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On reconnaîtra une qualité à Ivan Rioufol: jamais il ne varia, toujours de droite dure il fut, pro-occidental dans ce que l'Occident a de pire il demeura, et intellectuel totalitaire il est - en s'appuyant pour cela sur le concept sacré de "liberté d'expression".
En général, les types de ce genre sont d'anciens maoïstes comme celui que Mitterrand appelait drôlement une de mes vieilles dames: Glucksmann. Rioufol a au moins pour lui la constances dans ses idées fétides.
Autre grand bushiste devant l'éternel.
Glucksmann soutint la droite dure après que Mitterrand lui refusa
l'ambassade de France à Prague. Du maoïsme au néo-conservatisme
faute de place dans le socialisme version gamelle.
Voilà ce que commet Rioufol, dans son blog du Figaro:
11 septembre : pourquoi il faut réhabiliter Bush
Extraits.
Dix ans après le 11 septembre 2001, l'histoire est en train de donner raison à George W. Bush, toujours accablé par l'unanimisme médiatique pour avoir choisi de résister par la force à al-Qaida et à l'islamisme totalitaire, en guerre contre les démocraties et les musulmans les plus ouverts aux libertés. /...
Le Printemps arabe, porté par une aspiration démocratique et pro-occidentale de jeunes tunisiens, égyptiens, libyens, est le résultat auquel les néoconservateurs américains aspiraient quand ils disaient vouloir aider à démocratiser le monde musulman en le libérant de ses tyrans.
L'opération irakienne de 2003 a été contestable, mal menée, meurtrière. Cependant elle a dévoilé le visage odieux d'un djihad s'en prenant aux musulmans eux-mêmes. N'en déplaise aux perroquets, l'Irak a été le point de départ de cette révolution des mentalités auprès d'une jeunesse arabe parfois plus proche du rock n'roll que du Coran.
Au lendemain de l'effondrement des Tours jumelles de New York, Ben Laden avait été applaudi dans des cités françaises. Dix ans plus tard, le terroriste fondamentaliste a été tué. C'est le nom de Nicolas Sarkozy qui est salué en Libye. Le changement politique est considérable. La France n'a pas commis là-bas les erreurs des Etats-Unis en Irak. Mais le résultat est identique : un despote, Kadhafi, est tombé par la force brutale d'une coalition militaire occidentale, au nom des Droits de l'homme portés par l'Europe.
La guerre contre le totalitarisme, quand elle est menée par un idéal démocratique, est autrement plus efficace que la politique de l'apaisement prônée par le néo-munichois, toujours prêts à se soumettre et à transiger. Reste que l'idéologie islamiste n'a pas disparu pour autant, ni en Egypte, ni en Tunisie ou ailleurs. Aussi, l'erreur serait de se laisser gagner par un excès de naïveté laissant croire à l'autodissolution de l'islamisme dans la démocratie. Ceux, nombreux, qui défendent aujourd'hui cette thèse sont les mêmes qui contestaient la résistance de Bush à "l'islamo-fascisme'. Une démocratie peut vivre avec Allah, à la condition de se libérer de ses multiples interdits. Rien n'est encore gagné.
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Pour la mauvaise foi et la démarche stalinienne (torturer les faits pour qu'ils coïncident avec le "message"), difficile de faire mieux. Sauf quelques excités, nul ne nia le droit des USA de riposter après le 11 septembre (cela ne les exonère pas des millions de victimes de cette nation de la liberté en guerre une année sur trois depuis sa fondation). Ce qui fut contesté c'est la manière, et Rioufol est contraint de l'admettre.
1 - En quoi la liberté et la démocratie furent-elles rétablies en Afghanistan? Karzaï est-il autre chose qu'un fantoche corrompu arrivé au pouvoir grâce à des fraudes massives, dont la famille s'enrichit par la drogue, ne régnant (mal) que sur quelques quartiers de Kaboul, soutenu par une coalition qui a perdu les 9/10 du territoire afghan parce que désormais perçue exclusivement comme une armée d'aoccupation? Les femmes sont-elles plus libres que sous les Talibans... que les copains de Rioufol exaltait dans les années 1980 quand on les appelait étudiants en théologie et que la CIA les aidait massivement à combattre l'URSS? L'alphabétisation progresse-t-elle? Y-a-t-il une économie hors la drogue? Que dire de cette alliance entre l'OTAN et le Pakistan... alors que ses services secrets et la majeure partie des sphères de pouvoir soutiennent les Islamistes combattants?
