Je sais: on va dire que ça tourne à l'obsession, mais le sujet me tient à coeur...
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Deux notes précédentes qui traitent du sujet.
Hystérie humanitaire et solidaire (1)
Hystérie humanitaire et solidaire (2) (dans laquelle je m'en prenais plus particulièrement à une officine que je trouvais... suspecte on va dire)
Et là, une contribution du Nouvel Observateur vient renforcer mes certitudes.
Le tourisme dans les orphelinats cambodgiens fait plus de mal que de bien
(mes commentaires sont en couleur, et en italiques)
Des visages d'anciens bénévoles tapissent les murs de la cour boueuse de l'orphelinat Acodo, au Cambodge: des centaines de photos qui témoignent du défilé grandissant de vacanciers venus soulager leur conscience, faisant parfois plus de mal que de bien à des enfants abandonnés.
Marissa Soroudi, étudiante de New York, fait partie de ces nombreux bénévoles venus enseigner l'anglais dans cet établissement de Siem Reap qui accueille 60 orphelins de 3 à 18 ans, à quelques kilomètres des célèbres temples d'Angkor.
La jeune Américaine, qui paye 50 dollars par semaine pour travailler à l'orphelinat, prévoit de rester quelques jours avant de reprendre la route. Elle sait pourtant que ce défilé d'étrangers est dur pour les enfants.
50 dollars par semaine... C'est plus qu'il n'en faudrait pour payer un professeur cambodgien qui travaillerait à demeure, offrirait un élément de stabilité aux orphelins et nourrirait sa famille. Comment peut-on être assez CONNE pour payer afin d'accomplir un acte "humanitaire", en plus sans savoir ce que deviendra cet argent?
"Il y a tellement de gens qui se portent volontaires que c'est un peu, l'un part, l'autre prend sa place", constate-t-elle. "On nous dit que c'est mieux de ne pas parler de ça avec eux. Ne pas leur dire 'je m'en vais dans une semaine', parce que ça les bouleverse".
On lui dit ça (qui est une évidence) et elle ne fait pas son sac tout de suite? Elle continue de collaborer à cette saloperie?
Les bénévoles de quelques jours ont peut-être les meilleures intentions, mais ils mettent certains enfants vulnérables en danger, préviennent les experts. "Le changement incessant de ceux qui s'occupent d'eux crée une perte affective chez des enfants déjà traumatisés", explique à l'AFP Jolanda van Westering, spécialiste de la protection de l'enfance à l'Unicef.
"Et l'exposition constante à des étrangers pose un risque de violence et d'abus, parce que nous savons que souvent les bénévoles viennent dans un orphelinat sans que leurs antécédents soient vérifiés".
Ce n'est pas "souvent"; ces antédédents ne sont JAMAIS vérifiés, que ce soit au Cambodge ou ailleurs. Dans ces conditions, un délinquant sexuel interdit de contact avec des enfants peut en toute impunité venir "faire le bien" dans un orphelinat. Même en payent 50 dollars par semaine pour ça, le rapport qualité-prix est intéressant...
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"N'y allez pas"
Dans les hôtels, cafés ou magasins de souvenirs, les grands yeux d'enfants en photo sur des affiches pour des écoles et des orphelinats les encouragent à donner temps ou argent. "Les visiteurs voient cette pauvreté et ils se sentent mal", note Ashlee Chapman, responsable de projet pour Globalteer, une organisation qui met en contact bénévoles et associations locales. "Ils veulent faire quelque chose", ajoute-t-elle. Même en passant seulement quelques heures avec les enfants et en apportant quelques jouets, ils ont "l'impression d'avoir participé".
A mesure que se développe ce tourisme humanitaire en pleine expansion, les institutions s'occupant d'enfants se multiplient.
Le nombre d'orphelinats - la plupart financés par des dons - au Cambodge a doublé ces six dernières années, selon l'UNICEF. Le pays compte aujourd'hui 269 établissements, avec quelque 12.000 pensionnaires. Le tourisme a contribué à cet essor, selon Friends International, ONG locale qui travaille avec des jeunes marginalisés.
Certains enfants de familles pauvres, même s'ils ont encore un parent, sont placés dans des orphelinats, qui sont devenus de véritables "attractions" touristiques dans des villes comme Phnom Penh et Siem Reap, constate Marie Courcel, de Friends International.
La misère fait souffrir beaucoup de gens. mais elle contribue à en faire vivre d'autres, et fort bien.
Seulement un orphelinat sur dix est financé par l'Etat, les autres doivent compter sur des donations.
A Acodo, les enfants sont mis directement à contribution pour attirer les dons, en proposant chaque soir un spectacle de danse traditionnelle khmère qui attire les touristes. "Ils doivent faire de leur mieux et ils entendent que si ce n'est pas le cas, il n'y aura pas assez d'argent pour s'occuper d'eux", s'inquiète Jolanda van Westering. "Vous pouvez imaginer l'effet que vivre dans un tel environnement précaire peut avoir sur des enfants".
Peut-on imaginer torture morale plus raffinée?
Alors son conseil aux touristes qui voudraient visiter un orphelinat est simple: "N'y allez pas". A la place, "soutenez une organisation locale qui propose des activités aux enfants dans la journée mais où les enfants rentrent chez eux le soir".
Un conseil qu'ont suivi Betsy Brittenham, décoratrice d'intérieure, et sa fille de 15 ans Alex, qui sont venues enseigner l'anglais pendant trois semaines dans un centre communautaire où les enfants retournent chaque soir dans leur famille.
Comme les bénévoles d'Acodo, l'Américaine paye pour travailler pendant ses vacances. Mais "quand vous faites du bénévolat comme ça, non seulement vous apportez votre argent mais (...) vous enseignez à leurs enfants", note-t-elle. "Cela n'a pas de prix".
Et j'ajoute un critère, essentiel à mes yeux. Un organisme qui ne demande pas de justificatif précis attestant que vous n'avez pas d'antécédents de prédation sur des enfants, que vous êtes apte à leur apporter quelque chose, est forcément très suspect.
Comme, à un degré moindre, un organisme qui vous fait payer pour "faire le bien" (informez vous sur le train de vie des dirigeants de l'association...).
Si vous êtes mal dans votre peau, allez voir un psy plutôt que de raquer dans ces conditions. C'est remboursé par la Sécu, il est payé pour ça et formé pour endurer vos névroses. Mais ne les transférez pas sur des gosses déjà mal partis dans la vie.
benjamin
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