Décidément, ces gens-là nous promettent une drôle de société.
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Il y a une dizaine de jours, Patrick Besson, écrivain et collaborateur au Point commit une chronique à propos d'Eva Joly. Hilarante selon certains, pas très drôle pour d'autres (mon avis).
Eva Joly, Présidente de la République.
Zalut la Vranze ! Auchourt'hui est un krand chour : fous m'afez élue brézidente te la République vranzaise. Envin un acde intellichent te ce beuble qui a vait dant de pêdises tans son hisdoire, sans barler éfitemment te doudes les vois où il a bollué l'admosphère montiale afec tes essais nugléaires, mais auzi les lokomodives à fapeur, les hauts vournaux, les incenties de vorêt, les parbekues kanzérichênes tans les chartins te panlieue, chen basse et tes meilleures, che feux tire tes bires, tes peilleures c'édait te l'humour, parze qu'il ne vaut bas groire que l'humour z'est rézerfé aux Vranzais te souche. Donc, à la zuite te l'accitent d'afion où a béri le candidat UMB, te l'accitent te foidure où a béri le candidat BS, te l'accident d'audocar où ont béri les zept candidats zentristes, de l'accitent d'ascenzeur où a béri la candidate du FN en fizidant une zidé tifficile tu nord te Baris et te l'attaque cartiaque qui a mis un derme aux chours du candidat Vront de cauche lors d'une réunion gandradictoire afec Kristine Poudin, che me redrouve zeule en dête du bremier dour puisque la zeule touchour fifante. /...
La meute des conformistes bien pensants s'est déchainée... déjà dans le fil des commentaires qui suivirent la parution de la chronique: plus de 500 pour un non sujet dont la plupart des auteurs étaient en service commandé. Gloussements outragés de Duflot, de Mamère et de l'intéressée, qui hurlent au racisme, à la xénophobie, et toute cette sorte de choses au lieu de hausser les épaules ou de sourire. Point Godwin largement atteint et l'Express, bon camarade, se déchaine pour dézinguer le magazine concurrent.
Le même Mamère fut pourtant le premier à hurler à l'odieuse censure quand Guillon, pas toujours drôle (litote) fut viré de France-Inter par un Val qu'on a connu mieux inspiré avant qu'il ne vire sarkozyste de choc. On a le droit de traiter Aubry de pot à tabac, de se répandre sur le physique de Sarkozy, d'en faire des tonnes sur le mode lourdingue à propos des travers de Strauss-Kahn, mais surtout pas d'ironiser à propos de la sainte icone aux lunettes rouges!
Joly se fend d'un droit de réponse outragé : "xénophobie salonnarde, le retour". Tout y est dans les poncifs et... les absurdités quand elle établit un parallèle avec Valls, Dati et Yade:
/... Voyons voir... Demain, vous en prendrez-vous à M. Valls, Mme Dati ou Mme Yade, qui n'auront pas eu la chance d'être bien nés soit sur la bonne terre, soit avec les bonnes origines ? Quoi ? Ce n'est pas drôle ? Ah oui, j'oubliais : je n'ai pas votre humour, parce que je ne suis pas française de souche.
Parce que ces trois là - qui pourraient être ses enfants et ont eu de ce fait moins de temps pour apprendre notre langue que Joly - s'expriment dans un français impeccable (et il y a pire que "jeune fille au pair" pour apprendre). Nous n'évoquerons pas "l'accent" qui n'est pas une tare (encore que des cours de diction ne sont pas forcément superflus quand on en a l'opportunité, pas pour le gommer mais pour être un peu moins inaudible: simple question de politesse)
Nous parlerons de la syntaxe. Propension à mélanger l'infinitif et le subjonctif (alors que je suis en France depuis cinquante ans, je ne descends pas d'un drakkar - sic) qui fait penser que Joly surjoue sa "différence": pour intégrer l'école nationale de la magistrature, il faut passer par un concours très sélectif, avec des épreuves orales. Dans ce cas, qu'elle ne geigne pas si elle récolte ce qu'elle sème.