2 - Comment justifier l'injustifiable - le "rétablissement de la liberté" - en niant les droits élémentaires à Guantanamo, entre autres? Ou nous avons affaire à des prisonniers de guerre et la Convention de Genève s'applique ou nous sommes face à des individus suspectés de crime et ils doivent bénéficier d'un procès équitable. En outre, que penser du recours à la torture? Ce que la CIA appelle pudiquement les "immersions prolongées", c'est ce que nous baptisons "supplice de la baignoire" quand la Gestapo officiait.
Prétendre exporter la démocratie en légitimant la négation de ces principes est curieux et on ne s'étonne pas que dans "les cités françaises on applaudisse" quand l'Occident sera frappé si des gamins musulmans de 15 à 20 ans sont ainsi traités alors que les pires criminels nazis eurent droit à des procès relativement équitables. Et quid de la sous-traitance de la torture quand CIA et MI6 (entre autres) "exportaient" leurs prisonniers en Libye, justement?
3 - Non, Rioufol: l'Irak ne fut jamais une base d'Al Qaida. S. Hussein fut un tyran psychopathe mais pour tenir un pays divisé entre ethnies, entre Chiites et Sunnites, etc. il veillait à maintenir le pays hors des nébuleuses islamistes. Rioufol évacue pudiquement le procédé abject de la clique de Bush: le déclenchement d'un conflit sur la base d'un mensonge (les armes de destruction massives): cela marche sur le coup mais en créant des précédents tels qu'après, il est difficile d'invoquer une parole officielle pour justifier une action, fut-elle légitime.
4 - Irak "libéré"? Un pays dans lequel les gens vivent dans la terreur permanente de la voiture piégée ou du kamikaze, où l'activité économique est réduite à néant faute d'électricité et de combustible (alors que c'est un des premiers producteurs mondiaux), où les enfants meurent d'infections banales faute de soins élémentaires, que les médecins et ingénieurs désertent pour faire des petits boulots précaires à l'étranger afin de nourrir leurs proches est-il "libéré"? N'en déplaise à Rioufol comme aux thuriféraires des "libertés formelles", les Irakiens sont presque unanimes à dire qu'au moins sous Saddam on mangeait et on vivait en sécurité à condition de ne pas faire de politique. Pour ça, on était pendu; de nos jours on est assassiné dans la rue, avec quelques dizaines d'iinnocents autour. Et l'Irak grouille maintenant d'Islamistes...
5 - Ben Laden est (semble-t-il) éliminé. Qui osera dire qu'Al Qaida est démantelée? Demandez aux Français qui travaillent au Niger (AREVA), demandez aux Algériens, aux Tchadiens, aux Irakiens (voir plus haut), etc. Et pourquoi les Occidentaux s'en sont-ils inquiétés auprès du CNT lors de la Conférence de Paris? Notons qu'apparemment la mort de Ben Laden est intervenue après la fin du recours à la torture, ce qui démontre l'inefficacité du procédé en plus de son abjection.
6 - Sarkozy applaudi? "Attendre et voir!". Les Américains ont été acclamés quand ils chassèrent les Talibans des villes afghanes, et pas spécialement rejetés quand ils entrèrent à Bagdad (malgré la barbarie avec laquelle ils menèrent cette guerre): dès que les libérateurs se sont transformés en occupants, dès que le chaos s'est installé, cela évolua et si la Libye s'enfonce dans un cauchemar à l'irakienne, ce sera pareil. En outre l'auteur ne s'émeut pas du sort des immigrés en Libye, mais ce n'est pas dans ses habitudes (surtout quand ils sont noirs).
Est-il sûr qu'on applaudit la France en Tunisie, après qu'elle ait proposé à Ben Ali son savoir-faire reconnu en matière de maintien de l'ordre par la voix d'une ministre - parmi d'autres hiérarques qui développaient leurs intérêts personnels sur place? Et s'il voit la démocratie s'installer en Egypte... Il serait bon qu'il nous prête ses lunettes.
7 - Quant aux invectives sur les "Munichois" on dira à Rioufol que tout ce qui est excessif est insignifiant (pas sûr, d'ailleurs, qu'il aurait été va-t-en guerre contre le nazisme considéré comme un rempart contre le communisme). On peut fort bien s'interroger sur les motivations d'une intervention* ou sur ses modalités sans pour autant être lâche. Rioufol fait preuve de courage version "armons nous et partez" depuis Paris, mais MSF (entre autres) dont les personnels sont dans l'action et le danger émet les plus expresses réserves.
* (ou d'une non intervention... pourquoi ne libère-t-on pas la Syrie voire l'Arabie Saoudite, pays corrompu et pas plus démocratique que ne l'était l'Irak?)
benjamin borghésio
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