Pas un jour ne se passe sans que des "réformes" voient le jour (traduisez: casse des services publics au profit du privé qui est aussi cher, pas plus efficace et qui exploite davantage ses salariés) au nom de la dette et des déficits. Ajoutez à cela des attaques contre la protection sociale solidaire (retraites, santé…), la suppression de jours fériés et l'augmentation des impôts même si celle-ci est masquée - sauf pour ceux qui auraient les moyens d'en payer.
Les institutions officielles, FMI, UE, agences de notations, médias… sont unanimes pour dire que les peuples vivent au-dessus de leurs moyens*, que les déficits explosent, qu'il faut rembourser la dette et rassurer les marchés financiers (sans dire comment on peut rassurer des entités hystériques par nature)
* oubliant d'ajouter que la part du PIB dévolue aux revenus du travail ne cesse de décroître au profit de ceux du capital.
C’est ainsi que sont justifiés l’appauvrissement massif des populations grecque, italienne, portugaise, espagnole, irlandaise en attendant celle du peuple français puisque les deux partis dominants: UMP et PS sont d'accord sur l'essentiel et se refusent à mettre le système en cause.
C'est de là que découlent tous les plans de rigueur préparés par l’UE et le FMI, de même que la mise sous tutelle des budgets nationaux, dans la cacophonie et l'imbécilité: on étrangle la Grèce, on la pousse à une récession de -7 ou - 8% annuels pour lui reprocher ensuite, faute d'une économie qui tourne, de ne pas avoir les moyens de rembourser une créance que chacun sait non remboursable.
De plus les prescripteurs sont ceux qui n'ont rien vu lorsque le gouvernement Karamanlis (de droite) a pratiqué la fraude massive en écritures publiques pour entrer dans la zone euro. Feriez-vous soigner votre cancer par un médecin qui ne l'a pas vu se développer des mois durant, faute d'avoir su interpréter vos examens médicaux?
Seulement il y a un "hic": les profits des grands groupes n'ont jamais été aussi obscènes (sauf, temporairement, ceux des banques: mais dans ce cas la puissance publique vole à leur secours avec empressement). Il est clair que la dette est un outil de racket.
La dette souveraine.
C'est l'addition de la dette de l’État proprement dit, de la Sécurité sociale (quand il y en a une) et des collectivités locales. Pour financer ses dépenses, ses investissements ou pour combler des déficits, l’État peut avoir recours à l’emprunt : le montant de ces emprunts constitue donc la dette publique.
Depuis des années, une politique d’endettement par le subventionnement direct ou indirect du grand capital et des mesures "d'incitation" créent mécaniquement de la dette : par exemple les dizaines de milliards annuels d’exonérations de "charges" pour les entreprises, surtout les plus grosses (le terme de "charges" est abusif: ces sommes sont redistribuées et réinjectées dans l'économie. On subventionne par exemple Renault qui en profite pour délocaliser massivement et exploiter encore davantage des salariés ailleurs, mais en parallèle les "charges" redistribuées sous forme d'allocations diverses aident les salariés à acheter des voitures: sans ressources ou dans l'angoisse, ils ne le feraient pas).
La situation en France.
La dette publique de la France augmente actuellement de 30 à 60 milliards par trimestre et dépasse actuellement 1700 milliards d'euros, soit "approximativement" 87 % du Produit Intérieur Brut (PIB). C’est une somme considérable, à ramener toutefois au rang du patrimoine global de la France qu'il soit public (ensemble de sinfrastructures) ou privé (ce que possèdent les Français): là on voit que c'est une fraction modeste de ce patrimoine.
Les sommes empruntées sont affectées d’un taux d’intérêt. Et ce sont prioritairement les intérêts de la dette qui sont remboursés, avant le capital. Donc on cavale après un horizon qui, comme tout horizon, ne cesse de reculer au fur et à mesure qu'on avance.
Pour la France, le seul remboursement des intérêts de la dette correspond à l’impôt sur le revenu (110 millions d’euros par jour) Notez que le système financier mondial que les partis "ancêtres" de l'UMP (RPR, UDF, CDS) tout comme le PS ont avalisés en y intégrant la France est tel que l'emprunteur n'est pas maître du service de la dette: désormais les intérêts sont fluctuants, livrés aux oukases des "agences de notation" qui en surgradant ou dégradant tel ou tel état, telle ou telle collectivité, font fluctuer le poids de la dette dans des proportions énormes. En gros c'est "moins tu peux payer, plus tu payes" - comme le particulier à qui on refuse un prêt classique à 5% tout en lui proposant un "renouvelable" à 20%.
Par an, cela correspond à la valeur de 250 Airbus A350 et on n'évaluera pas le nombre d’écoles, d’hôpitaux, de maisons de retraite correspondant: pour les premiers la tendance est d'en fermer. Pour les maisons de retraite, alors que les besoins sont criants, la tendance est de ne pas en ouvrir.
Entre 1980 et 2010, nous avons versé en intérêts 1142 milliards d’euros (valeur de l’euro 2006) c'est à dire que la dette a été remboursée plusieurs fois aux compagnies financières privées qui tiennent là un moyen de s’enrichir à coup sûr selon le principe "pile je gagne, face tu perds".
Pourquoi cette dérive?
Jusqu'en 1973, depuis la période ouverte par les lendemains de la seconde guerre mondiale et sous la pression des besoins populaires et du rapport des forces du moment, l’emprunt d’État s’effectuait auprès de la Banque de France (nationalisée en 1945 à 100%). Les dividendes des emprunts effectués étaient en fait reversés à l’État. Cela revenait donc à emprunter à 0%...
A noter que la Banque de France n'a jamais été en déficit, malgré ces dispositions et un statut du personnel plus que confortable... Le système fonctionnait à la perfection, il était donc urgent de le modifier!
La cassure
En 1973 la dette de la France était nulle alors que ce pays avait dû se reconsruire après les ravages de la guerre (nul ne fut plus atteint hormis l'Allemagne et l'URSS), la conduite de deux guerres coloniales ruineuses, la nécessité de s'adapter à un accroissement considérable de la population, d'intégrer 1.400.000 rapatriés, la prolongagtion de la soclarité d'une jeunesse nombreuse de 14 à 16 ans, etc.
Sous Pompidou avec Giscard à l'économie, on a rompu avec les traditions régaliennes et la politique de 1945 issue du programme du Conseil National de la Résistance (CNR)
La loi du 4 janvier 1973 interdit à l’État d’emprunter auprès de la Banque de France. Cette décision inspirée par les monopoles bancaires fait obligation à la puissance publique pour faire face à ses obligations d’emprunter sur les marchés financiers.
Ce qui est piquant, c'est que ces mêmes établissements bancaires trouvent l'essentiel de leurs fonds... auprès des banques centrales. En clair, la puissance publique leur prête (par exemple) à 3% pour qu'elles puissent la financer à 5% et encore... sous leurs conditions. On met quiconque au défi de trouver une justification morale ou relevant de l'efficacité économique à ces dispositions!
Conséquence logique... dès 1978 la dette était de 21% du PIB.
Loin donc de résulter des dépenses publiques utiles pour les populations, les causes profondes de l’existence de la dette et de son explosion résultent d'abord de cette obligation de se financer sur les marchés dans le seul but d'accroître les profits du capital financier.
A suivre
benjamin borghesio
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