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Le calvaire des Africains noirs de Tripoli (le Monde)
La mauvaise passe des Africains noirs de Tripoli (le Figaro qui donne dans la litote...)
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La situation des immigrants africains inquiète l'organisation non gouvernementale, Médecins sans frontières (MSF) à Tripoli. Accusées d'être des mercenaires de Kadhafi, les immigrants sont menacés de mort et ont difficilement accès aux soins. Nombre d'entre eux souhaiteraient être évacués mais craignent de se déplacer. Selon MSF, ils seraient 1.200 dans cette situation, dans la capitale [[la plupart errent dans le désert ou quelque part sur le rivage]].
Selon MSF, un millier de ces réfugiés vivent sur une ancienne base militaire de la capitale et 200 autres se sont installés dans une ferme.
"Beaucoup souffrent d'affections respiratoires, de maladies de peau et de problèmes gastro-intestinaux", a précisé le coordinateur de MSF pour les questions médicales, le docteur Paulo Reis. "La plupart des problèmes que nous soignons sont également liés au stress, notamment des troubles du sommeil dus à la peur."
MSF ajoute que ses équipes médicales et chirurgicales aident le personnel libyen à l'hôpital central de Tripoli et à la clinique Ben Achour. Un navire chargé de plus de dix tonnes de matériel médical et logistique était attendu dans la journée de mardi dans le port de la capitale libyenne.
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Des centaines d'Africains désespérés coincés à Tripoli (Afriquemonde.org)
[Extrait] Ils sont désespérés. "On a besoin d'aide pour quitter ce lieu", lance Abdullah Kassim, 17 ans. Ici, les conditions sont "épouvantables", selon le constat de Simon Burroughs de Médecins sans frontières (MSF) à Tripoli.
Ils dorment sur des matelas de mousse à terre, mangent quand les rebelles ou des voisins libyens leurs apportent des vivres, boivent l'eau salée puisée à un puit, se lavent dans l'eau de mer où les défections viennent s'écouler, n'ont pas moyen d'être soignés correctement mis à part les traitements de base administrés par MSF.
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Photo - Tripoli, le 30 août 2011. Deux femmes, originaires d'Afrique subsaharienne, se cachent. Trouver de l'eau, de la nourriture ou se faire soigner est devenu un combat de tous les jours en raison des menaces que les Libyens font peser sur les immigrés. On signale de nombreux cas de viols.
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Pendant ce temps, "chez nous"
L'ONU et les grandes puissance ont mis au point à Paris une feuille de route pour les nouvelles autorités de Tripoli, débloquant immédiatement 15 milliards de dollars contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation. /...
"A la suite des différentes interventions autour de la table, c'est une quinzaine de milliards de dollars d'avoirs libyens dans nos pays qui sont immédiatement dégelés", a déclaré le président français Nicolas Sarkzoy à la presse, à l'issue d'une conférence des amis de la Libye organisée à Paris. "L'argent détourné par M. Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens. Nous nous sommes tous engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye aujourd'hui", a-t-il ajouté à propos d'un pactole évalué à plus de 50 milliards de dollars.
42 ans, jour pour jour, après la prise du pouvoir par Mouammar Kadhafi, et six mois après le sommet de Paris qui a été à l'origine de l'intervention militaire internationale contre le "guide" libyen, une soixantaine de pays et d'organisations s'étaient retrouvés jeudi en fin d'après-midi pour ce sommet de deux heures.
Mais l'aide financière et le soutien politique ont une contrepartie. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a demandé aux dirigeants de la "Libye nouvelle" de "combattre l'extrémisme", des doutes étant apparus concernant certains dirigeants rebelles, jugés proches des islamistes ou d'Al-Qaïda.
"Les nouvelles autorités libyennes vont devoir continuer à lutter contre l'extrémisme violent et travailler avec nous pour s'assurer que les stocks d'armes de Kadhafi ne deviennent pas une menace pour les voisins de la Libye et le monde", a-t-elle dit au cours de cette conférence.
"J'ai un message pour le peuple libyen : (...) tout est entre vos mains (celles des Libyens, ndlr) pour réaliser ce que nous avons promis : la stabilité, la paix et la réconciliation", a répondu un peu plus tard devant la presse le président du Conseil national de transition (CNT, rébellion libyenne), Moustapha Abdeljalil. "L'islam encourage au pardon. Il encourage à la réconciliation. L'Etat de droit doit être respecté", a-t-il encore affirmé.
"Les participants vont demander au CNT d'engager un processus de réconciliation et de pardon pour que les erreurs faites dans d'autres pays dans le passé nous servent de lumière", a abondé Sarkozy (source AFP)
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Cela appelle quelques réflexions. Tout d'abord à propos de ce côté paternaliste et donneur de leçons à géométrie variable, insupportable. Parce que cet argent est aux Libyens: on ne parle pas de fonds attribués mais de restitution. Ou les conditions sont réunies et on ne voit pas pourquoi tout ne serait pas rendu à l'instant, ou elles ne le sont pas et alors, pourquoi?
Ensuite "conditions pour conditions", pourquoi ne pas ajouter à la "réconciliation nationale" (de 140 à 170 tribus qui se haïssent sans compter l'hétérogénéité des ethnies du rivage) le respect élémentaire du droit des gens, fussent-ils nègres? C'est un fait que quelques mercenaires ont aidé Kadhafi (moins qu'on ne le suggère: parce que des mercenaires amateurs de causes perdues, qui courent des risques dont celui de ne pas être payé, il y en a peu). Mais pour un mercenaire il y avait dix travailleurs (la plupart du temps, dans des conditions indignes) et les Libyens à la fois asservis, réprimés, sans formation mais en contrepartie quasi rentiers (si la mafia Kadhafi s'octroyait la majeure partie de la manne pétrolière, elle distillait néanmoins le pain et les jeux), vont pour la plupart devoir s'adapter à un nouveau mode de vie: le salariat.
Nous aurait-on menti? Il furent quelques-uns à tirer la sonnette dès le début de ce combat pour la liberté, non pas pour en refuser le principe mais pour suggérer que chez les rebelles - dont un cacique servit Kadhafi avec ardeur vingt ans durant, jusqu'il y a quelques mois, dont un autre fut le juge qui condamna par deux fois les infirmières bulgares - il y avait peut être aussi des éléments troubles dont des membres d'Aqmi, d'Al Qaida? C'était infâme de le dire il y a un mois... On met les Libyens en demeure d'éradiquer ce qui n'existait pas!
Nous nous sommes fait l'écho de ces réserves ici même, dans ces notes. (1) - (2) - (3) et surtout...
Epilogue libyen? Pas si sûr! (pour cette dernière je suis obligé de constater que j'avais entièrement raison, même si j'aurais souhaité être dans l'erreur)
Sinon... une revue de presse intéressante qui donne une perception de la manière dont les Africains ont perçu cette "conférence de Paris", resucée de l'ex "Conférence de Berlin" «qui procéda au partage de l’Afrique comme un gâteau d’anniversaire» à la fin du XIXe siècle.
Lire aussi... "Dans les coulisses de la Conférence de Paris"
Les enjeux inavoués de la conférence de Paris
benjamin borghésio
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