire leur travail: j'ai dirigé des colos et des camps d'ados, et je me méfiais par dessus tout des "volontés sacerdotales" qui cachaient neuf fois sur dix une fragilité psychologique incompatible avec le travail demandé)
Notez qu'on fait l'impasse sur les entreprises privées qui proposent un accueil à caractère "éducatif", pompes à fric des plus rentables (il n'y a guère que les cliniques de la Générale de Santé qui doivent rapporter plus de blé): séjours thématiques à la mode du moment, facturés au minimum 1.000 euros la semaine à des parents pétés de thune qui croient compenser le manque de temps consacré à leurs mômes en dépensant un maximum, mais qui fonctionnent avec des animateurs payés une poignée de cerises.
Entreprises privées qui comme les fausses associations à but non lucratif devraient être astreintes au droit du travail commun. Que leurs animateurs aient au moins les garanties des GO. de clubs de loisirs bien connus.(ce n'est déjà pas énorme mais la progression serait considérable)
Certes, on ne mettra pas les animateurs de colos aux 35 heures. Déjà pour une raison pratique: le roulement des adultes référents serait déstabilisant pour les gamins. Ensuite parce qu'il faut savoir raison garder: on fait certes ce travail en partie pour la paye, mais il faut aussi avoir la mentalité et j'imagine mal un animateur regarder sa montre et larguer son groupe en cours d'activité parce que son temps est terminé.
Pour ma part, même quand j'étais "de repos", je jetais toujours un oeil discret à un moment de la journée sur les gamins qui m'avaient pour référent (sans me substituer au responsable du moment: nul n'est indispensable) Et quand j'accompagnais une classe transplantée, au cours de ma journée de détente, je ne serais jamais sorti faire la bringue le soir (elles étaient mémorables pourtant, mes bringues... des années après la station de Châtel doit en garder le souvenir^^) sans m'assurer qu'il n'y avait pas eu de bobo dans la journée, sans passer à l'infirmerie visiter les petits malades et dire bonsoir à toute la classe, gosse par gosse, une fois ceux-ci au lit (Et c'est ce que j'attendais de l'animatrice chargée de m'assister).
Mais entre l'esclavage actuel sous prétexte de "militance" et de "volontariat sur la base du bénévolat" et la régime normal du salariat qui serait inapplicable, il y a plus que des nuances.
Suite & fin, demain
benjamin
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