Un tel enjeu mérite un vrai débat.
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Evacuons tout d'abord les arguments caricaturaux et politiciens des "pro-nucléaires" de l'UMP. Les citoyens ont droit à autre chose que des ricaments condescendants ("c'est ça, ou la bougie") ou des prévisions apocalytiques (un million d'emplois détruits, etc.)
Balayons également l'obscénité de la démarche d'EELV qui utilise une catastrophe industrielle pour faire la promotion de ses contrevérités et de ses certitudes ayatollesques. C'est la même malhonnêteté intellectuelle qui pousse Sarkozy à jouer sur la peur et la haine de l'autre après chaque fait divers sordide, et Duflot à piailler en donnant l'impression de sabrer le champagne, après la catastrophe de Fukushima.
Revenons sur cet épisode désastreux de la "négociation" entre EELV et PS, qui a ramené la classe politique aux pires combines des IIIe ou IVe Républiques, ceux qui alimentèrent les tentations populistes et bonapartistes. Les Grands Moralistes d'EELV ont réusssi le tour de force de poser comme postulat qu'un accord qui n'acterait pas la sortie du nucléaire à court terme ne serait jamais signé, quand bien même cela impliquerait une absence de députés verts à l'assemblée... juste avant de signer un contrat de législature qui maintenait bel et bien le nucléaire, "seulement" réduit à 50% de la production électrique, mais avec une garantie: celle d'obtenir au moins trente circonscriptions "gagnables" aux prochaines législatives. Les Grand Principes passent après le confort électoral de Duflot, Meirieu, Mamère, etc. Le PS avait le choix entre le courage et la veulerie: il a choisi la veulerie et quand on opte pour le déshonneur plutôt que le conflit... on a la guerre en plus du déshonneur, en étant de surcroît en mauvaise position pour gagner.
Il faut dire que du côté socialiste, tous les ingrédients étaient réunis pour que ca tangue. Une Aubry qui, au delà des apparences, n'a pas surmonté la haine qu'elle porte à Hollande, qui lui a savonné consciencieusement la planche lors de ces négociations. Faire la part trop belle à des "alliés" aussi peu mâtures qu'irresponsables qui tireront inévitablement le candidat vers le bas, et sanctionner une bonne vingtaine de députés sortants qui eurent le tort de ne pas la soutenir, ou de ne pas le faire avec assez d'enthousiasme. Nous l'avons démontré ici: Aubry vote Sarkozy.
Après ces concessions, Hollande pouvait s'attendre à ce que les Verts, repus, à défaut de le soutenir (la loyauté leur est étrangère tout comme un minimum d'habileté politique), mettraient une sourdine à leurs vociférations. C'est alors que Joly se lance dans une charge meurtrière, allant jusqu'à refuser de choisir entre son "allié" et Sarkozy avant d'opérer une marche arrière a minima deux jours plus tard: ses petits copains étaient paniqués à l'idée d'une rupture de contrat qui les priverait de leur siège au Palais Bourbon (peur assez peu fondée puisque Aubry signataire de l'accord PS-EELV n'a pas ouvert la bouche pour contrer cette foldingue).
Il est temps de plonger dans le passé de Joly avec son image très usurpée de rigueur, "plus à gauche que moi tu meurs", symbole du rejet total du nucléaire. Il y a peu de temps, elle faisait son miel dans la ruche de Bayrou qui n'est pas, loin s'en faut, une icône de la gauche et qui ne prit jamais une position fermement antinucléaire (similitude avec Aubry, "plus à gauche que Hollande" mais qui dirige Lille avec le soutien de l'UDF). Chacun a bien sûr le droit d'évoluer - mais alors on ne donne pas de leçons d'intransigeance.
Autre similitude entre Joly et Aubry: l'emploi des coups bas contre le "camarade" Hollande... Les propos tenus par les deux mégères pourraient être mis dans la bouche de Sarkozy ou le Pen.
