Réédition de la note du 22 janvier 2011
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Lien vers la note intégrale, et le débat (bien lire les contributions des intervenants):
Bizutages, brimades et humiliations, ça continue.
Il n'y a pas plus de "bizutage gentil" que "d'agression sexuelle gentille".
Et aucun "maintien des traditions" ne justifie que perdurent des pratiques odieuses qui de plus sont punies par la loi. Un bizutage, c'est la prise en main de supposés "faibles" par des "forts", sous prétexte que les seconds sont des anciens.
Ce sont, à des degrés divers, des humiliations imposées par la force physique ou la contrainte morale, et ça ne renforce en rien la "cohésion d'un groupe"; en plus par effet d'entraînement, même si ce n'était pas prévu à l'origine, de "simples brimades amusantes" (pour les brimeurs) peuvent à tout moment dégénérer en vraies séances de tortures, en agressions sexuelles plus ou moins graves, etc. Et si d'aventure un suicide en est la conséquence, les tortureurs se verront proposer une "cellule de soutien psychologique", pour peu que l'omerta ait régné.
Quand des traditions d'un autre âge sont mauvaises, on les abolit. Point barre. Une "intégration" peut tout aussi bien se faire par une fiesta sympa, par un tournoi sportif, par un tutorat organisé dans le cadre du soutien aux études, etc.
Mais un bizuté qui aura accepté d'être "intégré" juste pour devenir quelqu'un dans le groupe, qui doit se soumettre à d'autres seulement parce qu'ils ont eu la chance d'arriver un ou deux ans avant lui dans le bahut; et en échange, de torturé, qui accèdera au stade de tortureur un peu plus tard - ça va donner quoi dans la vie?
Quand il sera DRH ou officier, comment se comportera-t-il? C'est exactement la problématique de l'enfant maltraité qui devient parent maltraitant, cela!
Quand dans un groupe on chahute (gentiment) certains éléments, ce n'est acceptable que si le chahut est aussi plaisant pour les chahutés que les chahuteurs. Et réellement aussi plaisant, sans que les chahutés ne soient contraints de feindre. Or foin d'hypocrisie, c'est très rarement le cas.
Devant ces pratiques illégales, la réponse doit être IMPLACABLE une fois la véracité des faits établie, tant sur le plan disciplinaire que sur le plan pénal. Si une victime est suffisamment traumatisée pour devoir repenser ses projets professionnels (traduction: changer de lycée pour ne pas revivre le traumatisme et fuir les représailles pour avoir "donné"), ce doit être le cas de ses tortureurs: exclusion définitive! (avant le passage au tribunal pour répondre sans la moindre indulgence des violences physiques et morales qu'ils auront infligées)
Je sais: beaucoup vont me trouver "excessif". Il se trouve que pour avoir refusé de renoncer à ma dignité (pas ma faute, on m'a élevé dans cet esprit), à me soumettre à un bizutage humiliant assorti d'un racket à peine déguisé, j'ai subi agressions et ostracisme pendant deux ans (dans un établissement censé former des futurs éducateurs!) /...
Et je recevais des confidences écoeurantes: "tu as raison, mais moi j'ose pas faire comme toi". (le fait que j'avais la tchatche et que distribuer des bourre-pifs, je savais faire, ça m'a aidé un peu. Je n'ose imaginer, si j'avais été du genre "crevette inoffensive et timide")...
Mais les bizutés étaient en écrasante majorité. Une rebellion collective aurait tout arrêté et seule la veulerie du plus grand nombre associée au respect des traditions ont empêché cette révolte. Alors oui, la lutte contre les bizutages, c'est "une de mes causes" (à noter que pour avoir refusé "la tradition", je n'ai pas été convié à adhérer à l'Amicale des anciens élèves ce qu'en l'espèce je ne souhaitais pas de toute manière. Mais il est bon de savoir que dans certains grands corps, ne pas adhérer à ces Amicales, c'est se priver d'un réseau "d'entraide" plus que conséquent)
Le Comité national contre le bizutage peut aider les élèves et les familles confrontées au problème.
Et aux familles, on ne répétera jamais que ces saloperies engendrent souvent des détresses incommensurables, aux conséquences difficilement quantifiables. Qu'elles doivent donc soutenir les enfants ou les adolescents qui en sont victimes et qui de plus vivent parfois leur état comme une faute de leur part, se sentant incapables de se socialiser. Alors si en plus, se confiant à la cellule familiale, ils entendent des "à ton âge tu dois pouvoir te débrouiller", c'est catastrophique.
benjamin borghésio.
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