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Très drôle, cette photo qui illutre un article superficiel de Carole Barjon et Marie Guichoux (Le Nouvel Observateur)
Le pauvre Chirac, après avoir dirigé une des cinq puissances mondiales, avoir eu le feu nucléaire à sa disposition, avoir gagné des combats politiques épiques, ne peut plus enchaîner deux pinas coladas à Saint-Tropez en regardant les jolies filles (ravies d'être admirées) en signant quelques autographes sans qu'une rombière ne vienne l'exfiltrer avec l'aide de la gendarmerie locale qu'elle réquisitionna sans état d'âme (source: le Canard enchaîné). Diminué ou pas, ne peut-on lui laisser ce genre de petits plaisirs?
Nous savons maintenant que cet homme est malade, dans l'impossibilité d'assister à son procès: il est néanmoins indispensable qu'il soit jugé (on comprendrait mal que les subordonnés écopassent sans que les responsabilités du principal accusé ne fussent mises en exergue. Pour la peine, peu importe: c'est le symbole qui compte)
En dehors de ses problèmes dus au vieillissement (mur sacré de la vie privée: la presse en fait trop à ce sujet alors qu'elle se taisait quand la question méritait d'être posée: lors de sa dernière année au pouvoir), on comprend mieux devant cet "mise sous tutelle" la saillie récente qui défraya la chronique:
- J'ai le droit de dire que je voterai Hollande!
L'important n'était pas dans la proposition subordonnée, mais dans la principale: "jai le droit de dire...". Voilà un homme dont tous les biographes assurent qu'il fut brimé par un père à la fois absent et autoritaire, une mère possessive, une belle famille qui ne cessa de lui répéter qu'il avait bénéficié d'une mésalliance, des tuteurs politiques (le couple Juillet-Garaud) qui le manipulaient tout en l'humiliant publiquement ("c'est bien la première fois qu'un cheval remercie son jockey"...), des compagnons qui lui cassaient les c... (il fut au moins autant trahi qu'il ne trahit... c'est dire. Sauf que lui, il a survécu: La différence entre les meutes et le grand fauve).
Et là, au soir de sa vie, en tout cas retraité de la politique, il ne supporte légitimement plus qu'on le garde sous tutelle. Cela plus un goût naturel pour la provocation exacerbé par la désinhibition due à la maladie font que quand on veut encore le cadrer, ça lui en touche une sans faire bouger l'autre, ou ça ne lui fait pas un deuxième trop au cul - pour reprendre deux de ses expressions favorites.
L'auteur de cette note n'est pas devenu chiraquien. Il n'a jamais voté pour lui, même pas en 2002 et il ne le regrette pas: neuf ans après et au vu de ce qui suivit, il pense avoir correctement analysé la situation. Il estime sans équivoque que Chirac doit être jugé pour les faits dont on l'accuse, fût-ce hors de sa présence si le suivi d'un long procès est incompatible avec son état de santé.
Mais il déteste les charognards qui se jettent sur la carcasse d'un vieil homme devenu inoffensif tout comme ils s'abattirent sur François Mitterrand - après avoir prudemment attendu que son supposé pouvoir de nuisance ait disparu.
benjamin borghésio
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