Cette femme transpire l'arrogance et la suffisance. Son concurrent (dont le parti a pourtant fait un cadeau en or au sien, surdimensionné) n'est selon elle qu'un petit "spécialiste de la Corrèze totalement inféodé au lobby nucléaire" quand bien entendu elle serait à la hauteur des enjeux planétaires - alors que sa conversion à l'écologie militante est des plus récentes: ayant tourné Hulot sur sa gauche pour vaincre aux "primaires" de son groupuscule, elle a réussi à faire oublier très habilement sa récente danse du ventre face à Bayrou (Oups! Qu'écris-je... C'est sans nul doute la marque d'une xénophobie viscérale qui vise tant l'Egypte que la Norvège!).
Fait-on preuve de xénophobie quand on signale que si la Corrèze ne vaut pas plus que la Norvège, elle ne vaut pas moins, surtout quand on évoque la politique française?
La mise au point sous forme de ce très laborieux droit de réponse ne suffit pas. Encore une couche quelques jours plus tard sous forme d'une vidéo surréaliste qui évoque les accents de Joly and Co, refaisant ainsi le buzz.
La France résonne de tous les accents du monde par evajoly
Pendant ce temps, le sommet de Durban censé actualiser le protocole de Kyoto s'est achevé sur un constat d'échec mal dissimulé par des déclarations lénifiantes, lesquelles renvoient à des décisions non contraignantes qui seront (peut être) actées en 2015.
Du fait de ce buzz "accentuel", la position des Verts - si tant est qu'ils en ont rendu une publique et cohérente (comment sortir vite à la fois du nucléaire et du CO2?) est inaudible. Quand on vous dit qu'ils se préoccupent de tout, sauf d'écologie...
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Conclurons avec ce que Nicolas Bedos a écrit dans Marianne a propos de cette non affaire.
Dans la famille "Si on allait dans le mur tête baissée à 140 km/h" /..; je demande les Verts. Non contents de foirer leur campagne, de se contredire entre eux et d'avoir choisi la pire candidate, ce parti de chemises ouvertes et de cerveaux cravatés vient d'ores et déjà de se rétamer aux élections de l'humour! Suite à la parution d'un article (hilarant) dans lequel mon camarade Patrick Besson moquait l'accent d'Eva Joly, voilà toute la clique gauchiste l'accusant de xénophobie. Rien que ça? Besson est l'une des plumes les plus brillantes de France. Cette teigne littéraire en vacances de convictions fait plus de bien à ses lecteurs que cette meute écologiste à l'avenir de la planète. Pourquoi Besson tape-t-il sur l'accent (à peine audible) de la candidate ratée? Parce que ça l'a fait rire. Pourquoi c'est drôle? Parce que ça m'a fait rire. On peut donc écrire n'importe quoi? Oui! Et sur scène ou à la télé, on peut dire n'importe quoi? Oui! On peut dire "nègre", "pute", "bougnoule", "bite",? J'espère bien! On peut donc être raciste et le dire publiquement? Non, Besson ne l'est pas. Pas plus que moi. Pourquoi? parce que quand je dis "sale Arabe", je suis moins raciste que lorsque Zemmour dit "bonjour". On peut rire de tout avec n'importe qui quand on n'est pas n'importe qui. Besson n'est pas n'importe qui. Relisez les romans de ce grand écrivain né d'un père juif russe et d'une mère croate, relisez notamment Mais le fleuve tuera l'homme blanc, et allez donc offrir vos nuques à la lame d'un bourreau plus crédible. Les associations antiracistes ont, paraît-il, été créées pour lutter contre le racisme, pas contre les artistes. Qu'il te fasse rire, sourire ou dégueuler, Besson fait de la littérature, avec ce que ça comporte d'outrance, de maladresse et d'imprudence. Si ces chroniques te gênent, petit prépuce de consensus, tourne donc les pages du Point et relis celles de BHL. Là, tu ne trouveras rien de "douteux", rien de "dangereux". Rien de très drôle non plus. Quant à Eva Joly, au lieu de défendre les accents de sa voix, qu'elle s'interroge plutôt sur toutes celles qu'elle fait perdre. (Nicolas Bedos)
benjamin borghésio
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