Même si c'est sur un ton badin, primesautier
___________________________________
Le nouveau président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Arno Klarsfeld, a défendu mercredi la politique du chiffre de Claude Guéant qui entend éloigner 30.000 étrangers en 2011, s'attirant les foudres des associations.
"S'il n'y a pas de politique du chiffre, c'est-à-dire s'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz ou vers une situation...", a déclaré Arno Klarsfeld sur France Inter.
"S'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, c'est-à-dire si les préfets ne sont pas, disons, entre guillemets, emmerdés administrativement par leur hiérarchie, alors ils ne font pas le travail parce que c'est un travail qui est difficile, emmerdant, qui suscite des tracas administratifs, qui nécessite de recevoir les associations, ils se font mal voir", a-t-il insisté.
Selon M. Klarsfeld, les étrangers reconduits comme les Roms ne vont pas vers une "destination fatale". "Les Roms qui sont renvoyés, disons en Roumanie, vont vers un pays où ils sont moins heureux qu'en France, mais c'est pas pour autant qu'ils peuvent rester en France". /... (lepoint.fr)
_______________________
Comparer les reconduites à la frontières à des déportations voire à la Shoah comme le font certaines associations est aussi excessif qu'insignifiant.
Cela n'empêche pas la position de Klarsfeld d'être odieuse. On "n'emmerde pas les Préfets" comme il le dit suavement. On manie la carotte (des primes très substantielles) et le bâton (des avancements suspendus voire des mises hors cadre) qui sont la négation même de conditions permettant de prendre une décision humaine sur des cas humains.
Opportunité de dire qu'un Préfet gagne plus que correctement sa vie. Ce corps s'honorerait donc de refuser ces primes au mérite particulièrement odieuses, quand ses membres ne manquent pas de souligner qu'ils agissent à chaque fois le coeur serré, après avoir pesé le pour et le contre.
Comment peut-on appliquer des "quotas" à des décisions lourdes de conséquences sur les gens qui les subissent?
Imagine-t-on être jugé par des magistrats dont les salaires seraient majorés en fonction des amendes ou des mois de prison qu'il distribue, avec des rétrogradations s'il relaxent trop? C'est de cela qu'il s'agit parce qu'une reconduite à la frontière, c'est souvent pire que donner trois mois ferme. Si on trouve 30.000, 32.000, 35.000 personnes qui ont vocation à être reconduites sans dégât humain, qu'on le fasse. Si on n'en trouve que 25.000, qu'on s'en contente.
Mais de grâce, pas de statistiques en ce domaine, pas de quotas!
Au fait puisque Klarsfeld parle des Roms... quand nous présentera-t-on un bilan de la lutte promise contre les trafics d'êtres humains dont ils sont victimes? Quid des sanctions que l'UE est légitimée à prendre contre la Roumanie où la discrimination est toujours un sport national? Quand la France aiguillonnera-t-elle les institutions en ce sens?
benjamin borghésio
Les commentaires récents