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(La note précédente, sur "la règle d'or" concernant les finances publiques)
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Il y a une infinité de raisons de ne pas tomber dans ce piège tendu par Sarkozy à son opposition (parce qu'il ne s'agit que de ça et en aucune manière de bonne gouvernance économique).
Aussi n'en citerons nous que trois.
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Tout d'abord, l'aveu même pas dissimulé que c'est une nasse dans laquelle on enfermera l'adversaire (si peu adversaire d'ailleurs: les socialistes français se sont mis dans la roue de leurs collègues et n'aspirent qu'à "bien" gérer le capitalisme spéculatif). Il suffit d'entendre les Copé and Co, réjouis, annoncer que "les socialistes ne pourront pas faire autrement", qu'ils sont "piégés." Il paraît que l'heure est grave. Alors que viennent faire ces sordides calculs politiciens en lieu et place de la recherche d'un consensus? Ce serait drôle si l'emploi n'était menacé par ces manoeuvres à la petite semaine.
Quand l'heure est grave, un homme d'état ne tend pas de pièges, il n'envoie pas ses porte-flingues: il consulte, il cherche le consensus. Rappelons, pour montrer la différence de méthode, le "traitement" de la première Guerre du Golfe par Mitterrand qui informait scrupuleusement les leaders des partis, envoyait en mission des membres de l'opposition - lesquels demeuraient opposants - pour montrer que s'il n'y avait pas union nationale, le consensus était vaste (quand en même temps on bataillait au Parlement sur le reste de la politique gouvernementale: une motion de censure contre la CSG fut rejetée de justesse)
Entrons dans la logique des agences (puisque c'est devenu la seule ambition politique). Nous sortons du spectacle de ces combats politiciens entre Obama et son Congrès, qui entraînèrent la fin du Triple A. Standard & Poors a précisé que la situation économique des USA ne s'était pas aggravée (on serait contents d'avoir leur taux de croissance), que ce qui avait motivé la décision était l'incapacité des politiciens de se mettre autour d'une table pour prendre des décisions concernant la réduction des déficits (par le biais d'une augmentation des impôts ou d'une diminution des dépenses).
Républicains et démocrates ont livré à un combat pitoyable dont leur pays fit les frais. Une semaine plus tard, Sarkozy organise le même scénario en France.
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Répéter une ânerie n'est pas la transformer en vérité. On feint d'oublier que cette règle d'or que Sarkozy voudrait inscrire solennellement - la limitation dès 2013 du déficit public à 3% du PIB... existe déjà, depuis 1992 avec leTraité de Maastricht ratifié par référendum - portée plus significative que par la voie parlementaire. Or il n'y a rien de pire que de signer des "contrats" sans les respecter et pourquoi la "règle d'or" le serait davantage que le Traité de Maastricht? (surtout qu'elle est assortie de nombre de conditionnels)... la seule conséquence étant que le hiatus entre promesses et réalisations sera flagrant - et cette fois la sanction sera immédiate et implacable.
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En outre, le passé éclaire l'avenir. L'UMP comme ses "ancêtres" (RPR-UDF) sont très mal placés pour donner des leçons de rigueur budgétaire.
(voir données ci dessous: cliquez sur l'image pour avoir une vue agrandie)
Graphique syti.net (données INSEE)
On peut ne pas apprécier François Hollande tout en reconnaissant la pertinence de son argumentation: pourquoi des contraintes pour 2013, après les élections que l'UMP n'aborde pas en position favorable? Pourquoi, s'il est sincère, Sarkozy ne s'impose pas un carcan dès maintenant, avec des objectifs intermédiaires? Pour se garder la possibilité de faire encore et plus de cadeaux électoraux à son électorat potentiel? La question mérite d'être posée, même s'il n'y aura pas de réponse.
Enfin, mais sur ce point le PS ne contredira pas l'UMP... L'avachissement veule devant des "agences de notation à qui il faut envoyer un signal fort", la délégation de la démocratie à des experts-comptables sont-ils des remèdes admissibles? On parle de soumettre les budgets nationaux à un contrôle a priori qui serait effectué par une instance technocratique qui pourrait les censurer! En excluant même les principes, on ne peut que constater que le gouvernement par les experts (ce qu'on nomme la synarchie) a toujours abouti à des catastrophes, partout où il fut institué.
benjamin borghésio
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