A noter que Sarkozy n'est aparemment pour rien dans les prolongements de cette affaire: il n'a pas porté plainte. Excès de zèle de ses fans...
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Que ce soit clair: on n'agresse pas un chef d'état, même "modérément" (pas plus que quiconque, d'ailleurs).
Les explications données par l'accusé (voir ci-dessous) peuvent paraître convaincantes ou non, mais il reconnaît lui même avoir eu un comportement "inapproprié". Notons que Sarkozy qui ne cesse de vitupérer contre les magistrats-petits-pois est au final bien considéré par ces derniers: une amende, six mois de prison avec sursis pour une bousculade modérée, ce n'est pas rien. On a aussi confirmation que ces visites présidentielles ne sont que des balades dans des village-potemkine avec assistance "spontanée" triée sur le volet.
Le 30 juin, le président de la République boucle sa visite lot-et-garonnaise par le village rural de Brax. Hermann Fuster a emprunté le jardin d'une propriété privée pour déjouer les forces de l'ordre et s'est faufilé au deuxième rang de la foule triée sur le volet. Au moment où il sent la main du président lui échapper, il décide de l'empoigner pour le retenir et évoquer des questions de politique internationale. Mais des témoins ont une autre lecture et affirment qu'il avait le poing armé et qu'il a exprimé ouvertement son intention de le frapper.
Maîtrisé par les services de sécurité et placé en garde à vue à la gendarmerie, il sera jugé et condamné dès le lendemain en comparution immédiate à une peine de sursis. Le président n'a pas souhaité porter plainte.
Dans la foulée, la mairie le suspendra de ses fonctions, mais son temps de travail étant annualisé, cela prendra effet sur ses congés d'été sans impacter jusqu'ici ses revenus. Par ailleurs, une procédure administrative a été engagée et le conseil de discipline saisi fixé le 30 septembre à 10 heures au centre de gestion de la Fonction publique territoriale.
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Rayé des cadres, une mort sociale de 2 ans, sans salaire, ni indemnités. La tête d'Hermann Fuster, convoqué le 30 septembre devant le conseil de discipline, est mise à prix. Celui qui a agrippé par le col le président Nicolas Sarkozy à Brax est aujourd'hui sous la menace d'une exclusion temporaire de 24 mois réclamée par la mairie devant ce qu'elle considère sans détour comme une faute avérée.
"Je tiens à mon travail, je m'y suis toujours accroché. C'est ma vie ! Plus les liens que j'ai forgé avec les élèves, les parents, les enseignants. Je n'ai pas envie de tout perdre. Herman Fuster ne renie rien et exprime des regrets qui sonnent sincères. Il persiste et signe dans son explication des faits tels qu'il les avait énoncés à la barre du tribunal. Loin de lui l'idée d'exercer des violences, mais il admet que la façon d'interpeller le président pour lui parler de « choses personnelles » en créant un contact physique, était « une connerie » et il campe toujours sur sa position de défense. En l'exfiltrant sans ménagement de la foule, le cordon de sécurité présidentiel l'a désarçonné au point d'entraîner le chef de l'Etat avec lui.
Me Laurent Bruneau analyse la sanction à laquelle son client est exposé comme "une façon de le pousser à démissionner. Ce n'est plus la mise à mort demandée au début, mais le bagne…", résume l'avocat qui est monté hier au créneau avec le syndicat CGT des Territoriaux de la ville d'Agen pour s'insurger contre ce qu'ils considèrent comme "une double peine injuste".
"Les faits sont reconnus, il n'en est pas fier. Mais il les a commis dans le cadre de sa vie privée et en dehors du temps de travail. Il n'y a pas de faute de service. C'est choquant qu'on veuille le sanctionner professionnellement alors qu'il a toujours donné satisfaction. On lui reproche d'avoir porté atteinte à la dignité de la fonction, mais ce n'est qu'un fonctionnaire au bas de l'échelle. Le droit au travail est un droit fondamental. Sur les centaines de délits jugés chaque semaine au tribunal, les prévenus ne perdent pas leur emploi", assène Me Bruneau qui voit là la volonté de le priver de tout projet, d'amputer son avenir et de le placer dans un monde parallèle.
L'avocat de l'Agenais Hermann Fuster et la CGT dénoncent une double peine face aux 2 ans d'exclusion demandés. Ils appellent à une mobilisation le 30 septembre. Une pétition a déjà réuni 850 signataires. (la dépeche.fr)
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La faute n'est en rien imputable au service. Une sanction pénale (logique) a été demandée par le ministère public, et obtenue. Ce délit ne laisse en rien présupposer d'une inaptitude à la fonction: on n'est pas dans le cas d'un attentat à la pudeur, par exemple, qui aurait impliqué un employé au contact de mineurs.
Dans ces conditions, le maire d'Agen réalise-t-il ce qu'est, dans la conjoncture actuelle, priver quelqu'un d'emploi sans préavis et indemnité? Il y a là, je pèse mes mots, un acharnement qui confine à la barbarie car cette suspension, si elle est actée, empêchera l'employé de solliciter un emploi dans une autre collectivité quand son métier l'empêche d'espérer trouver une place ailleurs.
Un peu de mesure, d'humanité, que diable!
benjamin borghésio
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