Toujours à propos de la règle d'or.
__________________
Pas question d'arbitrer dans cette querelle politicienne entre UMP et PS qui, sur le fond de la politique économique à mener sont d'accord sur l'essentiel. Mais quand Fillon se permet de dramatiser en demandant au PS de...
faire preuve du "sens de l'intérêt national" face à la crise de la dette et d'adopter la "règle d'or" de retour à l'équilibre budgétaire.
On a envie de lui répondre: "pas vous, pas ça!"
Parce qu'on a bonne mémoire. On se souvient d'où sort Fillon qui fut séguiniste souverainiste combattant l'Euro et se déclarant en faveur du volontarisme en économie contre la subordination à la logique financière, cela derrière son mentor qu'il soutint activement lors de sa campagne en faveur du NON à Maastricht (il est vrai que trois ans après Fillon retournait sa veste et devenait balladurien)
Ensuite, plus de la moitié de l'accroissement du déficit budgétaire actuel est dû aux mesures fiscales prises par ses gouvernements successifs sous la férule de Sarkozy, toutes en faveur des plus favorisés ou des catégories censées voter davantage majoritairement pour lui (le summum, avec la TVA restauration: coût: 2,4 milliards).
Parce que les sarkozystes de coeur ou de raison - comme Fillon - s'exonèrent des efforts qu'ils demandent à leurs possibles successeurs en reportant à 2013 l'application de la soi-disant règle d'or de retour progressif à l'équilibre budgétaire à moyen terme... après les élections: cela pour continuer de peloter l'électorat potentiel.
Enfin parce que sauter comme un cabri en criant "intérêt national!, intérêt national" c'est peu crédible - euphémisme - quand la manoeuvre fut ouvertement présentée comme un piège dont l'opposition ne pourra pas se dépêtrer (cf. les déclarations en OFF de Sarkozy, les ricanements de son compère Minc, les propos des ministres de l'économie et du budget - qui donnent l'impression d'être bien légers, soit-dit en passant, Pécresse surtout - et surtout de JF Copé, secrétaire général du parti au pouvoir qui l'a ouvertement présentée ainsi, sur le mode "chantage" (on fait grâce à l'UMP des propos de Frédéric Lefèvre: on ne tire pas sur une ambulance)
__________________________
Ca ne les rend pas plus crédibles pour autant (on préférerait le retour aux fondamentaux de gauche et on en est loin), mais il faut reconnaître que les positions des deux principaux concurrents socialistes sont d'une logique implacable: qu'au préalable l'UMP s'impose dès maintenant le carcan qu'elle veut donner aux gouvernements à venir, on causera après.
"Un message d'unité nationale est encore la meilleure des réponses aux doutes des marchés et aux craintes des investisseurs", insiste François Fillon, qui doit recevoir les responsables politiques à partir du 5 septembre pour évoquer la fameuse "règle d'or" et la crise de la dette.
Parler d'unité nationale après la manière dont la mesure a été préparée, un an après avoir défendu la position "socialistes & extrême droite... Bonnet-blanc, blanc-bonnet" lors des dernières élections, ça ne manque pas de sel. Si la réception de ces responsables politiques avait précédé l'oukase, elle aurait gagné en crédibilité à défaut d'asseoir la légitimité de la mesure. Là, on est dans la pantomine et compte tenu des désaccords flagrants et inévitables, le mieux serait que l'opposition décline l'invitation plutôt que de donner a posteriori la démonstration éclatante d'un désccord radical (la majorité des médias, au garde à vous, la stigmatisant pour cela).
"Personne n'a le droit de mentir aux Français", déclare Fillon. Tout à fait d'accord et c'est pour cela qu'il devrait d'abord faire son mea-culpa. C'est son parti, aux affaires depuis 2002, qui a mis le pays dans sa situation actuelle.
Rappelons que la soi-disant règle d'or indispensable... existe déjà. Elle est contenue dans le Traité de Maastricht qui fut (hélas!) ratifié par référendum. On ne voit pas en quoi une réédition par une voie moins solennelle (le Congrès) changerait quoi que ce soit. Les Marchés qu'il faut rassurer (qui ne le seront de toute manière jamais tant ils sont hystériques) n'ont aucune raison de croire à cette promesse virtuelle - quand ils en auraient beaucoup de s'affoler de son rejet.
Sarkozy et Fillon sont prêts à mettre leur pays dans une plus grosse panade encore, pour le plus grand bien de leurs calculs politicards. Il semble que les Français, en majorité, ne sont pas dupes.
benjamin borghésio
Les commentaires récents