"Gauche molle" (en privé: "couilles molles"), "Candidat du système", "du bois dont on fait les marionnettes", etc. On est très loin de l'apostrophe (qui fut une erreur: je l'ai écrit ici) de Mélenchon parlant de capitaine de pédalo dans la tempête: au moins, Mélenchon n'est pas lié par un accord avec les socialistes qui refusent de prendre langue avec le front de Gauche, qui agressent son parti à chaque élection et qui déversent des tombereaux d'injures contre lui. Ultime explication de Joly, selon elle "privée des codes parce que pas politicienne de métier". Là nous sommes en plein poujadisme, parce que la dame aux lunettes rouges est dans la politique depuis longtemps et que ses fonctions précédentes l'amenaient à la fréquenter de très près.
Après son délire sur le 14 juillet, Joly a poussé des cris d'orfraie contre Fillon coupable d'avoir ironisé sur cette dame d'origine norvégienne qui n'a pas forcément une grande connaissance de la culture française. En foi de quoi, elle se sent autorisée à tourner en dérision le spécialiste de la Corrèze quand ce dernier évoque le nucléaire. Est-ce en postulant pour le titre de Miss Norvège, est-ce comme jeune fille au pair, est-ce à l'école de la Magistrature que Joly est devenue experte en ce domaine? On veut croire que candidate, elle a travaillé ses dossier et acquis des compétences.
Dans ce cas, qu'elle ne méprise pas ses concurrents. Si la Corrèze ou l'Essonne ne valent pas davantage que la Norvège en terme de légitimité, elles ne valent certainement pas moins.
Résultat de cette pagaille, de ce panier de crabes... Une cacophonie démesurée amplifiée par un début de campagne calamiteux de Hollande qui va faire regretter Royal aux sympathisants socialistes si la barre n'est pas redressée au plus vite: une armée mexicaine constituée de soixante apparatchiks qui se tirent déjà dans les pattes; un collaborateur essentiel (Sapin) qui a fait la preuve de son incompétence dans la conduite de négociations (il représentait Hollande auprès de Aubry, face à EELV); la haine éclatante entre le candidat et la dirigeante du PS; des rancoeurs tenaces dans ce parti (mais ça, on a l'habitude) tout comme dans la secte des khmers verts.
Sarkozy aurait payé des millions pour obtenir ce résultat... Surtout si on ajoute les centaines de milliers de salariés paniqués par l'irresponsabilité des verts-roses, la récupération politicienne de ce qui aurait pu être un grand débat sur des bases claires, mais qui va démarrer sur des propositions absurdes.
1 - Parce que pour des raisons tant environnementales qu'économiques, l'ennemi absolu est le carbone (charbon, pétrole, gaz)
2 - Parce que contrairement aux délires des vendeurs de rêve, les énergies renouvelables ne représentent pas, en France, une substitution crédible dans un avenir proche et qu'en outre leurs promoteurs les plus ardents sur le plan des principes sont les mêmes qui s'opposent à leur mise en oeuvre (éoliennes barrages, etc.). Parce que les économies d'énergies qu'il faut mettre en oeuvre (concept Négawatt) ne réduiront pas la demande: dans le meilleur des cas elles la stabiliseront, surtout quand on prétend développer la voiture électrique et les transports en commun sans émission de CO2.
3 - Parce qu'on ne joue pas impunément avec le développement économique et l'emploi dans un pays ravagé par la dette et surtout par un chômage structurel énorme. C'est le plus beau cadeau que l'on puisse faire à la droite dure, xénophobe et populiste.
4 - Parce que la "synthèse molle" de Hollande - passer à 50% d'électicité produite par le nucléaire sans construire de nouveau réacteurs - conjugue ce qu'il y a de pire dans les options à retenir: ou le nucléaire est fondamentalement mauvais et on ne voit pas pourquoi on en conserverait 50% quoiqu'il en coûte, ou il demeure le palliatif le "moins pire" et dans ce cas, pourquoi limiter sa contribution? Et que deviendront les réacteurs vieillissants et non remplacés?
Ces quatre points seront développés chaque lundi à venir, dans une note spécifique.
benjamin borghésio
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